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                                                                                    prologue

    Prologue

    La première image que je vis, quand je naquis, fut le visage torturé mais pourtant aimant de ma mère, qui me disait à quel point j'étais belle. Et elle avait raison.
    La créature mi-vampire mi-humaine que j'étais eut droit à de magnifiques cheveux, épais, soyeux, couleur cuivre, comme mon père. Ça et mes grands yeux marron chocolat me valurent très vite des regards envieux, partout où j'allais.
    Dès que je fus en âge de comprendre, on m'expliqua que mon destin me poussait vers Jacob, mon frère et mon ami de toujours, un loup-garou.
    Cela m'allait bien, je me disais que si il était écrit que Jacob était mon âme soeur, c'est qu'il y avait une raison.
    Ce que je n'avais pas compris, c'est que le destin n'a pas raison du coeur... Car je n'avais tout simplement pas prévu Nathan.



      




                                             chapitre 1 

    Entrée au lycée.

    Entrée au lycée.
    "Etre ou ne pas être, telle est la question" William Shakespeare


    « Hé ho ! Tu descends, oui ? Ton petit déjeuner est prêt !
    - Oui, Be... Maman ! J'arrive ! »
    A la maison, je devais l'appeler Maman, mais à l'extérieur, il valait mieux que j'opte pour Bella, celle-ci étant d'apparence trop jeune pour être ma mère.
    Me levant, j'enfilai un jean et un t-shirt, ayant hérité de l'insouciance vestimentaire de ma mère, rejetai mes cheveux en arrière, que je n'avais pas besoin de coiffer, étant naturellement d'une beauté extraordinaire, et mis mes chaussures, tout ça en quelques centièmes de seconde.
    Je dévalai les escaliers, les survolant plus que les descendant, et entrai dans la cuisine, où m'assaillit une odeur très appétissante d'oeufs au plat.
    "Tu sais, c'est vraiment ridicule, quand te remettras-tu à manger -ou boire- de la viande ?"
    Bella n'approuvait vraiment pas ma décision de devenir vraiment végétarienne, avec la même définition que celle des humains.
    "Maman, je refuse de boire du sang, et tant pis si les légumes ne m'apportent pas l'énergie nécessaire. Je suis capable de vivre sans, alors j'en profite."
    Voyant qu'elle allait répliquer, je préférais changer de sujet.
    « Où est Papa ?
    - Il est allé faire une course. Il revient. »
    Je n'insistai pas, et commençai mes œufs.
    « Maman, tu es vraiment une super cuisinière.
    - Merci. »
    La connaissant, si elle avait pu, elle aurait rougi. Nous gardâmes le silence, puis j'entendis des pneus de voiture, et, me précipitant dehors, je découvris une BMW noire, mon père au volant.
    « Papa, tu as ENCORE acheté une voiture ?!!!
    - Oui, mais cette fois c'est différent. Elle est pour toi. »
    Je ne partageais pas l'engouement de ma famille pour les voitures, mais je fus néanmoins ravie de cette surprise, vu que je n'aurais pas à me faire conduire au lycée par mon père.
    « Mais... Ce n'est pas toi qui m'emmèneras en cours avec les autres ? »
    Edward cilla, décontenancé.
    « Tu... tu as vraiment envie de traîner ta famille derrière toi à l'école pour ton premier jour de classe ? Je pensais que tu aurais envie d'avoir ton indépendance, de pouvoir te faire des amis sans nous avoir sur le dos. Après tout, Nessie, même si ce n'est pas l'apparence que nous donnons, nous sommes tes parents, et les ados, si je puis te qualifier ainsi, aiment avoir leur vie à eux, une vie en dehors de leur famille. »
    Il ne faisait pas souvent ce genre de laïus, et, tout à mon bonheur et oubliant momentanément ma force, je lui sautais au cou.
    « Ouille, attention chérie ! protesta mon père en titubant.
    - Désolée papa, mais je suis tellement contente.
    - Mais oui, moi aussi je t'aime, s'esclaffa-t-il.
    - On part à quelle heure ? intervint Bella, ce qui me fit sursauter, ne l'ayant pas remarquée.
    - Dans une demi-heure, répondit Edward en me délaissant aussitôt, pour mieux aller embrasser sa femme. »
    J'étais chaque jour témoin de leur amour, et la nuit, ils faisaient tellement de bruit que j'avais du mal à m'endormir. Je vis Edward, se trémousser, gêné, et me rendis compte qu'il avait intercepté ma pensée.
    « Désolée, Papa.
    - Y'a pas de quoi, après tout c'est de notre faute. »
    Bella s'esclaffa, ayant compris, et un rire rauque, que je reconnus comme celui d'Emmett, nous parvint de la maison de mes grands-parents, à quelques centaines de mètres de là.
    « Bon, on se retrouve au lycée ? »
    J'ai très hâte de tester ma voiture, pensais-je, le message étant bien sûr destiné à Edward.
    « Bien sûr, vas-y ma chérie.
    - On se voit en cours, me dit ma mère, qui avait lourdement insisté auprès du lycée pour que l'on partage ensemble quelques heures, notamment les maths et l'anglais.
    - Oui, à tout à l'heure. J'vous aime. »
    Je montai dans ma voiture, tout heureuse, et détalai. Peu à peu, je vis se détacher les pourtours du lycée de Rennes, en Bretagne, en France, endroit connu pour être pour le moins... pluvieux.
    Je trouvai sans peine une place, mon cabriolet étant si voyant que nombre de gens le contemplèrent bouche bée, morts de jalousie.
    J'avais à peine franchi la porte de l'établissement qu'on m'accosta.
    « Hé, Nessie ! »
    Me retournant, je vis Jacob, qui m'enlaça et me donna un long baiser. Je savais que Jake était mon âme sœur et tout, mais cela me gênait, je protestai donc :
    « Jacob !
    - Quoi ?
    - Nous sommes dans un établissement public et des tas de gens nous dévisagent.
    - C'est parce que tu es belle et qu'ils sont jaloux.
    - Si tu le dis. »
    Je n'insistai pas, trouvant Jacob quand même un peu possessif. Il me prit par la taille et nous nous dirigeâmes vers l'entrée de la salle de maths, qu'un élève nous avait indiqué.

    chapitre 2


    Première rencontre.

    Première rencontre.
    "La prévision est difficile surtout lorsqu'elle concerne l'avenir." P. Dac.


    Ce fut sous les regards hostiles, teintés d'une admiration qu'ils s'efforçaient de cacher, que j'allais m'asseoir, talonnée de près par Jacob. Il s'installa sur la chaise à côté de la mienne, et je dus me retenir d'éclater de rire, car il était beaucoup trop grand pour cette table, ses genoux la soulevant presque.
    Mes parents et Alice arrivèrent un peu en retard, et le prof, qui était parti dans une tirade interminable sur les équations de droite, ce qui était au programme de seconde, les fusilla du regard, peu désireux d'arrêter de parler.
    Quand je vis que ma mère s'était changée et arborait à présent une jupe froufrouteuse ainsi qu'une expression peu amène, Alice, qui savait que j'avais compris, m'adressa un clin d'œil, tandis que mon père se relevait apparemment d'une crise de rire.
    Ils s'installèrent derrière moi et... eh bien, mon petit copain, et les élèves les contemplèrent assidûment, ce que je pouvais comprendre, car il était vrai que ma mère, ainsi qu'Edward et Alice, étaient tout simplement magnifiques, malgré les assertions de ma mère comme quoi j'étais plus belle encore. Etant d'un naturel peu vaniteux, je préférais l'ignorer quand elle tentait de me le faire reconnaître.
    Les cours passèrent lentement, et je m'étonnais de l'évidence de ce que l'on y apprenait et de l'incompréhension des élèves.
    Jacob ne me lâcha pas de la matinée, et ce ne fut qu'à l'heure du déjeuner que je pus souffler et jouir d'un peu de liberté, lui finissant plus tard que moi. Je retrouvais avec plaisir Jasper, Emmett et Rosalie, que j'aimais beaucoup, et ces derniers me regardèrent charger un plateau de nourriture avec une moue de dégoût, alors qu'à moi tout paraissait délicieux, malgré l'aspect peu attirant de leurs frites grisâtres.
    Je me dirigeais vers la table où déjeunait ma famille, quand mon père m'adressa un regard éloquent, me rappelant la conversation du matin même.
    Oh, merci Papa, pensais-je.
    Il me sourit. Repérant une table aux gens qui m'avaient l'air plutôt sympathiques, je pensais « Ils sont sympas ou ils font semblant ? » en direction d'Edward, qui m'adressa une moue qui voulait selon moi dire « Il faut faire le tri mais ça va ».
    Je m'arrêtai devant ces élèves, et les interpellai :
    « Je peux... ? »
    Ils me regardèrent avec une moue médusée et une blonde, dont j'appris plus tard qu'elle s'appelait Kelly, après avoir porté un regard sur ses commensaux, me demanda :
    « Et tu t'appelles ?
    - Nessie. Enfin, Renesmée. Cullen.
    - Assis-toi... Nessie, dit-elle avec une grimace amusée, ce dont je ne m'offusquais pas, mon nom pour le moins... inhabituel provoquant souvent ce genre de réaction.
    - Merci. »
    Me retrouvant assailli par des adolescents soucieux de se présenter, j'eus du mal à avoir le temps d'avaler une bouchée, y parvint néanmoins, ce geste m'arrachant une grimace.
    « Quoi ?
    - C'n'est... pas très bon.
    - On dirait que tu n'as jamais goûté à de la nourriture de self » me dit un garçon appelé Matthieu avec une expression sarcastique, puisqu'il ne se doutait pas qu'il avait raison.
    Il n'insista néanmoins pas, et certaines gens, particulièrement courageux, commencèrent à me poser des questions.
    « Alors, tu viens d'où ?
    - Des Etats-Unis.
    - Tu es anglaise ??!!!
    - Eh oui. Je parle bien français, c'est tout.
    - Et tu es de la même famille qu'eux, là-bas – on me désigna... eh, bien, ma famille - ?
    - Oui. Ce sont mes pa... cousins. »
    Cette assertion m'arracha une grimace, n'étant pas habituée parler d'eux comme ça, vu que c'était ma première année de scolarisation, où, depuis dix ans que j'avais atteint ma majorité physique, ils refusaient que j'aille mais, finissant par plaider ma cause auprès de Carlisle, ils avaient cédé il y a peu.
    « Ah bon.
    - Euh, excuse-moi...
    - OUI ??? » m'énervai-je, lassée de cet interrogatoire.
    C'était un garçon qui m'avait interpellée, dans mes âges. Il était brun et avait de grands yeux bleu nuit.
    « Pardon, je ne voulais pas te déranger. C'est juste que... rien. »
    Puis il partit, me laissant dans l'incompréhension la plus totale. Que me voulait-il, enfin ? Regardant au fond de la cafétéria, je remarquai que la table des Cullen était vide, ce dont je fus fort déçue, mon père ne pourrant donc guère éclaircir ce mystère.
    Voyant que les autres commençaient à s'en aller, je me levai, puis, me rangeant dans la queue, me débarrassai prestement de mon plateau et restai avec les autres jusqu'à la sonnerie, pour aller en cours d'anglais.
    Edward et Bella s'étant installés au fond de la salle pour se regarder avec des airs plein de sous-entendus (!), je gagnai ma place, auprès d'un garçon boutonneux aux cheveux gras, qui me fixa lourdement, ce qui eut le malheur de distraire mon père, le fit grogner et me fit penser « Non Papa, je ne préfère pas savoir les fantasmes au goût douteux de ce mec, tu éviteras le compte-rendu s'il te plaît. » Edward sourit.
    Je savais, sans trop en tenir compte, que j'étais attirante, et mon père, qui, ayant le don d'intercepter les pensées des gens, se montrait souvent trop protecteur envers moi, ainsi qu'envers ma mère, ce qui agaçait prodigieusement cette dernière.
    Je remis une boucle cuivrée en place, derrière mon épaule, et tentait de suivre l'ennuyeux cours d'anglais, tout en évitant de trop penser au regard pervers du mec à côté de moi.
    Plus tard, je devais retrouver Jacob au parc : il voulait me dire quelque chose. Ne sachant pas quoi, j'appréhendais énormément cette rencontre.
    Et je ne me rendais pas encore compte d'à quel point Jacob m'aimait.
    Je crois.


    chapitre 3

    Souvenirs

    Souvenirs

    "Rien n'est plus agaçant que de ne pas se rappeler ce dont on ne parvient pas à se souvenir et rien n'est plus énervant que de se souvenir de ce qu'on voudrait parvenir à oublier.” Pierre Dac


    Kelly étant avec moi en cours de français, j'en fis ma voisine et nous sympathisâmes très vite, vu que je la trouvais très gentille.
    Plus tard, quand je vis Jasper et Edward à l'intercours, ils validèrent mon jugement.
    Les cours passèrent lentement, et ce que je refusais d'admettre, malgré les avertissements de mes « cousins », s'insinua, puis finit par se graver dans mon esprit à l'intelligence plutôt hors norme : le lycée, c'est ennuyeux.
    Dès que j'arrivai à cette conclusion, mon père sourit.
    « Mais je veux quand même continuer les cours, Papa. Je sais que tu trouves ça inutile et que tu considères que c'est un purgatoire, mais il faudra que tu t'y fasses si tu veux garder un œil sur moi. Et en plus, la tua cantante (cf. Tentation, n.d.a.) n'est pas dans l'établissement, donc tu n'as pas à fournir d'effort démesuré. » pensais-je.
    Il fit la moue, une moue résignée, amusée et triste à la fois.
    « Désolée. »
    Edward haussa les épaules.
    « Mademoiselle Cullen, auriez-vous l'obligeance de vous retourner !!??
    - Excusez-moi monsieur, dis-je avec un grand sourire qui donna apparemment le tournis au professeur et fit mon père froncer les sourcils en direction de ce dernier.
    « Arrête Papa. Il ne peut pas retenir ce qu'il pense, tu sais. »
    Edward était aussi protecteur avec moi, autant qu'il l'avait été avec ma mère, durant tout le temps où elle fut humaine.
    J'eus un soupir en pensant à l'humanité de Bella, car c'est moi, ou plutôt à cause de moi, qu'on avait déclenché sa vampirisation.
    Je me souviens, même des instants où je n'étais qu'un foetus...
    Ma mère qui bouge, moi qui me tord pour retrouver une position confortable, mon pied heurtant sa colonne vertébrale, les cris, le visage de mon père, celui de Bella, couvert de sang et de larmes, mon premier réflexe ayant été de la mordre, son hurlement de douleur, puis plus rien.
    Le goût du sang humain dans un biberon métallique, de la bouillie blanche, que j'appris plus tard être de la purée pour bébé, dans une assiette, ma grimace de dégoût, ma famille...
    Quelques jours plus tard, ma mère, magnifique, pâle, vampirique, qui déchire sa robe de soie bleue pour mieux sauter la rivière, puis qui vient me voir, personne ne veut me donner à elle, pourquoi ? elle finit par me prendre dans ses bras, quand je lui évoque le goût du sang humain, on me l'enlève, je veux ma maman ! avais-je envie de hurler, ensuite je retrouvai les bras aimants et froids de Bella, puis, plus tard je connus mon pépé Charlie, ma grand-mère ? on m'expliqua que je n'avais pas le droit de la voir, nous sommes des vampires, ma chérie, qu'on me dit, Renée ne peut pas connaître notre secret.
    Un jour je lâchai à Charlie « Pépé, si nous sommes des vampires, pourquoi tu peux nous voir et pas grand-mère ? ».
    Je me souviens... Son visage passant au violet, puis au mauve, son cri, un cri étonné et outré à la fois, il me lâche, va vers ma mère et lui hurle « Tu... Vous... Elle... Quoi ??? », Bella qui répond « Pardon, Papa. ».
    Puis ils s'en vont, on me laisse seule, des éclats de voix qui viennent de la salle à manger, des chuchotements, puis mon grand-père qui sort de la pièce, un air ahuri sur le visage, il m'embrasse, me dit « A demain, Nessie ».
    Puis la vie a continué, comme avant, interrompu quelquefois par des coups de fil qui, selon ma mère, proviennent de Renée.
    Charlie vient nous voir au moins une fois par mois, il doit prendre l'avion, mais il dit « Je vous aime, vous valez le déplacement » quand on veut lui rembourser les billets.
    Les professeurs durent me rappeler plusieurs fois à l'ordre, ce jour-là, mais tous ce rendirent vite compte que mes connaissances en la matière qu'ils enseignait dépassait de loin les leurs.
    Le fil de mon existence continua de se défiler...
    Mes sept ans, mon anniversaire, un miroir, mon reflet, ce que je serais pour l'éternité. Un énorme gâteau, que j'ai mangé à moi seule, des vêtements, des tas de vêtements griffés, un soupir de ma mère « Cette Alice... », une objection « Au moins, elle pourra les porter plus longtemps qu'un ou deux jours... », qui ? Alice, bien sûr.
    Mes dix ans « Papa, Maman, est-ce que je peux aller au lycée », un beuglement « Hors de question !!!! ».
    Plus tard, Jacob, qui m'explique ce qu'est l'imprégnation, moi qui l'embrasse, toute heureuse, Jacob, mon âme sœur ? parfait !
    Mes 12 ans, un coup de fil, le clan des Amazones, éliminé, plus tard, on apprendra aussi la mort de Nahuel, des larmes, pas lui, non, pas lui. Le seul représentant de mon espèce si particulière, ses sœurs ayant été tuées cruellement par les Volturis je suis seule maintenant, c'est ça ?
    Et tandis que je repassais sous toutes les coutures ma tapisserie, bien rangée chez les Parques, je n'imaginais pas que cette question pouvait être répondue par l'affirmative.
    Je savais qu'il y avaient d'autres mi-vampires, mi-humains, mais où ?
    Et je ne serais heureuse que lorsque je le saurais.
    J'en étais sûre.
    Et si j'avais tort ?


    chapitre 4


    La question

    La question
    "La réponse dépend beaucoup de celui qui pose la question. Il ne faut jamais hésiter à mentir, à dire un peu n'importe quoi quand la question ne vous plaît pas." Michel Houellebecq


    Puis le soir vint, je me frayai un chemin entre les badauds pour accéder à la sortie du lycée, ma mère me rattrapa :
    « Hé, ma chérie !
    - Oui, Ma... Bella ?
    - Ben, je voulais juste savoir comme s'était passée ta première journée, trésor. Tu t'es fait des amies ? Bon sang, on dirait mon père quand je me suis installée à Forks. Mais maintenant que je suis maman, je comprends mieux ses motivations, tu vois ?
    - Bien sûr. Donc, ma première journée... »
    Nous étions arrivées devant ma voiture.
    « Très bien, je me suis fait quelques copains, mais tu sais, quand on est... comme moi, il est difficile de ne pas passer pour une crâneuse.
    - Quoi, comme toi ?
    - Eh bien, tu sais que je déteste me vanter, mais... Je ne suis pas un laideron, tu vois ce que je veux dire.
    - Parfaitement, tu es magnifique, chérie. »
    Je me sentis rougir, malédiction dont j'avais hérité de ma mère.
    « Bref. Je te raccompagne ?
    - J'aimerais beaucoup, mais je rentre avec ton père.
    - Moi je veux bien, s'il te plaît, ma belle ! »
    Je sursautai. Je n'avais pas vu Alice arriver.
    « Tu sais Alice, un de ces jours tu vas me coller une crise cardiaque.
    - Meuh non ! Bon, tu sais que ne pas pouvoir voir mon avenir s'il est en rapport avec toi m'agace au plus haut point alors vas-tu, oui ou non, me raccompagner ?
    - Bien sûr Tantine ! »
    Elle grogna, détestant que je l'appelle comme ça.
    Mais bon, elle avait presque vingt centimètres de moins que moi. A cinq ans, je la dépassais déjà.
    « Te fâches pas ! Allez, monte. A tout à l'heure Maman. M'attendez pas, j'ai rendez-vous au parc avec Jake.
    - D'accord. Je t'aime. »
    Ma mère était d'un naturel peu expansif, mais la peur de me perdre, quelques années plus tôt, avait délié son incapacité à exprimer ses sentiments envers moi.
    Elle partit d'un pas gracieux, sa maladresse ayant été chassé de son corps lors de sa transformation. Pour malheureusement venir se loger dans le mien.
    Mais bon. Je faisais avec.
    Quand je me retournai, Alice était installée derrière le volant.
    « Oh, Alice !
    - S'il te plaît... ?
    - Pfff. Tu es la plus dangereuse créature qui soit. »
    J'étais absolument incapable de résister et de lui dire non quand elle me regardait comme ça.
    « Oui mais tu m'aimes, s'esclaffa-t-elle.
    - Mouais. Allez, démarre, j'ai peut-être l'éternité devant moi, mais j'aimerais bien arriver à la maison avant l'apocalypse.
    - J'ai entendu dire qu'une certaine personne avait un rendez-vous avec Jacob... » dit-elle en embrayant.
    Je savais exactement ce qu'elle voulait dire par là.
    « Oh non Alice, s'il te plaît, pas ça !!!
    - Mais si. Tu me remercieras plus tard, va.
    - Conduire la voiture, m'habiller comme une poupée Barbie aux dimensions démesurées, et puis quoi encore ?
    - Euh... Plus tard, je décorerais ta maison.
    - Rooh. »
    J'avais beau adorer ma tante, pour reprendre la phrase que mon père aimait tellement répéter :
    « Comment un être aussi chétif peut être aussi agaçant ?
    - Oh oh. J'ai déjà entendu ça quelque part.
    - Papa a souvent raison, tu sais.
    - Je sais, mon frère est très intelligent. Mais tu sais, Edward aussi a ses mauvais côtés.
    - Je voudrais bien voir ça. Exemple ?
    - Eh bien, trop protecteur...
    - Je te le concède, mais ce n'est pas forcément une mauvaise chose, malgré son côté assez énervant sur le moment, on peut parfois le remercier plus tard.
    - Chut ! Laisse-moi finir. Euh...
    - Ah ! scandai-je, triomphante. Tu vois, un tout petit défaut. »
    Elle se tut, vaincue, et je laissai le vent ébouriffer mes cheveux en silence. Heureusement que je ne pouvais avoir froid, sinon j'aurais été frigorifiée.
    Nous finimes par arriver à la maison des Cullen, et Alice, n'écoutant pas mes protestations, me traîna jusqu'à sa chambre.
    Oh, j'aurais bien été capable de la repousser, mais ne voulant pas lui faire mal, je la laissai faire.
    Elle farfouilla longuement dans son placard, puis fini par pépier :
    « Ah, parfait ! »
    C'était une longue robe noire avec ouverture échancrée sur le côté, qui faisait donc sortir une jambe.
    « Euh, Alice...
    - Quoi ???
    - Je ne suis pas sûre que... »
    Elle regarda une nouvelle fois la robe, puis finit par décréter :
    « Tu as peut-être raison. Que dis-tu de... ça ? Simple, sophistiqué, discret mais classe...
    - Pfff. Je n'ai apparemment pas le choix, de toute façon.
    - Exactement. »
    C'est donc en jean Levi's et débardeur fantaisie Esprit que je montai dans ma voiture, pour aller voir Jacob.
    Je le vis près de la fontaine, si beau que ça me fit fondre comme neige au soleil, et il se précipita vers moi pour m'embrasser.
    « Pourquoi ce rendez-vous, Jacob ?
    - Eh bien, je voulais te demander quelque chose...
    - Quoi ? »
    Ce fut les yeux écarquillés que je le regardai s'agenouiller et me dire :
    « Nessie, je te jure te t'aimer et de te chérir pour toujours, alors, Renesmée Carlie Cullen, me ferais-tu l'honneur de devenir ma femme ?
    »


     chapitre 5
     

    Déception

    Déception
    "Quand on aime, ou bien l'on n'a point de peine, ou bien l'on aime jusqu'à aimer sa peine." Saint Augustin

    Oh... mon... dieu ! Nombre de dios ! Oh my god !
    « Euh...
    - Alors ? »
    Il me regardait, plein d'espoir.
    « Euh...
    - Nessie, tu me fais peur, là. Ce n'est pas dans tes habitudes d'hésiter sur ce que tu dois dire.
    - Mais, euh... »
    Là, je ne savais vraiment plus quoi répondre.
    Car... Je n'étais pas prête. Pas du tout. Le mariage ? ce n'était pas pour moi.
    J'avais 17 ans, mince ! En physique comme en âge réel.
    Mais... je ne voulais pas lui faire de peine. J'aimais Jacob, certes, cependant c'était trop tôt, nom d'un chien !
    Tandis que je l'observais me regarder avec des airs de saint-bernard, le fil de mes pensées se déroulait de plus en plus vite, pesant le pour et le contre.
    Pour, cela ferait plaisir à Jacob, à Alice, à Billy, à toute la meute de loups-garous, et en fait à à peu près tout le monde.
    Contre, moi, je n'avais pas envie.
    Le mariage... Mme Renesmée Black. Non.
    Ce nom ne sonnait pas bien, pas pour l'instant du moins.
    Je voulais rester une mademoiselle, aussi longtemps que je le pourrais.
    J'avais l'éternité devant moi, alors pourquoi me marier précisément maintenant ?
    « Jacob... »
    Il essaya de déchiffrer l'expression de mes yeux, et ce qu'il y lut ne dut pas lui faire plaisir, car son visage fit une grimace peinée.
    J'avais envie de lui sauter au cou, de lui dire que j'étais désolée... Je n'en fis cependant rien, et m'assit au bord de la fontaine.
    « Jacob », repris-je, « Je t'aime. Tu le sais. Mais...
    - Si tu m'aimes comme tu le dis, pourquoi ne veux-tu pas m'épouser ?
    - Laisse moi finir ! Donc. Je t'aime. Tu le sais. Mais je ne suis pas prête à me marier. J'ai 17 ans – je lachai un juron -. Je... Si je devais épouser quelqu'un un jour, tu sais que ce serait toi. Mais, pas maintenant... Tu me pardonnes ? Un jour, peut-être. Nous avons l'éternité, Jake !
    - Tu as raison. Je suis stupide. Pardon. »
    Il me sourit, et je compris que la paix était revenue.
    Il m'embrassa, me prit dans ses bras et me raccompagna à ma voiture.
    « On se voit au lycée, Jake ?
    - Oui. Je t'aime.
    - Je sais. »
    Et je démarrai.
    Ayant eu à la naissance le don de transmettre mes pensées, ainsi qu'une intelligence très développée, la croissance de ce « pouvoir » m'avait permis de bloquer mes pensées, et de ne communiquer que ce que j'avais envie, notamment à mon père.
    Je mis donc le souvenir de ce rendez-vous au tiroir, fermant soigneusement mon cœur.
    Je garai ma voiture dans l'allée, puis, en entendant des sons suspects provenant de la chambre à coucher de Bella et Edward, je m'éclipsai et allai plutôt chez Rosalie et Emmett.
    Je frappai à la porte et presque simultanément, elle s'ouvrit, révélant le visage souriant de mon oncle préféré (mais ne le dites à personne).
    « Hé, ma puce ! Que nous vaut l'honneur de cette visite ?
    - Mes parents sont un peu occupés. »
    Je lui fis un clin d'œil, et il éclata de rire.
    « Bon sang, j'ai jamais vu une telle libido !
    - Te moques pas, va. Ils s'aiment, c'est mignon.
    - Ouais. Rosalie, appela-t-il, devine qui est venu nous voir ?
    - J'ai ma petite idée sur la question ! » cria une voix provenant du salon.
    « Nessie ! Viens donc ici ! »
    J'allai la rejoindre et la trouvai assise sur le canapé en train de lire.
    « Salut Rose ! Ça va ?
    - Mais oui. Quoi de neuf ?
    - Que du vieux, Tatie, que du vieux.
    - Tu fais une partie de baseball avec Emmett et moi ? On allait y aller. »
    Il n'y avait rien que je détestais plus que le baseball.
    « Non, ça va. Alors je ne vais pas vous déranger plus longtemps.
    - Tu ne nous déranges jamais, ma chérie. Tu ne veux pas arbitrer, tu es sûre ?
    - Oh, et puis pourquoi pas.
    - Génial. On prend la Jeep d'Emmett. Viens. »
    Nous partîmes, et, malgré le naturel mauvais joueur de Rosalie, la partie se déroula sans soucis particuliers, et Emmett en sortit vainqueur.
    Plus tard, je rentrai chez moi, et mes parents ayant apparemment déserté l'endroit, je me préparai un sandwich à la viande de grison. Mmm. Délicieux.
    Je ne comprendrais jamais le dégoût des vampires de la nourriture humaine.
    Sauf celle du self. Brrr. Je grimaçai rien qu'à y repenser. Beurk.
    Plus tard, en enfilant mon pyjama, je resongeais aux paroles de Jake « t'aimer et te chérir pour l'éternité ».
    Car, si lui était capable d'éprouver ça pour moi...
    Moi, je ne pensais pas pouvoir l'aimer à ce point-là. Impossible. Bizarre.
    Et cela me paraissait normal, cette dose d'amour.
    Pour moi, l'amour, c'était ce que je ressentais pour Jacob, car sinon, il ne se serait pas imprégné de moi, n'est-ce pas ?
    Mais si l'amour, c'était plus fort que ça ?
    Et si... Si Jake, je ne l'aimais pas comme l'homme avec qui je voudrais passer ma très longue vie ?
    Je refusais de me dire ça.
    Impossible.
    Jacob était mon âme sœur, c'était écrit, donc je m'y tiendrais.
    Quoiqu'il m'en coûte
    .


    chapitre 6

    La journée du rose

    La journée du rose
    "L'on ne peut goûter à la saveur des jours que si l'on se dérobe à l'obligation d'avoir un destin. " Emil Michel Cioran

    Un entrain étonnant s'empara de moi quand mon réveil à la sonnerie assourdissante me réveilla le lendemain matin.
    Entrain qui fut vite résorbé quand je découvris Alice, debout près de mon lit.
    « Alors, on se réveille, la marmotte ?
    - Tu sais Alice, je suis humaine dans bien des côtés. J'ai besoin de dormir.
    - Ouais, ouais.
    - J'imagine que tu es là pour une raison bien précise ?
    - Exactement. Jasper est parti chasser, je m'ennuyais, alors... »
    Je ne savais que trop bien où elle voulait en venir.
    « Tu changeras jamais, hein ?
    - Non. Regarde ce que j'ai trouvé ! » ajouta-t-elle avec un grand sourire.
    Elle brandissait une robe rose pâle, magnifique, certes, mais...
    « Oh non !
    - Pourquoi ?
    - Je ne peux pas mettre ça... !!!
    - Pourquoi ? répéta-t-elle.
    - Tu sais très bien pourquoi. »
    C'était tout simplement...
    Col en V, froufrous à volonté, courte à souhait, ROSE. Tous ces mots définissaient la robe avec perfection. Vous voyez le genre.
    « Mais si !
    - Pourquoi ?
    - Parce que aujourd'hui, c'est la journée du rose !
    - Oh m...
    - Ton langage !
    - Pardon Tantine. »
    Cela m'était complètement sorti de la tête.
    La traditionnelle journée du rose.
    Une idée stupide que le lycée avait eu quelques années plus tôt, après des protestations de cheerleaders outrées en minijupes... roses que cette façon de ne faire porter du rose qu'aux filles était sexiste et écoeurante.
    Je remarquai pour la première fois qu'Alice arborait un jean rose vif, assorti à son corsage et ses chaussures.
    « Oh, Tantine...
    - Taratata ! Tu la mettras, un point c'est tout. Au moins, Edward se laisse faire, lui. Pas comme toi et ta mère. »
    Sachant que je n'avais pas le choix, je capitulai, et c'est ainsi que c'est en robe froufroutante que je garai ma voiture dans une des rares places libres du parking, qu'un garçon s'empressa de dégager, sûrement désireux de me plaire, ce qui me gêna.
    Je n'avais pas l'habitude des regards autres que fraternels, ayant vécu toute ma vie avec ma famille. Sauf ceux de Jacob, bien sûr.
    En parlant de lui, quand je le vis arriver en jean et chemise roses, je crus mourir de rire.
    « Ce n'est pas bien de se moquer des gens, Nessie.
    - Déso... lée... mais... tu... es trop... trop... rose... haletai-je entre deux éclats de rire.
    - Je sais. »
    Il avait l'air si contrarié que je me senti obligée de m'excuser.
    « Oh pardon, Jake.
    - Non, c'est rien, je comprends. »
    Désireuse de me faire acquitter, je l'embrassai, et, oubliant qu'il était fâché après moi, il me rendit mon baiser.
    Quand il me lâcha, c'était juste pour mieux me regarder.
    « Alice t'as piégée ?
    - Comment t'as deviné ? bougonnai-je.
    - Moi je trouve ça plutôt... réussi.
    - Si tu le dis. »
    Consciente des regards sur le bras de Jacob enlaçant ma taille, je desserrais son étreinte, ce dont il ne parut pas s'offusquer. Il connaissait mon caractère peu démonstrateur, surtout en public.
    Je découvris l'heure suivante que a) il valait mieux éviter les minirobes roses quand on était... comme moi, sous peine de s'attirer des regards haineux, b) les gars et les profs en rose sont vraiment ridicules et c) les vampires n'avaient vraiment pas une bonne réputation.
    Car oui, à mon grand amusement, le cours de français porta ce jour-là sur les plus grandes légendes de vampires, et pendant une tirade particulièrement enflammée du prof sur le mythe de l'ail et des dents aiguisées, ma mère éclata de rire, au grand dam de celui qu'elle avait interrompu.
    C'était incroyable toutes les niaiseries et superstitions stupides, de l'eau bénite au pieu en bois, que les humains pouvaient inventer, histoire de se dire qu'ils avaient une chance.
    Tous les élèves semblaient captivés par les mythes vampiriques, pourtant tous plus absurdes les uns que les autres.
    La seule légende où je ne pus retenir un frisson, ainsi que Bella, fut celle du père Marcus, qui soi-disant avait chassé les vampires de Volterra à coup d'ail et d'eau bénite (cf Tentation, n.d.a.).
    Je dis soi-disant, parce que Marcus n'était en fait que l'un des trois fondateurs du plus puissant et grand clan de vampires du monde, les Volturi (cf Révélation, n.d.a.).
    Je frémis en pensant à ces derniers, car les seuls souvenirs que j'avais d'eux étaient des prunelles rouges bordeaux remplies du désir de tuer, de me tuer.
    Au self, un grand rassemblement se forma et, ne savant pas ce qui le provoquait, je demandai la cause à mon père qui me dit qu'un mec s'était pointé en jupe.
    Pfff... Les humains sont vraiment stupides, pensais je.
    A la cafétéria, parmi tout ce rose, je remarquai un adolescent en jean et pull gris perle.
    Au moins, quelqu'un ne sera pas ridicule, ce jour là, songeai-je.
    Puis je remarquai qu'il était ni plus ni moins le garçon brun qui m'avait abordée l'autre jour, sans me dire pourquoi, et qu'il me regardait.
    A vrai dire, cela m'importait peu. Je me retournai. Qu'il ne s'habille pas en rose si il n'avait pas envie.
    Ce que j'ignorais, c'est que ce jeune homme au pull gris perle, qui vrillait mon dos de son regard, allait être la gomme qui changerait la ligne pourtant toute tracée de mon destin.


    chapitre7

    Conversation
    "Le plus beau sentiment du monde, c'est le sens du mystère. Celui qui n'a jamais connu cette émotion, ses yeux sont fermés. " Albert Einstein

    « Tu veux ton gâteau au chocolat ?
    Question étant plus destinée aux oreilles attentives qui nous entouraient qu'à Jasper. Qui fit d'ailleurs une moue de dégoût tout en me le tendant, expression étrange que ne manqua pas de remarquer Matthieu.
    « T'aimes pas le chocolat ?
    - Je n'aime pas grand-chose. Surtout ce qui sort du self, s'esclaffa Jasper.
    - Ouais. Si t'aimes pas, tu me files tes pâtes ? »
    Nouvelle moue dégoûtée de l'intéressé.
    « Sers-toi.
    - Merci, mec. »
    Jasper, Rosalie, Emmett, moi, Alice, Jacob, mes parents et mes nouveaux « copains » nous étions attablés ensemble, et nous les Cullen, qui, avec un effort, pouvions être très sympas, ainsi que Jacob, fûmes très vite acceptés.
    Kelly se lança très vite dans une conversation passionnée sur les discriminations très pratiquées envers les blondes avec Rose, au grand amusement de Jacob, qui, je l'avais un jour appris, avait, pendant que ma mère était enceinte de moi, bien usé de blagues du genre auprès de Rosalie, alias « Blondie ».
    D'ailleurs, il l'appelait toujours comme ça, au grand dam de celle-ci, mais elle rétorquait à coup de « sale cabot », ou encore « clébard ».
    Jacob avait, depuis qu'il me côtoyait, vite abandonné les termes « sangsues », « parasite » ou « buveur de sang », par respect envers moi, vu que j'étais aussi une... sangsue.
    A l'époque.
    « Alors comme ça, vous êtes cousins, mais vous vivez tous ensemble chez vos oncle et tante ?
    - Ouais Sauf Jake. »
    Edward avait beaucoup rechigné sur cette idée de « cousins ».
    « Mais... Vous êtes... en couple, non ?
    - Ça ce voit tant que ça ? ricana Emmett.
    - Euh... ben ouais. Vous êtes sûrs que c'est...
    - Légal ? intervint Edward. Oui. Heureusement.
    - Mouais. »
    A mon grand soulagement, l'interrogatoire s'arrêta là.
    C'est alors que je me rendis compte que le gars aux yeux bleu nuit me regardait encore.
    Papa, songeais-je.
    Il se retourna et m'adressa un regard interrogateur.
    Que pense ce type, là ? Il m'observe depuis ce matin et je ne sais pas pourquoi. Le mec en gris, le seul qu'est pas en rose. A propos, si ça peut te consoler, tu es le plus beau père du monde, dans cette couleur.
    Il me sourit et se concentra sur l'énigme du jour.
    C'est avec ébahissement que je le vis plisser les yeux et prendre une expression frustrée, signe évident qu'il n'y arrivait pas.
    Quoi ? Tu n'arrives pas à lire ses pensées ??? C'est quoi ce bordel ?
    Il fronça les sourcils.
    Je sais. Mon langage. Excuse-moi. Bon. Il m'énerve, ce type. Je vais lui parler. Préviens Jake. Et ne m'attendez pas. Je rentrerais avec ma voiture.
    Il haussa les épaules mais hocha la tête.
    Furieuse et frustrée, je me levai et me dirigeai à grand pas vers lui.
    « Bon.
    - Quoi ? »
    Il paraissait ébahi.
    « C'est quoi ton problème ?
    - Un problème, moi ?
    - Mais oui ! Tu n'arrêtes pas de me regarder. Tu es un espion ou quoi ?
    - Peut-être... s'esclaffa-t-il.
    - Tu rigoles, pas moi ! Qu'est-ce que tu me veux ?
    - C'est juste que... rien. Je n'ai rien à te dire. Tout le monde te regarde, alors moi aussi, que veux-tu ? Ce doit être contagieux.
    - Tu... »
    Je trépignais tellement de rage que je ne trouvais plus mes mots.
    Pour qui ce prenait-il pour me regarder avec l'air hautain de celui qui sait tout ? Il m'énervait... ! Jamais l'envie d'arracher la tête à quelqu'un m'avait autant tentée.
    Je m'efforçais de me calmer. Je n'étais ni un vampire nouveau-né ni un loup-garou. Je devais être capable de me contrôler.
    « Je... ? »
    Apparemment, lui s'amusait beaucoup.
    « Qui es-tu, d'abord ?
    - Nathan. Nathan Wells. Mais je te renvoie la question.
    - Renesmée Cullen. Nessie.
    - Alors, Ness ? Autre chose ?
    - Je veux savoir pourquoi... »
    Pourquoi mon père ne peux pas lire ce que contient ton esprit. Question que je n'allais sûrement pas formuler à voix haute.
    « Pourquoi... ? m'incita-t-il à continuer.
    - Pfff. Rien. On se reverra peut-être à un cours.
    - Peut-être, comme tu dis. Au revoir, Ness. »
    Pourquoi m'appelait-il NESS ? Cela m'horripilait.
    « Nessie. Au revoir. »
    Sur ce, je m'en allai.
    Ce garçon était étrange.
    Vraiment étrange.
    Quels mystères cachait-il ?
    J'aurais tout donné pour le savoir.
    Tout ?

    chapitre8

    Invitation
    "Un baiser, qu'est-ce ? Un serment fait d'un peu plus près, un aveu qui veut se confirmer, un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer ; c'est un secret qui prend la bouche pour oreille." Edmond Rostand

    Ce jour là, étant de très mauvaise humeur suite à ma conversation avec Wells, les cours me parurent encore plus ennuyeux que d'habitude.
    Mon deuxième jour de cours. A 17 ans. Chose peu commune.
    Je fus interrogée en géographie, et, n'ayant pas entendu la question, bien que je suis sûre que je connaissais la réponse, je ne pus pas donner au professeur ce qu'il attendait de moi. Ce qui fit pousser un soupir à ma mère.
    Qui était époustouflante dans sa jupe vieux rose, dont l'avait sûrement affublé Alice contre son gré.
    Edward arrivait encore à être beau, en rose. Ce que ne manquaient apparemment pas les filles du lycée de remarquer.
    N'importe quoi. C'est ça les humains ? Si il est libre, on en veut pas, si il est dans ce qui a l'air une relation durable, on le pique !!?
    Belle mentalité.
    Toute la journée, le souvenir de ce Wells me turlupina.
    Qu'est-ce qu'il me voulait, enfin ?
    Enfin, le soir vint, et je raccompagnai Kelly chez elle, car elle m'avait demandé de l'aider pour les maths.
    « Ma chambre est là » me dit-elle quand nous fûmes arrivées devant une porte, au fond du couloir de chez elle.
    Nous entrâmes et je constatai avec plaisir que c'était une jolie pièce, dans des tons rose pâle et crème, ce qui, je trouve, lui correspondait bien.
    Nous nous installâmes par terre et nous bavardâmes un peu, bien que je me rendis vite compte qu'elle était moins loquace que moi.
    Bizarrement, elle me rappelait ma mère, Bella.
    « Alors comme ça, tu vis avec tes cousins ?
    - Oui.
    - Cela doit être sympa. »
    Interloquée, je ne compris pas.
    Je rêvai d'avoir mon indépendance, et pourquoi pas une maison à moi seule.
    J'en partagerais sûrement une avec Jacob, un jour, mais moi, ce que je voulais, c'était une demeure ou moi, et uniquement moi, vivrait.
    Une sorte de havre de paix, mon petit paradis personnalisé. Un cocon.
    « Comment ça ?
    - Eh bien tu sais. Tu es entourée tous les jours par des gens de ton âge, tu peux leur parler d'égale à égal, tu partages leur repas...
    - Non. »
    La réponse avait fusé, instinctive, lui coupant la parole.
    « Comment ça, non ? »
    Oups. Comment justifier ça ? Euh, en fait, ma famille boit du sang, et moi j'ai une préférence pour les pancakes au sirop d'érable, donc c'est assez compliqué de partager un repas autour d'une jolie table en chêne poli.
    Mais bon. Ce ne sont pas des choses qu'on dit, n'est-ce pas ?
    « En fait... »
    Une explication, une explication...
    Allez, quoi !
    Par chance, la sonnerie de ma montre retentit, annonçant que ma rutilante et un poil ostentatoire BMW allait vite montrer ce que son moteur savait faire.
    Sauvée par le gong. Tellement cliché.
    « Je dois y aller.
    - Okay. A demain, Nessie. »
    On se fit la bise et elle s'exclama :
    « Tu as un peu de fièvre ! Tu devrais prendre un Advil en rentrant chez toi.
    - Mouais » éludai-je.
    Elle me raccompagna à ma voiture, tout en ne pouvant retenir une lueur d'envie dans le regard devant, je dois bien l'avouer, la beauté de cette folie de mon père, et je démarrai.
    Plus tard, alors que j'étais avec Jacob, il m'interpella :
    « Nessie ?
    - Oui Jake ?
    - Je me demandais...
    - Le bal de rentrée ? »
    Je l'avais vu venir.
    « Comment t'as deviné ?
    - Eh bien, je ne veux pas te vexer, mais tu es assez prévisible et facile à cerner quand tu as une idée derrière la tête.
    - Ouais, bref, éluda-t-il, gêné.
    - Mais bien sûr que j'irais avec toi, Jacob. Tu sais bien que j'adore danser.
    - Mais laisse-moi te poser la question, mince !
    - D'accord. Vas-y.
    - Donc. Je me demandais, Renesmée, si tu accepterais de venir au bal de la rentrée avec le loup-garou qui t'aime le plus de tous les loups-garous du monde ? »
    Je souris. Il était mignon.
    « Bien sûr, Jake. »
    Il m'embrassa, tout content.
    Mais, sans le vouloir réellement, j'avais la tête ailleurs.
    Car, en effet, mes pensées tournaient toujours de façon complètement involontaire, et même indésirable, et ce depuis la toute première fois où je l'avais aperçu, autour d'une chose.
    Ou plutôt de quelqu'un.
    Nathan.

    chapitre9

    Distraction
    "Si le Créateur n'avait pas tout ordonné pour le mieux, du moins avait-il accordé un don inestimable aux animaux, en les privant de la faculté inquiétante de réfléchir sur l'avenir. " Tennessee Williams


    « Eh, qu'est-ce qui se passe, ma Nessie ? »
    Je sursautai. Jasper. Bien sûr.
    « Mais rien.
    - On ne me ment pas à moi. Tu es préoccupée, intriguée et furieuse à la fois. Mélange intéressant. Quoique je peux comprendre la fureur et la préoccupation. Alice... »
    Alice, en effet.
    Bon, je m'en doutais, mais j'avais eu l'espoir furtif que celle-ci ne déciderait pas d'aller faire du shopping « spécial bal de la rentrée ».
    Projet qu'elle avait pourtant mis en œuvre.
    Adieu les multiples robes débordant de mon placard, bonjour nouvelle robe me « mettant en valeur » (dixit Alice) et « faite pour m'attirer des regards jaloux et plein d'envies de meurtre » (dixit moi, vous vous en serez doutés).
    Samedi prochain. La date fatidique.
    « Non non, c'est pas ça. C'est ce type, là.
    - Ah oui, la mystérieuse tête hermétique. Ne t'inquiètes donc pas pour ça, ma puce.
    - Plus facile à dire qu'à faire, Tonton Jasper, marmonnai-je.
    - C'est comme avec Bella, sourit-il. La différence, c'est qu'il ne risque pas de tomber amoureux. Personne, d'ailleurs. Les Cullen sont tous pris. »
    Il s'esclaffa puis changea de sujet.
    « On va chasser, Emmett et moi, ce soir. Tu veux venir avec nous, pour te changer les idées ? »
    Dès qu'il vit mon expression, il se justifia.
    « Non, je veux dire, pour te promener. Pas manger. Mais si tu as peur d'assister au massacre d'animaux... rigola-t-il.
    - Jasper, je ne suis pas une mauviette. »
    Je réfléchis. Après tout, pourquoi pas ? Cela me ferait une sortie.
    « Oui, d'accord. Me promener... Proposition intéressante.
    - Allez. Je te retrouve devant chez vous dans... un heure ? Cela te laissera le temps de... manger. »
    Il pointa mon ventre.
    « A tout à l'heure. »
    Dans ma cuisine, et je dis ma, parce qu'après tout, j'étais la seule à l'utiliser, je me fis cuire des pâtes au beurre, que je mangeai avec appétit.
    Puis j'allai me changer et enfilai un jean et un corsage bleu marine appartenant à ma mère, car a) je n'avais vraiment pas le temps d'enfiler autre chose et b) il était hors de question de garder plus longtemps cette... chose.
    Laissant un tas de tissu rose dans un coin de ma chambre, elle-même peinte dans des tons crème et multicolore sur ordre d'Esmée, la reine de la déco, je me ruai dehors, pour découvrir l'énorme Jeep d'Emmett avec son propriétaire et Jasper à l'intérieur.
    « Coucou vous deux ! »
    Je sautai sur la banquette arrière et Emmett se retourna.
    « Salut la puce. Mount Baker-Snoqualmie National Forest, ça te va ?
    - On ne fait pas celle d'Olympic ? m'étonnai-je.
    - Eh bien, Emmett et moi avons un peu marre des biches, et personnellement, un lynx ne sera pas de trop pour moi.
    - Mouais. Il y a de beaux paysages, au moins ?
    - Bien sûr, Nessie. »
    Je n'insistai pas et dût m'endormir (les horaires du lycée, c'était n'importe quoi ! Je devais me lever à six heures et demie, six heures et demie, vous rendez vous compte !!!), car à peine une dizaine de minutes plus tard, nous étions arrivés.
    Nous sortîmes de la voiture en silence, puis je ris :
    « On fait la course ?
    - Je voudrais bien voir ça ! »
    J'avais eu un jour la mauvaise idée de faire un bras de fer avec Emmett.
    Je crois que je l'avais profondément blessé dans son orgueil de mâle.
    Ne voulant pas retourner le couteau dans la plaie, je le laissai gagner, et il exulta de joie, étant d'un naturel joueur. Jasper me sourit.
    Puis je regardai autour de moi.
    Nous étions dans une clairière sombre, où mes yeux d'immortelle voyait parfaitement clair, entourée d'arbres majestueux, sûrement centenaires.
    Tout à coup, Emmett se tendit, et bondit en avant, suivi quelques centièmes de secondes plus tard par Jasper.
    Je préférai m'éloigner, car, un jour, je devais avoir cinq ans, Jasper avait failli m'attaquer.
    Geste qui l'avait plongé dans un grand désarroi, mais je ne lui en avait jamais voulu. Il avait encore un peu de mal, à cette époque.
    Plus maintenant, mais mieux valait ne pas tenter le diable.
    Tout en marchant dans la forêt dense et magnifique, je pensais à ma famille, une famille qui, je le savais, m'aimait, d'un amour inconditionnel et sans faille.
    Une bouffée d'affection me traversa quand je pensais aux Quileute, Sam et Emily, Quil et Claire, qui s'étaient mariés il y a peu, Jared et Kim, Seth, qui avait trouvé son âme sœur en une jeune fille tout à fait charmante nommée Tia, et enfin Leah.
    J'eus un soupir en pensant à Leah.
    En effet, celle-ci, malgré la réconciliation de la meute des Quileute, qui avait maintenant deux Alphas (!), avait refusé de la rallier encore une fois, et elle avait décidé de ne plus se transformer.
    Elle avait en ce moment ce qui semblait être une relation durable avec quelqu'un appelé Gabe. Mais c'était un humain.
    Et tôt ou tard, elle le savait, elle allait devoir lui confier son secret.
    Mais bizarrement, ce n'est pas ça qui l'inquiétait le plus.
    Ce qui l'inquiétait, c'est de lui dire qu'elle... ne pouvait pas avoir d'enfants. Ce qui la rendait très malheureuse.
    En songeant à cela, je me surpris à me demander si ce serait possible pour... moi.
    Etant trop petite et n'ayant pas eu le temps de trop y penser à l'époque de sa mort, je n'avais pas songé à poser la question à Nahuel.
    Ce que je regrettais amèrement.
    Plus tard, sur le chemin du retour, couvée par le regard aimant, inquiet et d'un or soutenu de Jasper, j'avais déjà oublié mes inquiétudes.
    Ma vie serait heureuse.
    Moi ainsi que mon subconscient en étaient persuadés.
    Vraiment ?

    chapitre10

    Soleil
    "Si ces six scies-là scient mal, prenez ces six scies-ci. Et refaites le monde avec ces scies !" Anonyme.

    J'attrapai ma serviette en tendant le bras, puis, avoir rincé mon corps mousseux, je me levai et sortis de l'eau, devenue tiède avec les heures que j'y avais passées.
    Je m'étais sûrement endormie, bercée par les effluves de vapeur du bain bouillant.
    Vêtue de ce simple drap de bain, je regagnai ma chambre, et je fouillai ma commode avec l'espoir de trouver un pyjama mettable.
    Je finis par abandonner et me couchai dans une nuisette Dior. Parfois, et même souvent, Alice me passait par-dessus la tête.
    Trois heures du matin.
    Je tentai de me rappeler à quelle heure je m'étais glissée dans la salle de bain, avec la pensée de me sortir Nathan de la tête, pour finir par conclure que j'y étais restée... longtemps.
    Remontant mes draps à rayures sous mon menton, j'attendis que les vapes du sommeil m'engourdissent, ce qui ne tarda pas.
    Cette nuit-là, ou plutôt ce matin là, mes songes tournèrent autour de LUI.
    Dans mon rêve, j'étais dans cette même forêt où je m'étais promenée plus tôt dans l'après-midi. Nathan était là, ainsi que Jacob.
    Tout à coup, Jake se transforma en un énorme loup, toutes dents dehors.
    Bizarrement, au lieu de s'inquiéter que le secret des loups-garous soit découvert, celle qui me représentait dans cette scène étrange cria : « Attention, Nathan ! »
    Il m'adressa un sourire de confiance, la bête grogna, et il disparut. Pouf.
    Je me réveillai en sursaut.
    Je passai mes doigts dans mes cheveux pleins de sueur, et frappai le réveil pour le faire taire. Pas très fort, mais cela suffit à le briser, ce qui n'avait pas d'importance, car, si nous y accordions très peu d'attention, nous les Cullen étions très riches.
    Sûrement milliardaires, même si personne ne s'était essayé à compter les innombrables comptes secrets ouverts à notre nom aux quatre coins de la planète.
    Profitant de l'absence d'Alice, je me contentai de mettre une jupe en jean et un corsage rouge, ma définition de se mettre sur son trente et un.
    Mes parents m'attendaient en bas, ce qui m'étonna. D'habitude, ils partaient avant moi.
    « Papa, Maman ?
    - Ah, mon ange ! On a un problème... soupira mon père.
    - Comment ça ? »
    Puis je compris. Bien sûr.
    Dehors, le soleil brillait.
    « Oh.
    - Tu es sûre de vouloir aller au lycée sans nous ? m'interrogea ma mère.
    - Ben oui. Mais c'est quoi l'histoire ? je déteste les randonnées ?
    - Exactement. La nature, c'est pas ton truc, ou alors, tu veux pas rater de cours, mais là tu vas passer pour une lèche-botte.
    - J'n'aime pas les randonnées. Compris. Je hais les grosses chaussures de marche. Pas glamour. Ok.
    - Ben voilà. Tu as ton excuse ! rigola Edward.
    - Bon, je vous vois ce soir ? »
    C'était une assertion, et je ne me doutais pas que la réponse m'étonnerait.
    « Non plus, ma chérie. En fait...
    - Ta mère et moi avons décidé qu'une deuxième lune de miel ne nous ferait pas de mal.
    - Tombes pas enceinte, cette fois-ci, rigolai-je.
    - Pas de danger. On t'aime et à dans... on verra.
    - Vous allez où ?
    - Chicago. Je m'en vais montrer à ta mère ma ville de naissance.
    - Bonne idée. Il serait temps, rigolai-je. Vous m'accompagnez jusqu'à ma voiture, quand même !!? »
    Ce qu'ils firent, et les embrassades et les déclarations d'amour passés, je partis pour le purgatoire.
    Où m'accueillit avec un grand sourire Kelly.
    « Devine quoi ?
    - Non.
    - Le nouveau, là... Nathan. »
    Je me tétanisai, attendant la suite.
    « Oui ?
    - Eh bien, il mange avec nous ce midi ! Me demande pas pourquoi, mais il me l'a demandé ce matin !
    - Génial, grommelai-je.
    - N'est-ce pas ? »
    Elle sourit.
    « Tu as fait tes maths ? »
    Je fus heureuse du tour que prenait la conversation.
    « Oui. Trop facile.
    - Oh, je peux recopier.
    - Bien sûr. »
    Elle prit mon cahier et nous nous installâmes sur l'estrade.
    « Tu trouves vraiment ça facile ?
    - Ben oui.
    - En fait, où sont tes cousins ?
    - Randonnée.
    - Oh, la chance. Pourquoi tu n'y es pas ?
    - J'n'aime pas ça.
    - Ah. »
    Elle se tut.
    En traversant la cour, elle me gêna et me mit dans une situation embarrassante en remarquant :
    « C'est bizarre, ta peau... On dirait qu'elle... brille. Etrange.
    - C'est... Ce sont les poils. La lumière... se reflète dedans.
    - C'est très beau. Tu as de la chance. »
    Je retins un pouffement. Elle ne savait pas à quel point elle avait tort.
    La journée se déroula lentement, et, le midi, la présence de Nathan et Jacob ensemble me stressa, me rappelant mon rêve.
    Ils passèrent tout le repas à se lancer des regards noirs, ce que je comprenais de la part de Jacob, le mystère de Nathan restant à éclaircir, mais pas de ce dernier, néanmoins. Jake ne lui ayant rien fait.
    Ma famille me manquait, étrangement, car je rêvais depuis longtemps d'une journée sans eux, complètement seule, et ce rêve était presque totalement réalisé, le bémol étant Jacob.
    Comprenez moi, j'aimais beaucoup Jacob, mais... une journée sans attaches familiales (bon d'accord, Jake n'en faisait pas partie, mais bon)...
    Bref.
    Pourtant, si j'aimais Jake, n'étais-je pas censée ne pas pouvoir me séparer de lui ne serait-ce qu'une seconde ?
    Et si l'amour entre mes parents était aussi fort qu'ils l'affichaient ?
    Et si ce que je devais ressentir pour Jacob, selon les règles de l'imprégnation, devait être aussi fort que ça ?
    Mais si quelqu'un devait aimer Jacob aussi fort que ma mère aimait mon père, et vice-versa, cette personne n'était pas moi.
    J'en étais incapable.
    Mais je rejetais ces pensées.
    C'était n'importe quoi.
    Jake s'était imprégné de moi, donc j'étais son âme sœur.
    Obligé.
    Je ne me trompais pas.
    Jacob et moi étions deux partie d'une seule entité.
    Et si nous nous étions trompés ?
    Non.
    Après tout, avec des si, on ferait un monde, n'est-ce pas ?


    chapitre 11

    L'enfer du shopping

    L'enfer du shopping
    "Destinés, nous étions tous les deux destinés... Chacun est-il maître de son destin ou sommes-nous les jouets de la fatalité... Comment savoir ?" Anonyme.

    « Bon, vous arrêtez, vous deux ?
    - Quoi, Ness ?
    - NESSIE, corrigea Jacob, les dents serrées.
    - STOP ! m'énervai-je. On dirait des mômes de maternelle qui se battent pour un Bounty.
    - Mais quoi ?
    - Vous avez très bien compris. Arrêtez, c'est tout. »
    Depuis que nous étions entrés dans le self, Nathan et Jacob se lançaient des regards haineux, ce qui m'horripilait.
    « Où sont tes cousins, Ness ? »
    Je soupirai. Ce n'était même pas la peine de lui faire remarquer que je m'appelais Nessie, pas Ness. De toute façon, il ne m'écoutait pas.
    « En randonnée.
    - Ah. »
    A ma grande surprise, il n'insista pas, ce dont je lui fus reconnaissante.
    Par contre, il sourit, comme si il était... fier de lui.
    « Quoi ?
    - Rien.
    - Tu sais Nathan, tu es vraiment bizarre.
    - Tu peux m'appeler Nat, si tu veux.
    - Nat. Tu es vraiment étrange.
    - Eh oui. Quel secret cache donc, c'est ça ?
    - Exactement. »
    Cette phrase m'avait encore plus intriguée.
    Un secret ?
    En avait-il vraiment un, ou avait-il dit ça rien que pour me disputer ?
    Je n'eus pas le temps de me poser la question plus longtemps, car la cloche retentit.
    Comme nous étions mercredi, je passai l'après-midi avec Jacob.
    Je savais que Forks lui manquait, mais il était venu s'installer en Bretagne pour moi, et il ne regrettait pas sa décision.
    Un silence gêné s'installait de plus en plus dans nos conversations désormais presque inexistantes.
    Mes nuits étaient toujours hantées par Nathan, et j'étais heureuse que mon père ne soit pas là pour s'en rendre compte.
    Puis le samedi tant redouté arriva.
    Je rêvai quelques instants qu'Alice avait oublié, mais c'était peine perdue.
    Une main froide me tira de mon sommeil vers huit heures du matin.
    « Allez, miss ! Journée shopping ! »
    Je remontai la couverture sur ma tête.
    « Tantine... grommelai-je, la voix étouffée par le drap.
    - Mais si, ma puce. On va te trouver une magnifique robe... rose. Ou bleu nuit.
    - Rooh. »
    J'avais perdu la partie, et je le savais. Je me levai donc, non sans lâcher un juron.
    « Renesmée Carlie Cullen !!!
    - Non, je ne m'excuserais pas. Si tu veux me punir, tu n'as qu'à me priver de sortie shopping... insinuai-je, poussée par une inspiration soudaine. »
    Je levai des yeux pleins d'espoir vers elle.
    « Rêve, ma belle. Le bal est la semaine prochaine, je te rappelle.
    - QUOI ??? »
    Je me redressai sur mon séant en sursaut.
    « Eh oui, mon ange. C'est pour ça qu'il faut aller te chercher une robe, et avant que des ailes assorties à ton visage te poussent dans le dos !
    - Mouais. »
    J'étais peu convaincue, mais nous partîmes quand même, dans la Turbo jaune canari d'Alice, qu'elle bichonnait comme la chair de sa chair.
    Nous allâmes dans le centre-ville, où nous attendait...
    « NON !
    - Si si. C'est pour ton bien. Tu mérites le meilleur.
    - Oui mais Alice... Pas un créateur de mode !!! »
    C'était pourtant ça. L'enseigne proclamait « robes sur mesure, classé par le magazine People comme la référence n°=1 des stars ».
    Ça promettait.
    Elle me tira par le coude, et c'est ainsi que deux heures de mesures intensives plus tard, je repartis avec la promesse du vendeur « prête pour vendredi prochain ».
    Je ne savais pas trop quel modèle Alice avait commandé, et je crois qu'en fait je ne voulais pas savoir.
    « Maintenant, les chaussures !!! Et manucure, pédicure, soin du visage, bijoux, la semaine prochaine coiffeur et pourquoi pas... »
    Je la coupai dans son élan. Il ne fallait pas qu'elle s'imagine que j'allais vraiment faire ÇA.
    Et pourtant si.
    Je cédais tout le temps, de toute façon.
    La semaine passa.
    Longue.
    Laborieuse.
    Je m'entendais de mieux en mieux avec Nathan.
    Et m'éloignai de plus en plus de Jake.
    Nos points communs s'amenuisaient, mais je ne m'en suis pas inquiétée.
    Je croyais que je n'aurais pas de problème. Que ma vie serait simple.
    Car mon destin était écrit.
    Mais si le Créateur en avait décidé autrement ?
    Ou si c'était MOI, qui serai à l'origine d'un changement ?
    Non. Je savais que c'était ainsi que cela devait se passer.
    Moi et Jacob. Jacob et moi. Nous.
    Un nous parfait ?
    Oui, bien sûr, aurais-je répondu à l'époque.
    Aujourd'hui, je n'en suis plus si sûre.

    chapitre12

    "On finirait par devenir fou, ou par mourir, si on ne pouvait pas pleurer. " Guy de Maupassant


    Puis le jour du bal arriva. Un jour comme les autres, sans assez de soleil pour empêcher Alice de sortir, ce qui me plongea dans un grand désespoir.
    Jasper le sentit.
    « Te biles pas, mon ange. Alice restera toujours Alice, mais tu vas être magnifique, comme d'habitude. »
    Je hochai la tête, vaguement gênée.
    Esmée me rassura.
    « Jasper a raison, mon amour. Tu seras magnifique.
    - Oui, renchérit Carlisle.
    - Comme toujours, mon trésor, rajouta Rosalie.
    - Exactement, affirma Emmett.
    - Bon, c'est bon, c'est bon, là !!! hurlai-je, exaspérée. Je ne suis PAS une poupée Barbie, okay ? »
    Dans l'ahurissement général, je me mis à pleurer.
    « Mais... c'est... vrai... quoi ! Avec... Jacob... ça va... plus... et... et... »
    Esmée se ressaisit la première.
    « Les garçons, sortez ! C'est une affaire de femmes ! Et pas un mot à Jacob, ou vous aurez affaire à moi ! » ordonna-t-elle.
    Même moi, elle m'étonna. Elle ne criait jamais, elle était toujours si douce, si patiente... !
    Je continuais à sangloter, de ces sanglots dont on a honte, ces sanglots qu'on voudrait refouler mais qui sortent telle un robinet ouvert à fond dont l'eau aurait été trop longtemps coupée.
    Rosalie se mit à me frotter le dos.
    « Chut... »
    Esmée avait une façon d'écouter les pleurs que j'appréciai.
    Elle écoutait, mais d'une oreille attentive, où coulait des larmes, pour ne jamais ressortir.
    Je n'avais jamais pleuré.
    Je ne savais même pas que j'en étais capable.
    Tandis que Rose me soutenait, je réfléchis.
    Je ne pouvais pas parler, ma gorge me faisait mal, comme un tiraillement, où comme si j'avais gobé une pomme tout cru, sans prendre la peine de mâcher.
    Pourtant, je ne voulais que ça.
    Mâcher mes pleurs, les avaler, les oublier, les anesthésier, et surtout oublier Jacob.
    Ce qui n'était pas possible. Jake était l'homme de ma vie.
    « Oh, Nessie... » dit une voix.
    Alice. Sa voix aux accents sopranos avait pris un ton inquiet.
    « Tu PLEURES ?
    - Oui, elle pleure. La ferme, Alice, intima une autre voix.
    Rosalie.
    Je n'avais pas le droit de pleurer, on m'attendait, le bal allait commencer...
    Mais soudain quelqu'un d'autre arriva.
    IL se pencha vers moi et murmura :
    « Ness, qu'est-ce qu'il se passe ?
    - Rien... lai...ssez... moi... tran... quille...
    - Oui, fous lui la paix. Elle a d'autres soucis qu'un petit merdeux qui se la joue mystérieux pour draguer les filles, le rembarra Rose.
    - Rose... Je... vais me... re... ssaisir... ok ? Montre... moi... la robe... A... lice... et... Nat... Va-t'en. Je... te vois... au bal.
    - D'accord. »
    Il partit, ce dont je lui fus reconnaissante.
    « Oh, Nessie, si j'avais su que porter une... robe te ferait pleurer je ne l'aurais pas décidé, je suis navrée.
    - C'est pas ça, pauvre cruche. Jacob.
    - Ne lui parle pas comme ça Rosalie, dit Esmée.
    - Pas grave. Jacob ?
    - J'ai... quelques... doutes... à son su... jet. »
    Je commençai enfin à me calmer.
    « Des doutes ?
    - Oui. C'est juste... que... on... ne... parle plus... notre... relation est... moribonde. Mais ça... va... aller... n'en... parlons plus.
    - D'accord ma belle. »
    Rose, Esmée et Alice m'habillèrent avec beaucoup de patience et d'amour, elle relevèrent mes cheveux, m'enfilèrent ma robe, de jolies chaussures noires à talon, des grands anneaux en argent, mais pas vulgaires.
    Puis je montai dans la voiture de Alice, où Jasper, Emmett et Carlisle m'attendaient, l'air inquiet.
    « Ça va, ça va. Mais pas un mot à Maman. Et essayez de ne pas trop y penser. Oubliez. J'aime beaucoup mes parents, mais ils ont une légère tendance à dramatiser. »
    Et tandis que la voiture roulait en direction de la salle des fêtes, je n'imaginais pas que cette soirée allait redéfinir ma vie entière.

     
    chapitre 13

    Trahison

    Trahison
    "Un baiser apaise la faim, la soif. On y dort. On y habite. On y oublie. " Jacques Audiberti


    « Je te dis que ça va.
    - Oui, elle va bien, Emmett. Elle est juste un peu... inquiète, intervint Jasper.
    - Alors calme la ! »
    Aussitôt, je sentis une onde de sérénité m'envahir. J'adressai un sourire reconnaissant à Jasper.
    « Tu es sûre que ça va aller ?
    - Oui oui, Esmée.
    - Si elle te dit que ça va, ne t'inquiètes pas pour elle, ma chérie.
    - Mais Carlisle, Jacob...
    - Jake est mon âme sœur, Esmée. Tout ira bien. Tous les couples ont des doutes, n'est-ce pas ? Sinon ils cèdent à la routine et donc à l'ennui. Le doute entretient le couple. La certitude le détruit.
    - Mouais. »
    Elle était peu convaincue, et je me doutais que Jasper était pour quelque chose dans cette acceptation de mes pauvres arguments.
    Nous étions devant l'entrée de la salle des fêtes, et Jake en sortit.
    « Salut, ma chérie.
    - Bonjour Jacob. »
    Il me sourit et me prit par la taille pour m'entraîner vers la piste de danse, où se déroulait « Flightless Bird » de Iron Wine, et en le suivant, je surpris le regard inquiet de ma famille et leur adressai un sourire qui se voulait rassurant.
    Nous entamâmes un slow maladroit, car il était tellement grand qu'il devait se pencher et moi me mettre sur la pointe des pieds pour que je puisse enrouler mes bras autour de son cou.
    « Bon sang, Jake, tu mesures combien ?
    - Je ne sais pas. Je ne me mesure plus. Ce n'est pas toi qui peux me dire que je grandis vite, Renesmée Carlie Cullen.
    - C'est vrai, rigolai-je. Mais c'est fini, maintenant. Depuis presque dix ans.
    - Oui.
    - Je peux ? »
    Nat. Qu'est qu'il faisait là ? Ah oui, je lui avais dit « je te retrouve au bal ».
    « Bien sûr » dit Jake.
    Avant de grommeler dans sa barbe « comme si j'avais le choix ».
    Il partit, mais pas sans m'avoir auparavant promis « je reviens, Nessie ».
    « Alors ça va mieux ? »
    Oh. J'avais oublié. Il m'avait vue pleurer.
    « Oui. C'était rien, de toute façon, un coup de blues. Ça arrive à tout le monde, n'est-ce pas ? »
    Il opina.
    Bizarrement, nous dansions avec harmonie, comme si nos deux corps avaient été créés pour être compatible dans l'art qu'est la danse.
    « Alors, Ness, si tu me parlais un peu de toi ? Nous n'avons pas eu beaucoup le temps de parler.
    - Je n'ai rien à dire. Je ne suis... qu'une humaine. Banale. »
    Je retins un sourire. Je savais très bien mentir.
    J'avais dû l'hériter de mon père, qui avait démontré ce talent, 18 ans plus tôt. Cela avait failli très mal finir, mais cela l'a convaincu de l'impossibilité de la vie sans ma mère, et vice-versa.
    « Je ne crois pas. »
    Je tressaillis. Que savait-il ?
    « Comment ça ?
    - Eh bien, je ne crois pas que tu sois banale. »
    Je me rassurai. Il ne savait rien. Je me faisais tout le temps des films, de toute façon.
    « Merci. »
    Je rosis.
    « J'aime quand tu rougis. Il est drôle de voir combien cette couleur contraste avec ta peau un peu... ivoire.
    - Toi non plus, tu n'es pas très bronzé. »
    En effet. Mais il n'était pas pâle façon vampire, comme moi. Il était pâle comme un humain qui n'a jamais beaucoup eu l'occasion de se prélasser sur la plage.
    « Non. »
    Il sourit. Ce qui me donna l'occasion de remarquer que ses dents étaient blanches et régulières.
    « Viens. »
    Nous sortîmes de la salle pour aller nous percher sur un tronc, dans la forêt dressée juste à côté. Elle était sombre et dense, ce qui normalement ferait sûrement peur à une humaine.
    C'est bien connu, les filles de cette espèce sont de vraies froussardes.
    Mais je n'étais pas humaine, et les forêts obscures n'étaient pas pour me déplaire.
    « Et toi, Nat, qui es-tu ?
    - Eh bien, je suis... moi.
    - Non, ce n'est pas ce que je veux dire et tu le sais. Ta famille, ton histoire... ?
    - Eh bien, mes parents sont morts il y a longtemps.
    - Désolée.
    - Mais non. J'ai été recueilli par ma tante, Olivia, mais elle aussi est... décédée. »
    Oh. Son histoire n'était décidément pas très joyeuse.
    « Je suis vraiment navrée.
    - Bref, j'ai été émancipé, et maintenant je vis dans une petite maison, tranquille.
    - Tu n'es jamais... Enfin, tu ne te sens jamais seul ?
    - Si. »
    Il fit un sourire amer.
    « Mais on s'habitue Ness, on s'habitue. »
    Puis il me regarda.
    Et là, je sus que quelque chose avait changé. Sans être capable de dire quoi.
    Sans que je puisse m'arrêter, comme si mon corps s'était soudainement séparé de mon esprit, je me penchai et posai mes lèvres sur les siennes.
    Non !
    Ce n'était pas possible.
    Je n'avais pas le droit.
    Mais j'étais incapable de rompre ce baiser.
    Mes veines étaient en ébullition, et, en voulant le repousser, mes mains firent le mouvement inverse, l'attirant plus fort contre moi.
    J'allais le briser ! Ma force était trop développée pour un faible humain.
    Un humain.
    Mon Dieu.
    Je ne pouvais pas faire ma vie avec lui. Il allait vieillir, il allait mourir, j'allais souffrir.
    Mais cela ne suffit pas à me stopper.
    Ce baiser... était différent de ceux de Jacob.
    Jacob. Mon âme sœur.
    Pourtant, cette information me paraissait maintenant insignifiante, comparée à l'intensité du désir que je ressentais pour le simple humain qui me tenait, qui m'hypnotisait, qui m'obsédait.
    Et qui m'embrassait comme si sa vie en dépendait.
    J'avais envie d'oublier mes obligations, mon destin, et surtout Jacob.
    Me détacher de Jake.
    Je ne l'avais jamais autant désiré.
    Mais c'était impossible.
    Mais j'étais aussi incapable de me détacher de l'homme en face de moi.
    Cet homme qui gâchait ma vie, qui la bouleversait, et qui défaisait le canevas bien ordonné de mon existence.
    Dont j'avais envie de répéter le nom encore et encore.
    Nathan.


    chapitre 14



     

    "Quand on aime, rien n'est plus beau que l'être aimé. Quand on n'aime plus, rien n'est plus beau que le prochain amour. " Fabien Blanchot

    « Nessie, où es-tu ? »
    Je sursautai. Jake.
    Nathan me lâcha. Je n'oserais plus jamais le regarder dans les yeux.
    Au souvenir de notre baiser, mon cœur s'agita, et, déjà qu'il battait plus fort que celui des humains, il cogna contre mes côtes tel un camion heurtant un mur.
    « Ness... chuchota-t-il.
    - Non, Nathan. Oublie. Moi, je vais oublier. »
    Décidément, j'étais la reine du mensonge, ce soir.
    Redescente sur Terre. Mon nuage s'était dissipé, un nuage doux, mais pas blanc.
    Noir et bleu nuit. Mon nuage personnel : Nathan.
    Impossible d'oublier. Mais j'essayerais.
    Et lui... Les humains se remettent vite, c'est connu.
    Il trouvera une jolie jeune fille, il l'épousera, et aura de beaux enfants bruns.
    A cette pensée, une onde de jalousie me traversa.
    N'importe quoi. Nat n'était pas à moi. Il referait sa vie, et c'était parfaitement normal. Je ne lui souhaitais qu'être heureux.
    « Je suis là, Jacob ! On... discutait.
    - Oui » confirma celui avec lequel j'avais trahi l'homme de ma vie.
    Ce que, bizarrement, je ne regrettais pas. J'étais un monstre.
    Encore quelque chose à cacher à mon père.
    Le visage de l'homme qui était ma destinée, encadré par de longs cheveux de jais, passa à travers un buisson.
    « Nessie ? Tu viens ?
    - Oui. »
    Je ne pourrais regarder aucun des deux dans les yeux, finalement.
    Il passa un bras possessif derrière mon épaule, et quand il voulut m'inviter à danser, je refusais.
    « Non, Jake. S'il te plaît. Je n'ai pas envie. Je crois que je vais plutôt... »
    Je cherchai une idée et repérai une table de buffet remplie de nourriture insipide à l'air parfaitement infect.
    « ... manger des petits fours.
    - D'accord. »
    Je pris un canapé recouvert de... en tout cas, cela avait l'air douteux, mais, trop bouleversée pour me soucier de mon statut de végétarienne, je le gobai tout rond, comme les yeux de Jacob, exorbités.
    « Renesmée... »
    Mon nom entier. Mauvais signe.
    « Quoi ?
    - Ce sont des rillettes. »
    Là, je ne tins plus. Je craquai.
    Je partis en courant, mes jambes tremblantes me portant à peine.
    Je retins ma vitesse sous l'œil humain, mais dès que je fus seule, j'avançai plus vite, sûrement même plus rapidement qu'une voiture de course.
    Je finis par m'arrêter et je m'allongeai près d'un arbre, attendant que le ciel m'avale, qu'il m'engloutisse, qu'il me mâche, pour finir par me faire disparaître de ce monde où j'aurais voulu ne jamais exister.
    Mais les cieux restaient là où ils étaient, ponctués d'étoiles que je ne méritais pas, d'étoiles qui me faisaient mal à la tête.
    A cet instant, je voulais mourir, et, accédant presque à ma requête, les vapes du sommeil m'engloutirent, à défaut du ciel.
    Malheureusement pour moi, je rêvai.
    Je rêvai de Nathan.
    Je n'avais pas le droit. C'était impossible que je finisse avec un humain.
    Je n'étais pas venimeuse, et donc ne constituait en moi-même aucun danger pour Nathan, mais j'avais et j'aurai 17 ans pour toujours !
    Il méritait d'avoir une vie simple.
    Dans mon songe, je revécus son baiser, son baiser si différent de ceux de Jacob, et je ne comprenais toujours pas pourquoi.
    Mais quand je pensai à Jake, puis à Nat, soudain, je compris.
    Je compris la relation entre mes parents.
    Je compris la relation entre Jasper et Alice, Emmett et Rosalie, Esmée et Carlisle, Leah et Gabe, Kim et Jared, Claire et Quil.
    Je compris le sens des regards qu'ils échangeaient.
    Je compris le véritable sens du mot amour.
    Et cela ne correspondait en rien à ce que je ressentais pour Jacob.
    Mais pour Nathan.
    Mais cela ne changeait rien.
    Je me contenterais de Jake.
    Car à partir de cette révélation, je savais que je ferais tout pour que Nat soit heureux.
    Il ne me méritait pas.
    Il méritait plus.
    Car ma révélation était si intense que je comptais bien l'absoudre.
    Et elle était vraie depuis plus longtemps que je ne le pensais, datant d'avant ce baiser.
    J'aimais Nathan.

    chapitre 15
    Appel inattendu
    "Le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain. " Roland Dorgelès

    Plus tard, sachant que je devais retourner affronter la dure existence qui était la mienne, je me levai, mais pour me courber aussitôt.
    Mince. Je ne savais pas que je pouvais vomir. Mais j'ai avalé des rillettes.
    A cette pensée, je récidivai derechef.
    Puis j'entendis une voix.
    « Elle est vers là. J'entends ses pensées. »
    Qu'est-ce qu'il faisait là ? Ne pas songer à Nathan, ne pas songer à Nathan.
    Le visage de mon père apparut soudain.
    « Oh, Nessie... »
    Puis il fronça les sourcils.
    « Pourquoi traduis-tu ton cours d'histoire en roumain ? »
    Je changeai de tactique.
    « Du romanche ??? Renesmée, qu'est-ce qui se passe ?
    - Rien Papa. Je suis juste... partie me promener. »
    Il ne parut pas dupe, mais il n'insista pas.
    « Allez, on rentre à la maison. Prends là dans tes bras, Edward, elle est malade.
    - Qui est malade ? »
    Carlisle soupira.
    « Ta fille. Tu ne vois pas ? Elle est toute verte. »
    Mon père me regarda de plus près. Je me justifiai.
    « J'ai mangé des rillettes.
    - Mais qu'est-ce qui t'es passé par la tête ?
    - Rien, éludai-je. Tu n'es pas censé être en voyage de noce ?
    - Je vais y retourner. Mais j'ai reçu un appel très angoissé de Jake... J'ai convaincu ta mère de rester là-bas, mais c'était de peu. J'ai cru qu'elle allait faire une crise de panique. Mais franchement, que s'est-il passé ? Et ne pense pas en roumain, s'il te plaît. - il y eut un blanc – Ni en japonais !
    - Désolée.
    -Allez, tu es fatiguée, je te ramène à la maison. Mais quand Bella et moi rentrerons, tu as intérêt à avoir une bonne excuse ! Tu m'as fait si peur, mon ange ! Tu sais à quel point tu m'es précieuse, à quel point je t'aime. Alors sois un peu généreuse avec ton père en évitant de lui coller une crise cardiaque.
    - Tu ne peux pas en avoir, tu es un vampire.
    - Ne joue pas avec les mots, s'il te plaît. »
    Nous devions être arrivés au cottage car je sentis que l'on me posait sur un lit.
    Le lendemain, nous étions dimanche, et je savais que ce jour-là, comme tous les autres dimanches, Jacob prenait l'avion pour aller voir son père. J'en fus soulagée.
    Alice se trouvait dans la cuisine quand je descendis.
    « Mmm, ça sent bon.
    - Tu parles. Ce que les humains... et toi mangent sent... ce n'est même pas descriptible, tellement ça sent mauvais.
    - Que me vaut le fait que ma tante adorée me prépare des pancakes ?
    - Il faut qu'on parle. »
    Oh oh. Je me renfrognai.
    « Quoi ?
    - Tu ne peux pas cacher ça à ta « tante adorée », comme tu dis. Tu es amoureuse de ce Nathan, n'est-ce pas ? »
    Je ris, alors qu'intérieurement j'avais envie de pleurer, et de me cacher dans la cave, enfouie sous une pile de matelas, pour ne jamais en sortir.
    « N'importe quoi ! Tu as décidément beaucoup d'imagination. Tu sais bien que Jake est imprégné de moi, comment pourrai-je aimer quelqu'un d'autre ? »
    Elle rit aussi, sûrement de sa bêtise. Elle ne savait pas à quel point elle avait raison.
    Nous fûmes coupées dans notre hilarité, la mienne fausse, par la sonnerie du téléphone. Alice se précipita pour répondre, mais je la coupai.
    « Hep hep hep ! Tu es chez moi, ici. »
    Je tendis la main et décrochai.
    « Allô ? »
    Derrière moi, l'odeur des pancakes m'assaillait. Je n'avais qu'une envie puérile, à ce moment là : raccrocher et filer les engloutir.
    « Qui est-ce ? » demanda une voix de femme.
    Elle pleurait.
    « Renesmée Cullen à l'appareil. Vous êtes ?
    - Cullen ? Bella et Edward ont une fille ? «
    Je ne savais plus quoi dire. J'optai pour un simple :
    « Qui est à l'appareil ?
    - Renée Dwyer. »
    Mon Dieu. Grand-mère. Qu'est-ce qu'elle voulait ?
    « Ah oui, j'ai entendu parler de vous. Qu'est-ce qui se passe ?
    - Pouvez-vous transmettre à Bella que je viens la voir ? Elle me manque. »
    Je sursautai. Elle ne pouvait pas venir. Elle n'avait pas le droit de connaître notre secret.
    « Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. »
    Elle sanglota de plus belle.
    « Mais j'ai besoin d'elle. Et puis c'est trop tard. Je suis dans l'avion.
    - Mais pourquoi maintenant ? »
    Pour le coup, elle versa un niagara de larmes.
    « Phil... Phil est mort. »

    chapitre16

    Rassemblement

    Rassemblement
    "Ne laisse jamais la crainte de le perdre t'empêcher de jouer un match" Comme Cendrillon (c'est un film)


    « Mais qu'est-ce qu'on va faire ?
    - Comment elle a réagi, dans ta vision, tout d'abord ?
    - Je ne sais pas... Tu devais être présente dans la pièce à ce moment-là. »
    Je secouai la tête, désappointée.
    « Il faut prévenir Bella. Et Edward.
    - Oui, opinai-je.
    - Je... vais à côté. Leur téléphoner. Et toi, va prévenir les autres. »
    Je partis vers la maison principale, une grande villa blanche avec beaucoup de fenêtres, reproduite à l'identique de celle de Forks.
    Tout comme le cottage.
    Esmée m'ouvrit la porte et, quand elle vit mon expression inquiète, elle me demanda :
    « Nessie ? Quel est le problème ?
    -... Renée, chuchotai-je.
    - Oh. »
    Elle me fit entrer et nous nous précipitâmes dans la salle à manger, qui en fait était une salle de réunion.
    « Carlisle, Emmett, Rosalie, Jasper ! Descendez ! On a un gros problème ! »
    Jasper et Carlisle descendirent les premiers, bientôt suivis d'Emmett et Rose, qui avait les cheveux ébouriffés.
    « T'aurais dû prendre le temps de te rhabiller correctement, Tonton. » raillai-je, ou du moins essayai.
    Il referma sa chemise et il prit une chaise au bout de la longue table en verre.
    « Quel est ce... souci ?
    - Renée, articulai-je. »
    Ils me regardèrent, l'air hagard, comme si ils se demandaient si je plaisantais. Je mis le coup de grâce.
    « Elle est dans l'avion. Phil est mort.
    - Mon Dieu ! »
    Carlisle dut s'asseoir.
    « Comment ?
    - Je ne sais pas. Elle n'a pas précisé. Elle pleurait trop. Elle veut voir Bella. »
    Ils se turent, et je devinai que chacun s'imaginait un scénario de rencontre dans leur tête.
    « Le meilleur conseil que l'on pourra avoir sera celui de Bella. Je vais l'appeler.
    - Alice est en train de le faire, le coupai-je.
    - Ils n'ont jamais eu de voyage de noces qui finissent bien, en fait ! »
    Je fusillai Emmett du regard.
    « Moi, je suis le plus grand malheur qui soit arrivé à cette famille, c'est ça ?
    - Ce n'est pas ce que je voulais dire.
    - Si.
    - Non. On t'aime tous, ici, Nessie, et tu le sais, alors ce n'est pas la peine de prendre la mouche pour si peu.
    - Excuse-moi. Je dois être un peu bouleversée.
    - Oui. Je comprends.
    - Il faudrait peut-être appeler Charlie, suggéra Rosalie.
    - Bonne idée, chérie. Non ? »
    Je fixai Emmett. Oui, il avait raison. C'était une bonne idée.
    Charlie saurait comment rassurer Renée.
    Bella m'avait tant parlé d'elle que j'avais l'impression de la connaître réellement. D'ailleurs, je l'aimais déjà, sans pourtant l'avoir rencontrée un jour.
    « Je vais l'appeler, et lui dire de venir à Forks. Il arrivera avant elle. Forks est moins loin de Jacksonville. »
    Ce que je fis.
    « Allô ?
    - Salut Pépé Charlie, c'est Ness...ie. »
    Je m'étais habituée au surnom stupide que m'avait donné Nathan, que j'aimais pourtant d'une façon inconcevable et ridicule. Après tout, ce n'était qu'un nom. Mais bon, c'était Nat qui me l'avait inventé.
    Nathan.
    Rien qu'à penser à lui, mon cœur se tordit d'amour et de désespoir.
    Non. Ce n'était pas le moment. Je penserais à lui plus tard.
    « Qu'est-ce qui se passe ?
    - Phil est mort et Renée débarque. »
    Je l'entendis assimiler la nouvelle en déglutissant.
    « Oh mon Dieu. »
    Décidément, cette expression avait l'air très appropriée au moment, vu le nombre de fois où les autres l'avait utilisée, aujourd'hui.
    « Oui. Il faut que tu viennes, Charlie. On a besoin de toi pour parler à Renée quand...
    - Oui. J'arrive tout de suite. Je ne fais pas de valise, je n'ai pas le temps. Vous avez du linge pour moi, chez vous ? »
    Je ne croyais pas. Mais Alice se ferait une joie d'aller faire du shopping, au pire.
    « Oui. Je t'embrasse.
    - Moi aussi Nessie. Je t'aime fort. »
    Je raccrochai.
    « Il vient le plus vite possible. »
    Les autres hochèrent la tête. Et c'est à ce moment précis que je cédai au désespoir.
    Je me laissai tomber par terre, le dos collé au mur blanc.
    « Qu'est-ce qu'on va faire ?
    - Ça va aller, Nessie. Bella et Edward arrivent. »
    Alice. Elle me prit dans ses bras, et finit par demander :
    « Tu ne vas pas te remettre à pleurer, au moins ?
    - Non. »
    Elle parut rassurée.
    Plus tard arrivèrent mes parents, ma mère l'air ému et angoissé à la fois, mon père ayant juste l'air de redouter cette rencontre.
    Bella me serra dans ses bras couleur coquillage, et Edward m'embrassa, sa bouche paraissant encore plus glacée que d'habitude sur ma joue chaude.
    Mais aucun ne moufta, et le silence pesa, imposant, tel une araignée guettant sa proie, et prête à reprendre le dessus au moindre faux pas.
    Charlie finit par montrer le bout de son nez je ne sais plus combien d'heures plus tard, et lui non plus ne dit rien.
    Contaminée par la bactérie du silence, Alice, pourtant toujours si pipelette, ne le brisa pas.
    Puis le moment fatidique dût faire son entrée.
    La sonnette carillonna et j'allai ouvrir, étant, à part Charlie, celle avec la figure la plus humaine et normale, si l'on puit me qualifier ainsi.
    Renée me plût immédiatement.
    Mince, de taille moyenne, de vagues stries grisées parcourant ses cheveux châtains clairs, elle avait un air triste mais décidé.
    « Bonjour. A qui ai-je l'honneur ?
    - Je m'appelle Renesmée.
    - Renesmée comme... ? s'étonna-t-elle.
    - Comme Renée et Esmée, oui. Je suis la fille de Bella. »
    Sa réaction me surprit. Elle se jeta à mon cou en pleurant.
    « Renes... mée... tu es... si... belle... » bégaya-t-elle.
    Cela me rappela ma naissance, les premiers mots que Maman m'avaient adressés.
    « Où... est... ta mère ?
    - Euh... »
    Bella intervint. Elle qui était cachée au fond du salon sortit de l'ombre.
    « Je suis là, Maman.
    - Bella ? C'est toi ?
    - Oui. Nous allons t'expliquer. Sache d'abord que quoi qu'il arrive, quoi... »
    Elle fut interrompue par Renée qui, en voulant l'embrasser, avait tressailli au contact de sa peau glaciale.
    « Tu es glacée, ma chérie. Tu devrais prendre un bain chaud.
    - Laisse moi finir... Quoi qu'il arrive, quoi que je te dise, sache que je ne te ferais pas de mal. Ni personne dans cette pièce. Je te le jure.
    - Qu'est-ce que tu veux dire ?
    - Viens t'asseoir, d'abord. »
    Tout le monde posa son séant sur les divers fauteuils et canapés que la pièce offraient, et j'attendis avec appréhension la suite.
    Qu'allait dire Renée ?
    Aurait-elle peur, ou se comporterait-t-elle comme Charlie ?
    Ma grand-mère, je le savais, était quelqu'un de très peureux, voir craintif.
    Quelqu'un à protéger plutôt qu'à mettre dans le secret.
    Mais était-elle froussarde jusqu'à rejeter sa propre fille ?
    Et moi, dans tout ça ?


    chapitre 17

    Surprise

    "Ce n'est pas de toi que j'ai peur. J'ai seulement peur de te perdre, peur que tu disparaisses..." Si vous ne savez pas d'où vient cette réplique, vous n'êtes qu'une bande d'incultes.


    « Maman... » commença Bella.
    Tout le monde retint son souffle dans la pièce.
    J'avais d'ailleurs remarqué, quelques secondes plus tôt, que Renée sentait très bon, un mélange... d'agrumes et de... cannelle.
    « Attends, attends ma chérie. »
    Renée s'interrompit et plissa les yeux.
    « Tu as mis des lentilles ?
    - En fait...
    - Aucune importance, la coupa sa mère. C'est atroce, tu sais, que je vienne aussi tard. 17 ans... Il est déplorable que j'ai attendu la mort de Phil pour venir. Il aurait tant aimé rencontrer ta fille. J'en suis certaine. Elle est très belle. »
    Elle me regarda.
    « Oui, tu ressembles beaucoup à ta mère, mais tu as aussi beaucoup d'Edward. N'est-ce pas ? » rajouta-t-elle, s'adressant à son gendre.
    « Oui », opina ce dernier.
    Tout à coup, Charlie apparut. Je l'avais presque oublié. Renée aussi.
    « Charlie !?? Qu'est-ce que tu fais là ?
    - Tu devrais écouter ce que notre fille a à te dire, Renée.
    - Comment ça ?
    - Maman... »
    Bella se tut, attendant sûrement l'inspiration. Edward intervint.
    « Renée... Ce que nous allons vous dire aujourd'hui, c'est très... inhabituel.
    - Je vous écoute. »
    Je décidai de parler.
    « Renée... Vous...
    - Oh, je t'en prie. Appelle-moi Grand-mère et tutoie-moi.
    - Grand-mère. Crois-tu aux... vampires ? »
    On cessa de respirer.
    Mais Renée éclata de rire.
    « Bien sûr que non !
    - Tu devrais. »
    Elle fixa chacun des membres de la pièce.
    S'arrêta sur notre peau pâle, le changement de Bella, les visages des Cullen, inchangés, et souffla.
    « Non... Ce n'est pas possible. »
    Bella s'avança.
    « Pardon Maman. »
    Elle s'étreignirent, et je fus étonnée de la facilité du déroulement des choses.
    Trop facile, même.
    Quelque chose clochait.
    Mais Renée alla vers Edward et lui demanda :
    « Alors depuis le début, c'était ça ? »
    Puis, à sa fille :
    « C'est pour ça que tu voulais rester à Forks. Tu étais au courant de leur secret. Pour ça que je ne pouvais jamais venir te voir, que tu avais toujours une excuse. Pour ça que Charlie restait vague et mystérieux au téléphone, pour ça que l'on ne m'a jamais parlé de Renesmée... »
    Elle ne s'adressait pas vraiment à nous, c'était plutôt comme si elle réfléchissait et levait le voile sur tous les mystères qui avaient encadrés sa relation avec Bella à voix haute.
    Mais Alice se mit à crier, un cri de terreur pure.
    Et Edward cria :
    « Non !!! Il faut empêcher ça ! »
    Empêcher quoi ??? Je ne comprenais pas, ne comprenais plus. De quoi parlait-il ? Qu'avait vu Alice ?
    « Mon amour, accompagne ta mère jusqu'au cottage. Elle sera à l'abri.
    - Qu'est-ce qui se passe, Edward ?
    - Vas-y, s'il te plaît. Ce n'est pas le moment. »
    Elle lui lança un regard interrogateur, n'insista néanmoins pas.
    « Papa ?
    - Edward ? »
    Nous l'avions tous interpellé, mis à part Alice, au même moment.
    Carlisle s'avança le premier.
    « Où est le problème, Edward ? Elle l'a plutôt bien pris, non ?
    - Justement, souffla-t-il.
    - Je ne comprends pas. »
    Soudain, je sus. Je ne sais pas comment, mais je sus.
    Et criai à mon tour :
    « NON !!! Ils ne peuvent pas, ils n'ont pas le droit ! »
    Esmée, Carlisle, Rosalie, Emmett et Jasper me dévisagèrent sans comprendre. Mais Edward me dit :
    « Si, mon ange. Ils peuvent. Et ils vont le faire. Tu sais bien que selon eux, elle n'a pas le droit de savoir.
    - Mais qui ??? »
    Tout le monde avait encore parlé en même temps. Je décidai d'expliquer.
    Je savais qu'un seul mot suffirait.
    Suffirait pour amener la terreur et la crainte de l'avenir.
    Je le prononçai quand même, en articulant chaque syllabe, comme si le dire lentement empêcherait que CELA se produise trop vite.
    « Les Volturi. »


    chapitre 18

    Peur

    Peur
    "La peur est un cri, la terreur est un murmure. " Anonyme

    Ce fut sans étonnement que je les vis passer de l'incompréhension à l'horreur.
    Les Volturi.
    Rien que ce mot suffisait à plonger tous ceux qui les connaissaient pour ceux qu'ils étaient dans la terreur la plus totale et justifiée.
    Ils avaient voulu tuer ma mère, puis moi.
    Ils étaient des prédateurs, tel des lynx affamés, se nourrissant de la peur des autres de leur espèce, à la vue affûtée, prêts à repérer le moindre faux pas, prêts à sauter sur leur proie. Celle-ci étant les erreurs de nous autres vampires.
    Si Renée n'avait pas peur de nous, les Volturi...
    « Il faudrait appeler les transformeurs. »
    Les loups-garous, aurai-je corrigé habituellement. Mais j'étais trop chamboulée pour faire comme d'habitude.
    L'habitude n'existait plus. Tous les derniers événements l'avait annihilée.
    Nathan, Renée, et maintenant les Volturi...
    Apportais-je la poisse, ou toutes ces complications étaient elles écrites, à l'instar de Jacob et moi ?
    « Oui. Je m'y colle. »
    J'étais en effet celle qui nouait la relation la plus étroite avec les Quileute de la famille. Même de Bella.
    Je composai un numéro les doigts tremblants, et retentit un « Le numéro que vous demandez n'est pas attribué. Veuillez re... »
    Je coupai la voix féminine de peur de me remettre à vomir, et cherchai dans le répertoire.
    Sam. Cela irait.
    « Sam Uley à l'appareil, j'écoute ?
    - Sam, c'est Renesmée.
    - Oh, mais que me vaut cet appel ?
    - On a besoin de la meute. Quand pouvez-vous débarquer ? Par contre, je te préviens, c'est du lourd.
    - ... Qui... ?
    - Les Volturi. »
    J'entendis un cri d'angoisse et de surprise au bout du fil. Cela ne m'étonna guère plus que de la part des miens. Les Volturi étaient TRES redoutés.
    « Attends deux secondes. Je regarde... »
    Je perçus le bruit d'un clavier et le cliquement d'une souris.
    « Il y a un vol dans une heure. On le prend et on débarque demain matin. »
    Je gémis.
    « Ce sera beaucoup trop tard...
    - Panique pas, va. Tout se passera bien. »
    Je me mis à hurler, laissant éclater ma terreur, mon appréhension, le fait qu'une horrible intuition sur l'avenir me faisait penser que c'était fini, le fait que ma présence empêchait Alice de voir le dénouement du combat.
    « Non, tout ne se passera pas bien !!! On va tous mourir !
    - Bon écoute, Nessie, calme-toi. Je te rappelle. A demain. »
    Je restai quelques minutes le combiné sans interlocuteur à l'oreille, espérant que les bip frénétiques de l'appareil me calme, sans trop y croire.
    Car on aurait plutôt dit que le téléphone avait aussi peur que moi.
    Pour la deuxième fois de ma vie, j'éclatai en sanglots. Mais qu'est-ce que j'avais, enfin ? On aurait dit ma mère quand elle était enceinte de moi.
    Les autres ne firent pas de remarque, respectueux de ma colère, de mon angoisse et de mon chagrin.
    Et encore, ils ne savaient pas, pour Nathan.
    Non non, Ness, ne pense pas à Nat maintenant. Pas le moment, pas le moment, okay ?
    Ness. J'adorais ce surnom, à présent.
    Peu importe.
    « Bon, si on m'expliquait ce qui se passe, maintenant ???
    - Bien sûr, Bella. Mais... Nessie, va te changer, va. »
    Je baissai les yeux. Ah oui. Effectivement.
    J'avais encore ma robe de bal, quoique toute froissée, ayant dormi avec.
    Ma magnifique robe bleu nuit.
    Bleu nuit. Comme les yeux de Nathan.
    J'allais exploser. Pourquoi tout dans mon entourage me le rappelait ???
    Sa délicieuse odeur un peu citronnée, mes doigts pâles en contraste avec ses cheveux sombres tandis que je l'attirais contre moi...
    Non. Effacer ces souvenirs, les étouffer dans l'œuf. J'en étais capable. Ou pas.
    Je penchai plutôt sur le pas, d'ailleurs.
    Ness, Nathan. N. Je ne l'avais pas encore remarqué.
    Pas le moment, pas le moment.
    Dans ma chambre, en voulant l'enlever avec un peu trop d'empressement, je déchirai ma robe. Aucune importance.
    Au pire, je rembourserais Alice.
    J'étais sans doute la fille de 17 ans la plus riche de la planète, vu l'argent de poche que mes parents me donnait et celui qu'ils viraient sur de multiples comptes secrets à mon nom, Renesmée Carlie Cullen.
    Je me couchai en chien de fusil sur mes draps multicolores, et m'endormit.



    chapitre 19


    Les transformeurs


     

    "En Amérique, seuls les écrivains qui ont du succès sont importants, en France, tous les écrivains sont importants, en Angleterre, aucun n'est important, en Australie, vous devez expliquer ce qu'est un écrivain. " Geoffrey Cotterell

    Attention ! criai-je, mon cri résonnant dans la forêt profonde.
    Mais Nathan ne m'écouta pas, et se jeta sur l'immense loup brun-roux qui le dominait de toute sa hauteur.
    Commença un combat, qui, à mon grand malheur, se solda par un atroce résultat.
    Dans un « au revoir » plein d'émotion, Nathan s'écroula, ne laissant de lui qu'un corps inanimé, que toute âme avait déserté.
    Jacob reprit forme humaine, me prit dans ses bras robustes et, je ne sais pas pourquoi, je le suivis, pleurant à chaudes larmes.
    Je me réveillai en sursaut.
    « Eh, ça va ? »
    La dernière voix que j'avais envie d'entendre en cet instant.
    « Ne t'inquiètes pas pour Renée. Tout se passera bien.
    - J'ai parlé dans mon sommeil ? m'inquiétai-je.
    - Tu as prononcé mon nom. »
    Il avait l'air tout fier.
    « Et j'ai dit quoi, sinon ?
    - Tu as juste dit mon nom, Jacob, et aussi 'Attention !'.
    - Ah. »
    J'étais rassurée. Si il m'avait entendu dire « Nathan », j'aurais été mal.
    J'avais hérité de la tare de ma mère : grommeler quand je dormais.
    Atrocement gênant, mes parents venant souvent dans ma chambre, la nuit. Pour me regarder dormir, selon eux. Franchement, je ne voyais pas l'intérêt.
    Je descendis, escortée de près par Jake, et je trouvai dans la salle à manger tout le monde, loups-garous, vampires et humains.
    Un drôle de rassemblement, où tout le monde savait tout sur tout le monde.
    Ou presque. Moi, je conservais, avec mon don si particulier, un semblant de vie privée. Je dis bien un semblant.
    « Oh, salut Renesmée. Bien dormi ?
    - Comme un loir, vu tous les problèmes qu'on a en ce moment. »
    A question idiote, réponse idiote.
    Ils étaient tous là, à part Leah.
    Ils m'apprirent d'ailleurs qu'elle avait avoué à Gabe la vérité, et qu'il l'avait plutôt bien pris. Je fus contente pour elle de la fin de son calvaire.
    Nous mîmes au point un plan, mais la sonnette retentit.
    J'allai ouvrir, pour le regretter aussitôt.
    « Ness.
    - Nathan.
    - Il faut qu'on parle. »
    Il était si beau que j'en eu le cœur brisé. Un humain n'avait pas le droit d'être aussi mignon. Je fus tentée de lui sauter au cou pour le couvrir de baisers.
    Mais j'étais destinée à Jacob. J'avais des devoirs à respecter.
    J'entendis un cri provenant de la pièce d'à côté. Alice avait sûrement eu une vision inquiétante.
    J'avais peur. Très peur. Mais hors de question de le laisser transparaître.
    « Ecoute Nathan, c'est vraiment pas le moment.
    - Mais ce ne sera jamais le moment, je parie. Tu remettras ça au lendemain, puis au surlendemain, jusqu'à l'apocalypse. »
    Il avait raison, mis à part qu'il mourrait avant l'apocalypse. J'imagine.
    « Mais ce n'est VRAIMENT pas le moment. »
    Comme pour valider mes dires, une voix trop familière résonna.
    « Nessie ? Un problème ?
    - Non, Jake. »
    Puis, à Nat :
    « Va-t'en. On se voit au lycée. »
    Je regrettai de suite mes paroles. Et si il les interprétait ?
    Mais ce n'était apparemment pas le cas, car il me sourit, un sourire plein d'amertume et de tendresse.
    « C'est ça, ouais. Tu ne couperas pas à cette explication, Ness. Je t'aurais prévenue. »
    Je lui claquai la porte au nez, peu soucieuse d'être polie. Puis me précipitai voir Alice.
    « Qu'as-tu vu ? »
    Mais Jacob m'interrompit, l'air furieux.
    « Qu'est-ce qu'il te voulait encore, ce type ? Il commence à me taper sur les nerfs. »
    Je lui adressai un regard peu amène.
    « Tu crois vraiment que c'est le moment ?
    - Excuse-moi. »
    Il prit un air penaud mais, l'ignorant, je me retournai vers Alice.
    « Alors ? »
    Elle avait une expression tétanisée. Je m'aperçus, avec un temps de retard, que c'était le cas de tous les occupants de la pièce.
    Bella prit la parole en première, terrorisée.
    « Ils viennent plus tôt que ce qu'on avait prévu. Ils seront là dans dix minutes. »


    chapitre 20

    Attente

    Attente
    "L'attente commence quand il n'y a plus rien à attendre, ni même la fin de l'attente. L'attente ignore et détruit ce qu'elle attend. L'attente n'attend rien." Maurice Blanchot

    Un instant, je restai moi aussi figée sur place, menottée et ligotée par la peur, le mauvais pressentiment.
    J'allais perdre des miens dans la bataille. Je le savais. Seulement, loups-garous ou vampires, telle était la question. Peut-être les deux.
    Le désespoir prit sauvagement mon cœur trop rapide pour le tordre entre ses mains puissantes et destructrices.
    La terreur résonnait dans ma boîte crânienne, se répercutant contre ses parois, pour mieux se répandre dans mon corps entier.
    Dix minutes. Des minutes qui s'écoulaient, lentement mais sûrement, notre frayeur commune coulant dans nos veines, des loups-garous aux vampires, qui, même si les leurs étaient gelées, la sentait quand même.
    Prenant mon courage dans mes mains tremblantes, je pris la parole.
    « Kim... Emily... Claire..., mettez-vous à l'abri. Charlie et Renée aussi. Vous n'êtes que... des humains. On ne sait pas ce qu'il peut vous arriver. Emmett ? »
    Pour une fois sérieux, il acquiesça, puis, dans un signe de signe à Rosalie, tous deux allèrent les loger en sécurité je ne sais pas où ; sûrement loin d'ici.
    Renée m'embrassa, suivie de suite par tous les autres, comme dirigés par un fil invisible, un fil de marionnette, ce que nous étions tous à cet instant, trop terrorisés pour décider tout seuls de nos actes.
    « Ils sont toujours au courant de tout. J'aurais dû m'en douter... se morigéna Edward.
    - Tu n'y es pour rien Papa. C'est la poisse. Rupture d'anévrisme de Phil, les Volturi, Renée. La poisse, je te dis. »
    Je ne mentionnai pas Nathan. Je pensais que cette dose de problèmes était suffisante pour soutenir ma théorie de la malchance. Et j'avais raison, car il hocha la tête et marmonna :
    « Foutu karma... »
    Il est vrai que je n'y avais jamais cru, mais ses paroles me semblèrent pleines de sens, en ce moment tragique, presque théâtral.
    La mort s'approchait de l'un, ou de plusieurs de nous à grands pas silencieux, je le sentais, comme une certitude, comme si quelqu'un me l'avait soufflé à l'oreille pendant mon sommeil pour mieux me le graver dans l'esprit.
    « Les Denali vont venir » me prévint Bella, sa magnifique voix aux accents de clochettes soudain toute chevrotante.
    « Mais qu'est-ce qu'il veulent, au juste ? Renée ne peut pas déclencher tout ce tintamarre, tout de même.
    - Ce n'est pas seulement ta grand-mère, Nessie. Ils ont enfin l'occasion de déclencher une grande bataille. Ils s'ennuient depuis presque deux décennies, tu comprends ? Ils ont besoin d'un peu d'action. »
    J'encaissai la nouvelle en déglutissant bruyamment.
    Je comprenais mieux, soudain. Ils voulaient de la mort. De la mort, du sang et des larmes. Façon de parler, bien entendu. Les vampires ne peuvent pas pleurer.
    Ils tueraient autant de monde qu'ils pourraient.
    Mon Dieu, et si ils s'en prenaient à Nathan pour mieux m'atteindre ? Après tout, Marcus pouvait détecter les relations.
    Non, je stressai pour un rien. Car je n'avais pas de relation avec Nat.
    J'étais amoureuse de Jacob. Du moins extérieurement. Notre amour était, quand on nous voyait, évident. Ils ne savaient pas que ce sentiment n'était peut-être pas à double sens. Enfin, si. Mais je me rendais aujourd'hui compte que mon amour envers Jake était plus fraternel qu'autre chose.
    Mais je finirai par épouser Jacob quand même.
    Je pris aussitôt la décision que, si nous sortions tous deux vivants de cette affaire, j'accepterai d'en faire mon époux.
    Pour l'éternité. Loin de Nathan, tous les deux avec, peut-être, nos enfants bruns.
    Soudain, tout le monde se raidit dans la pièce, tendant l'oreille.
    Les dix minutes étaient écoulées.
    La porte s'ouvrit lentement, on pouvait presque l'entendre grincer, ou du moins aisément l'imaginer, tant on aurait dit un mauvais film d'horreur plein de clichés stupides et facilement prévisibles.
    Mais nous n'étions pas dans un film d'horreur.
    Car apparut Jane, suivie d'Alec et de tous les autres membres du clan, un sourire sadique sur le visage


    chapitre 21

    Renforts

    Renforts
    "Toutes les batailles de la vie nous enseignent quelque chose, même celles que nous perdons. " Paulo Coelho

    « Renesmée ! Ça fait trop longtemps ! » s'exclama Aro sur un ton faussement enjoué.
    Je retins une grimace de dégoût devant son visage de papier soudain tout plissé, comme si quelqu'un l'avait pris dans ses mains pour le chiffonner.
    « Trop longtemps » opinai-je, sarcastique.
    En vérité, le laps de temps pendant lequel je ne le verrai plus serait toujours trop court plus qu'autre chose.
    Carlisle fut le premier à oser demander, au bout de longues minutes de silence, ponctué par des regards assassins entre les Volturi, les loups-garous et le clan d'Olympic – le nôtre :
    « Et que nous vaut cette visite impromptue ?
    - Mais le plaisir de nous voir ! sourit Sulpicia
    - Bien sûr, susurra Bella.
    - Isabella ! Toi aussi, tu m'as manqué. »
    Aro avait annoncé cela d'un ton peu convaincu, et il fixa pendant quelques secondes son regard sur le bras d'Edward enlaçant la taille de ma mère. Ce qui agaça apparemment mon père.
    « Quoi ?
    - Rien. Vous êtes mignons, tous les deux. On dirait... que vous vous aimez. C'est... très étrange.
    -Il est étrange qu'on s'aime ?
    - Non. Que vous le montriez. Le propre d'un vampire, c'est de ne pas laisser apparaître ce qu'il pense.
    - Avec moi comme interlocuteur, c'est raté, constata Edward.
    - Effectivement. »
    Ce petit dialogue lui fit non seulement resserrer son étreinte protectrice autour de ma mère, mais m'attraper de son bras libre pour me placer derrière lui. Athenodora rigola.
    « On ne va pas la manger, ta fille.
    - Vraiment ? »
    Mon père avait dit ça avec l'intonation de celui qui n'est pas dupe. Athenodora ne s'y fit d'ailleurs pas prendre.
    « Vraiment.
    - Mais venons au vif du sujet, enchaîna Aro. Vous savez, je présume, tous pourquoi nous sommes ici.
    - Non, mentit Alice.
    - Renée. »
    Bella frémit malgré elle. Jane dût prendre ça comme une confirmation, car elle nous adressa un sourire satisfait et nous annonça d'une voix enfantine :
    « Vous savez que pour elle, maintenant, c'est la transformation en vampire, ou nous nous en occuperons, n'est-ce pas ? Et il me semble que j'ai vu ton père dans la machination aussi, Isabella. Fais attention. Tu ne voudrais perdre tes deux parents, n'est-ce pas ? Alors écoutez-moi bien. Je vais parler au nom de tous. Nous reviendrons dans deux jours. Le clan au complet. Si deux vampires en plus n'ont pas été crées – vous voyez ce que je veux dire –, vous aurez affaire à nous. »
    Sur cet avertissement, ils partirent, si vite que ma vision vampirique fut la seule chose qui me le fit remarquer.
    « Mon Dieu », souffla Rosalie.
    Je n'avais pas remarqué qu'elle était revenue. C'est en tremblant un peu que je posai la question fatidique.
    « Qu'allons-nous faire ? »
    Je n'avais pas la réponse.
    Mais une voix familière, que je n'avais pas entendue depuis un long moment, retentit.
    « Bonjour. On vient d'arriver. On a entendu votre conversation avec les Volturi.
    - Tanya ! »
    En effet, ils étaient tous là. Kate, Eleazar, Carmen, Tanya et maintenant Garrett.
    Puis Edward me dit :
    « On sait tous ce que l'on va faire, Nessie. N'est-ce pas ? » ajouta-t-il à la cantonade.
    Et ce fut Emmett qui répondit.
    « Oui, nous savons effectivement ce que nous allons faire. »
    Se retournant pour mieux me dévisager, il m'informa, en articulant bien les syllabes, du plan prévu.
    « Se battre. »


    chapitre 22


    Confession

    Confession
    "Aimer, c'est être embêtant, tatillon, exigeant, c'est vouloir qu'on soit mieux qu'on est, c'est empoisonner l'existence de l'être qu'on aime. " Jean Dutourd


    Tandis que l'horreur de se qu'il venait de dire s'insinuait lentement dans mon esprit, ils commencèrent à discuter de stratégies. Ne voulant pas entendre ça, je sortis de la pièce à grands pas, pressée de m'allonger sur mon lit.
    Mais Bella me rattrapa.
    « Hep hep hep ! Où tu vas comme ça ?
    - Ben, dans ma chambre. »
    Je ne comprenais pas. Pourquoi m'obliger à rester écouter des plans de bataille que je n'approuvais pas ?
    « Non, ma puce. Tu vas au lycée.
    - Quoi ? »
    J'étais estomaquée. Une guerre sanglante se profilait à l'horizon, ils séchaient les cours tous les quatre matins, et, habituellement, j'en avais aussi le droit, ayant déjà toutes les connaissances nécessaires à mon âge extérieur, et plus encore, et je devais aller au lycée ???
    « Mais Maman...
    - Taratata. Tu vas y aller, et puis c'est tout.
    - Pourquoi ?
    - Tu vas retrouver tes amis, te détendre un peu, et essayer de mettre de côté nos problèmes d'ordre surnaturel. »
    Je doutais d'en être capable. De plus, si je retournai au lycée, j'allai devoir parler à Nathan, Jacob restant sans doute ici, avec les autres et son père, qui était lui aussi venu.
    « Maman... » protestai-je une dernière fois.
    Car je savais que j'avais perdu, de toute façon.
    « Bon, je vais y aller... soupirai-je.
    - Tu devrais peut-être te changer d'abord. » remarqua Bella, louchant sur ma tenue.
    Je baissai les yeux. J'avais occulté mon pyjama. Un vieux jogging et un t-shirt blanc, comme, m'avait confié un jour celle-ci, ma mère, étant humaine.
    Aujourd'hui, je pense que la nuit... Eh bien, soit elle ne dormait pas, donc elle avait des vêtements normaux, soit...
    Je préférai ne pas y penser. C'était la vie privée de mes parents, après tout.
    Bref, elle n'avait guère besoin de pyjama, maintenant.
    ¨Par conséquent, après m'être changée, je sautai dans ma BMW et partis pour le lycée de Rennes, qui s'appelait Emile Zola.
    Oh... my... god... ! J'aurais dû m'en douter, aussi.
    IL m'attendait, un air soucieux sur le visage.
    Je savais que je n'éviterai pas une confrontation, je m'approchai donc de LUI à pas furieux, histoire de m'en débarrasser au plus vite.
    « Ness. » me salua-t-il.
    Rooh... Pourquoi avais-je encore envie de l'embrasser ? Cela m'énervait !
    Un nouveau sentiment, encore inconnu jusqu'à présent, s'emparait de moi sans que je puisse le contrôler, ce qui m'agaçait prodigieusement, ne pouvant mettre le doigt sur le nom qu'on lui donnait.
    Cette attraction irrésistible qui me poussait vers lui...
    « Nathan. »
    Il prononça alors la phrase qu'aucune femme, humaine ou non, ne prend plaisir à entendre.
    « Ness... Il faut qu'on parle. «
    Génial, eus-je envie de grommeler. Mais j'allais lui faire, avec ce que j'avais à lui dire, assez de mal comme ça. Pas la peine d'en rajouter en le vexant.
    « Quoi ? »
    Je pris une voix froide. Mieux valait qu'il crût que je ne voulais pas de lui plutôt qu'il sache que je ne POUVAIS pas m'approcher de lui. Trop dangereux.
    Pour lui. Ou pour moi ?
    Peu importe.
    « Je voudrais te parler. Viens. »
    Il m'attira d'une poigne forte dans un coin de la cour sous le regard jaloux de Kelly. Je n'avais pas remarqué que Nat lui plaisait.
    « Qu'as-tu à me dire ?
    - Ben voilà, je... Au sujet d'hier soir... »
    Il rosit. L'envie de me jeter à son cou me reprit. Je croisai les bras, histoire de me donner une contenance.
    « Ben... Euh... Je voulais te dire... Je ne sais pas ce que ce baiser signifiait pour toi. Je sais que tu es... prise, si je puis dire, mais... »
    Il eût un sourire qui laissait entendre qu'il riait d'une plaisanterie que lui seul pouvait comprendre.
    « Bref.
    - Ce baiser... »
    Je frémis (de plaisir) rien qu'à y penser.
    « Il ne signifiait absolument rien. Je devais être un peu soûle. Il faut que tu m'oublies, Nat. »
    Il croisa lui aussi les bras, et je regrettai de ne pas pouvoir lire dans ses pensées. J'avais la certitude qu'il savait QUELQUE CHOSE sur moi. Mais quoi ???
    « Le truc, Ness, c'est que je ne peux pas oublier. »
    Il me fixa droit dans les yeux, et je crus que j'allais défaillir de désir refoulé.
    « Parce que... »
    Je ne savais pas trop à quoi m'attendre pour la suite. Allait-il me dire qu'il ne pouvait pas oublier d'avoir embrassé un mi-vampire, d'avoir embrassé une aussi jolie fille que moi ?
    En tout cas, parmi toutes les idées loufoques qui me passaient par la tête, je n'avais pas imaginé l'étrangeté de ce qu'il allait me dire.
    « Parce que je ne peux pas me passer de toi depuis le jour où tu es venue m'engueuler au self parce que je te regardais. Avant cette dispute, j'étais juste... intrigué par toi. Mais depuis ce jour-là, Ness... »
    Il passa ses deux bras au dessus de mes épaules pour s'appuyer contre le mur derrière moi.
    « Ness, depuis ce jour... Je t'aime. »

    chapitre 23

    Confrontation

    Confrontation
    "Il est rationnel, étant donné notre conception de l'individu et de l'univers, que le désir se manifeste en nous. L'arracher de vive force, en torturant notre chair et notre âme, c'est rompre l'harmonie. " Alexandra David-Neel

    Je restai un instant estomaquée. Puis je me mis à compter lentement dans ma tête. Un, deux, trois. Bon, il fallait que je prenne la parole, maintenant. Quatre, cinq, six. Maintenant. Sept, huit, neuf. Dix. Bon. Je tournai au ridicule, là.
    « Euh... »
    Il fallait que je me retienne.
    L'envie de lui sauter au cou était forte, si forte... Mau-vaise i-dée-Re-nes-mée, articulai-je pour moi-même dans mon esprit embrouillé.
    « Ce n'est pas réciproque. Je suis navrée. »
    Ses mots me lacéraient le cœur avec la véhémence de dents spécialisées dans le déchiquetage, des dents de « sangsue », comme disait Jake, tandis que je vis son visage prendre une expression triste, si triste...
    Je ne tins plus.
    Je lui bondis littéralement dessus.
    Il me rendit mon baiser avec ardeur et passion, un mélange de tristesse et de joie étrangement compatible en cet instant plein d'indécision – moi – et d'amour – lui... et moi –.
    Appelant mes volontés les plus enfouies au fond de moi, je le repoussai avec vigueur, tout en retenant ma force vampirique. Je te tenais pas particulièrement à l'écraser, sinon contre moi.
    « Mais, Ness... »
    Il ne comprenait pas plus que moi mon refus de m'abandonner à lui.
    Mais je n'avais pas le choix. Mon destin n'avait qu'un visage : Jacob. Et mon refus aussi n'avait qu'un visage : Jacob. Mais il tenait aussi du fait du statut de l'homme en face de moi. Ce qu'il était. Un homme. Un humain beau à tomber au sourire ravageur, dont j'étais éperdument amoureuse, jusqu'à oublier Jacob, mes obligations, mon destin... Mais un humain. Un humain fragile et... mortel ; point non négligeable.
    Je portai impulsivement la main à mon cou, où reposait depuis dix-sept ans le médaillon que m'avait offert ma mère, à mon premier Noël, contenant une photo de mes parents et moi, changée régulièrement, en vue de ma croissance accélérée, et une inscription.
    Qui correspondait très bien à Nathan.
    « Nathan. Cela ne change rien.
    - Mais... tu viens de m'embrasser ! »
    Il paraissait éberlué. Retenant le flux sanguin de mes joues qui trahirait à coup sûr mon mensonge, j'annonçai lentement, en articulant soigneusement :
    « Le désir et l'amour ne vont pas toujours ensemble, Nat. Tu es bien gentil, mais oublie-moi, va. »
    Je ponctuais ma dernière phrase d'une tape amicale sur son épaule, et une vague de désir engloutit ma volonté. Je me sentis fondre. Non, non et non !
    Il me regarda avec incompréhension, le regard plein de tendresse, de tristesse et de... pitié. Etrange. Pitié ? Pourquoi ? Ce devrait être plutôt à moi d'éprouver de la pitié pour lui, pas l'inverse.
    « Tu ne comprends rien, Ness. »
    Je ne comprenais pas ??? Oh que si, je comprenais. Je comprenais que l'imprégnation de Jake avait un but précis, et que je n'avais pas à faire ma forte tête pour influer sur ma destinée.
    Je comprenais sûrement mieux que lui.
    Je le fixai avec une moue arrogante qui m'était venue aux lèvres malgré moi, malgré la tragédie du moment présent.
    « Si, je comprends. C'est toi qui ne sais rien. Rien du tout. »
    Loups-garous, vampires, hybrides, humains, surnaturel... Quelles étaient ses connaissances dans ce domaine, hein ?
    « J'en sais peut-être plus que tu ne veux bien le penser, que je ne veuille bien le dire. »
    Je le contemplai un moment.
    Qu'est-ce qu'il voulait dire ?
    « Il y a des choses auxquelles tu ne dois pas te frotter, Nathan. Dont moi.
    - Oh que si, je me frotterai à toi. Je ne demande que ça. »
    Pourquoi ne voulait-il pas comprendre, pourquoi ne voulait-il pas m'écouter ?
    J'en rajoutai une couche, histoire de le protéger, de lui faire peur, qu'il ne m'approche plus, malgré la douleur que cela engendrait pour moi. Encore une fois, j'articulais lentement, choisissant mes mots avec soin, pour y insinuer le minimum de révélations possibles. Il ne fallait pas qu'il sache. Le problème de Renée et Charlie était largement suffisant.
    « Je suis... dangereuse, Nathan. Il ne FAUT pas m'approcher. Tu dois m'éviter comme... vampire évite le soleil, si tu veux. »
    Je m'évertuai à ne pas sourire à cette métaphore ô combien vraie.
    « Je ne te crois pas. Mais je sais pourquoi tu dis ça. C'est un masque. Tu dis ça pour éloigner les gens. »
    J'en béai d'étonnement. Pourquoi me cernait-il aussi... justement ?
    Décidément, que de pourquoi, aujourd'hui.
    Décidée à avoir le dernier mot, je répliquai :
    « Tu as tort. »
    Et, lui adressant un sourire froid, en essayant de ne pas y intégrer de l'amabilité, épreuve très difficile, je tournai les talons.
    Et tandis que je marchai à grands pas furieux, mais circonspects, vers le bâtiment principal, je repensais à la citation du médaillon.
    « Plus que ma propre vie. »


    chapitre 24

    Abandon

     

     

    "Un livre, pour mériter d'être écrit, doit susciter des désastres, engendrer des perditions, des anéantissements, des trahisons de l'ordre social, il doit prodiguer le feu d'un incendie esthétique." Maurice Dantec

    « Mademoiselle Cullen !!! » tonna le professeur de géographie.
    J'essayai de sortir de ma torpeur. Je m'endormai, bercée par la chaleur émanant du radiateur et la musique apaisante sortant des enceintes de la télévision.
    « Oui, Monsieur ? » ânonnai-je, la voix pâteuse.
    Je me relevai sur mon tabouret et... tombai. J'étais vraiment pataude, ce jour-là, mince !
    Je m'énervai contre moi-même, et luttai contre une envie irrépressible de me donner des claques.
    « Ouille !
    - Ça va, Nessie ? »
    Kelly me regardait, un air inquiet sur le visage.
    « Oui, très bien. »
    Mais ma voix avait un ton furieux. Kelly ne s'y fit d'ailleurs pas prendre.
    « Mouais.
    - On ne vous dérange pas, surtout ?
    - Un poil, monsieur. Mais ce n'est pas grave.
    - Vous vous croyez maligne, Renesmée ? »
    Je gloussai nerveusement.
    « Non, monsieur.
    - Vous allez changer de place. Allez donc à côté de... Martin. »
    Je soupirai, mais obtempérai. Puis il s'adressa à toute la classe.
    « Je vous rappelle que madame Toquer est présente demain matin. Donc, vous aurez technologie, et puis ensuite arts plastiques. Mr Cadiou sera là également. »
    Des grognements retentirent dans la salle. En effet, ces deux professeurs étaient absents les jours précédents.
    « Génial... » grommela mon voisin, un bonhomme aux lunettes rondes.
    Puis il me remarqua, et il me sourit d'un air allumeur.
    « Salut. Je suis Martin.
    - Eh moi, je suis Maquée, rétorquai-je froidement.
    - Tu crois vraiment que ça va me décourager ? »
    Je lui adressai une mimique exaspérée. Les gars et leurs plans dragues... Qu'ils étaient lourds ces humains. Sauf... je ne penserais pas à ce nom. Vous avez compris.
    « Oui.
    - Tu as tort. »
    Bon sang. La plupart du temps, je gérai les humains avec la plus grande politesse possible, mais là, ce n'était vraiment le moment de m'énerver.
    « Ecoute moi bien, l'humain à lunettes. Tu vas fermer ta grande g... bouche et suivre ce cours, sinon tu vas encore plus diminuer ton sex-appeal, quand t'auras plus de dents. »
    Il siffla, l'insolent !
    « Je vais me faire trucider par une nana. J'aimerais bien voir ça. » sourit-il, amusé.
    Garde ton calme, Renesmée.
    Parce que si je continuais comme ça, il allait se retrouver sans tête. Je n'étais pas un vampire nouveau-né, ni un loup-garou. Je me contrôlai donc, habituellement, mais là... il dépassait les bornes. Ou c'était moi.
    Je pris donc ma respiration, serrai mes mains autour de mon tabouret, que je devrais d'ailleurs débarrasser de grands copeaux de bois si je ne voulais pas laisser mes traces de doigts dans le meuble fragile.
    Je me tracassai pour un rien. Mais demain...
    C'en était presque risible. Arts plastiques, suivis de LA grande bataille. Qui ferait des morts, j'en étais certaine. Avais-je un don de prémonition ?
    La journée passa lentement, je « séchai » le self le midi, voulant éviter Nathan.
    J'allai au parc, et en regardant l'eau de la fontaine centrale couler, je sus que rien n'avait changé. Si j'aimais Nat, comme je le pensais, je ferai tout pour le protéger.
    Je me fis moi-même penser à mon père. Je comprenais soudain mieux son raisonnement, son entêtement à maintenir Bella loin de lui. J'avais cru que c'était par bêtise, maintenant je savais que c'était par amour.
    Jacob m'aimait, je l'aimais. Pas du même amour, certes, mais quelle importance ? Des couples qui tenaient des siècles s'étaient formés comme ça.
    J'avais lu que l'amour était comme un bébé chêne qu'on plantait, et qui avec le temps, devenait un solide arbre.
    Jacob et moi étions le bébé chêne. Tout irait bien.
    Plus tard, quand je montai dans mon cabriolet avec appréhension, je conduisis lentement, peu désireuse de rentrer affronter l'atmosphère funéraire de la maisonnée.
    Je finis pourtant par arriver, et on m'accueillit par des moues découragées et choquées.
    « Que se passe-t-il ? »
    Ce fut Carlisle qui me répondit. Si il avait pu pleurer, je pense qu'il l'aurait fait. Mon grand-père n'étant habituellement pas une mauviette, ce la ne m'inquiéta que plus.
    « Tanya. »
    Je fus soulagée. Tanya. Et alors ? Elle était avec nous, certes, mais ce n'était pas la personne à laquelle je tenais le plus. Je fus quand même attristée de sa mort, par-dessous le soulagement que j'éprouvai.
    Edward me détrompa.
    « Non, ma puce. Tanya n'est pas morte. C'est pire. »
    Pire ? Je ne comprenais pas. Qu'est-ce qui pouvait être pire ?
    « Tanya nous a trahis. Elle a rejoint les Volturi. »
    chapitre 25

    Stupéfaction

    "La jalousie est comme un acide qui attaque d'abord le coeur du jaloux lui-même pour atteindre ensuite celui qu'il jalouse. " Ostad Elahi


    Je restai un instant tétanisée, tenue en laisse par la surprise.
    Pourquoi ? Tanya était avec les Denali, les Denali était notre famille, on s'aimait, au sein d'une même famille.
    Edward perçut encore une fois ma pensée et répondit à ma question muette et compréhensible.
    « Elle est jalouse. Elle l'a toujours été. Cependant, j'ai été assez bête pour ne pas en tenir compte. »
    Je ne pouvais parler. Aussi je protestai par la pensée, en effleurant la main de Rosalie.
    Mais jalouse de quoi ? On l'aimait, non ? Elle nous aimait aussi... Ou était-ce un masque destiné à mieux nous trahir... ensuite ?
    « Elle... voulait, si tu veux, Edward. Elle était jalouse de Bella, de toi... Enfin, pas de toi. Disons qu'elle en voulait à Edward pour avoir fait de Bella la mère de son enfant, et pas elle. »
    J'ai pourtant toujours beaucoup aimé Tanya. Et elle me faisait sentir que c'était réciproque. Je crois.
    Ce fut Kate qui me répondit.
    « Elle t'aimait, Nessie. Mais elle t'aimait d'une façon... Elle te voulait pour elle, rien qu'à elle, d'une manière exclusive. Mais nous n'avions jamais pensé qu'elle ferait... ça. Le fait qu'elle t'aime, ou t'aimait, jouait plutôt dans ce sens là, d'ailleurs. »
    Tout se mettait brusquement en place dans mon esprit choqué. Jalouse.
    Evidemment, je savais qu'elle avait un petit béguin pour mon père, mais à ce point là ? Au point de trahir sa famille, ses amis ? Au point de rallier des gens qu'elle haïssait par dessus tout ? De nier son régime végétarien ?
    Je m'agrippai à Alice, qui intercepta mes songes.
    « Apparemment, Nessie. Apparemment.
    - Ness. »
    Je secouai la tête. Bon sang, pourquoi avais-je corrigé ? Je m'appelais NESSIE, pas NESS.
    « Comment ça, Ness ?
    - Non, rien. Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. Le choc, sans doute. »
    J'émis un rire nerveux. Alice fit un sourire plat, sans ironie ni joie.
    « Allez, va te coucher, me congédia Garrett.
    - Hors de question ! ripostai-je.
    - Nia nia nia. Tu vas te coucher, sans discuter, et puis c'est tout. »
    Bon. Mieux valait ne pas les énerver. On avait déjà assez de soucis comme ça, en plus des regards furieux que se jetaient loups-garous et vampires par-dessus la table. Je remarquai soudain un détail.
    « Où est Jacob ?
    - Il est parti chasser.
    - Ah. »
    Je ne pris pas la peine de me déshabiller ni de manger et me pelotonnai directement sous mes draps fins, en vu de ma température élevée.
    Je ne sombrai pas de suite, me retournant encore et encore dans mon lit, sans parvenir à trouver le sommeil tant espéré.
    Puis, quand je vis Nat se retourner vers moi, un grand sourire aux lèvres, je compris que je rêvai. Il me salua.
    « Ness. »
    Il était si beau, assis au pied de mon lit...
    Attendez une minute. Mon lit ? D'habitude, mes rêves se passaient plutôt dehors.
    « Je rêve, là ? » voulus-je m'assurer.
    Il me regarda avec un air éberlué.
    « Non, Ness. Je suis là. Ouh ouh. »
    Je criai, et je me réveillai en sursaut. Cela s'était-il vraiment passé, où avais-je rêvé ? Je ne savais pas, ne savais plus.
    J'attrapai le premier vêtement qui tomba de mon placard et me rendit dans la salle de bains.
    Sous le jet d'eau brûlant, trop brûlant, je ressassai les événements des dernières heures. Renée, Volturi, Tanya,... Que se passait-il ? Pourquoi le sort s'acharnait-il sur nous ?
    Je me rendis compte que ces ennuis avaient commencé depuis ma rencontre pour le moins indésirée avec Nathan.
    Mais c'était sûrement une coïncidence. Une fâcheuse coïncidence.
    Je sortis de la douche dans une grande éclaboussure d'eau, trempant au passage le tapis de bain. Peu importe. J'étais de toute façon la seule à utiliser la salle d'eau. Les vampires n'ont pas besoin de se laver.
    Oups. Le vêtement que j'avais pris dans mon armoire se révéla être une robe vert pomme que je n'avais évidemment jamais portée. Avec Alice, aucun habit ne se mettait deux fois.
    Je la mis pourtant, insoucieuse de paraître trop... belle.
    Je passai par la fenêtre, complètement amorphe, pour aller au lycée, peu désireuse de croiser les faces de déterrés des autres.
    Ma BMW avait dû être empruntée par un vampire voulant chasser, car elle n'était plus dans l'allée. Je dus me résigner à prendre celle de Rose, d'un rouge criard, rutilante.
    Je mis la radio à fond, tombant par un heureux hasard sur ''Clair de Lune'', de Debussy, une chanson que mes parents adoraient, et que j'avais imité dès mon plus jeune âge.
    Les cours passèrent très vite, et j'entrai en techno avec la ferme intention de tuer le temps en gribouillant sur mon cahier.
    Mais IL était assis au fond de la classe, m'attendant.
    chapitre 26
    "L'appréhension de la souffrance est pire que la souffrance elle-même. Et l'être le plus démuni trouve en lui des ressources inespérées de courage dès que la bête fond sur lui. " Jean-Paul Pinsonneault


    Rooh... Je pouvais peut-être faire demi-tour... Je louchai vers la porte mais un bras me rattrapa.
    « Hep hep hep !!! Tu restes ici. »
    Je tentai de protester.
    « Mais ! On a plein de soucis à la maison et il faut que...
    - Des soucis ? »
    Il fronça ses sourcils sombres.
    « Rien qui te regarde. Occupe toi des tes oignons.
    - Si si. Si ça te touche, ça me regarde. Tu es mes oignons. »
    Je soupirai.
    « Tes oignons sont dans ta cuisine, Nat. Ça ressemble à une cuisine, ici ? tentai-je de plaisanter.
    - Tu dis n'importe quoi, Ness. »
    Bon. Mieux valait employer les grands moyens. Je comprenais son entêtement, j'aurais fait la même chose, si les rôles avaient été inversés.
    « Laisse moi tranquille, Wells. Tu m'énerves. Lâche moi un peu les baskets, veux-tu ? »
    Son visage se tordit de souffrance.
    J'allai m'asseoir au fond, le plus loin de lui possible, et sortit mon cahier de brouillon. Je me mis à écrire tout ce qui me passait par la tête.
    Un cri retentit.
    « Mon Dieu, Renesmée, que faites-vous ? »
    Je levai la tête. La prof avait un air choqué sur le visage. Je compris pourquoi quand je baissai les yeux. Oh.
    Mon cahier était recouvert de mots du genre 'guerre', 'mort', 'souffrance',...
    « C'est... rien, madame. Juste du gribouillage. »
    Je refermai promptement mon cahier.
    « Vous devriez avoir honte d'écrire des choses pareilles au lieu de suivre le cours, Renesmée !
    - Excusez-moi, madame. »
    Je fis un sourire plein de remords – hypocrite, bien sûr – et elle fondit comme neige au soleil. Il émanait de moi une sorte de charme hypnotisant, et je le savais.
    « Ce n'est rien, mon petit. Mais tachez de vous tenir tranquille, maintenant. »
    Quelques filles firent des grimaces de dégoût et d'admiration réprimée.
    Les mecs étaient tous captivés par moi. On aurait dit que j'étais un morceau de viande, et eux des vautours affamés.
    Je me souvins brusquement de ma robe vert pomme et me rendis compte du décolleté de celle-ci. Oups. Heureusement que son dos nu était caché sous un boléro blanc.
    Par mesure de précaution, je cachai mon genou ivoire sous la haute table. Mon genou parfait et lisse, mes jambes douces et longues... J'aurais pu faire mannequin, si je le voulais.
    Mais ils m'auraient sûrement fait de prélèvements de sang, et là, bonjour la cata.
    Je tachai de suivre le cours, écoutant ce que je savais déjà.
    Alice avait prévu une interro surprise pour le mois prochain. Risible. Je me demandais parfois comment ces élèves ignorants allaient s'en sortir.
    Etrange... Nathan avait une expression... inquiète, et on aurait dit qu'il... réfléchissait.
    Ils n'étaient pas marrants, quand même. Ils auraient pu venir avec moi au lycée au lieu de me jeter dans la fosse aux lions. Quoique ils n'étaient pas au courant pour Nathan. Ils ne savaient donc pas à quel point les cours me pesaient, à quel point j'appréhendais les pauses et les intercours.
    J'aimais ma famille de tout mon cœur trop rapide, mais parfois, ils m'énervaient trop.
    C'était comme mes parents et moi. Nous étions le yin et le yang. Très différents mais coexistant avec harmonie, pas l'un sans l'autre. Nous nous complétions comme les pièces d'un puzzle compliqué aux milles et une facettes.
    J'eus une bouffée d'amour et de détresse en pensant à eux. Et si ils mouraient dans la bataille ? Mon cœur se fendit en deux, tranché avec agressivité par une hache trop affûtée.
    J'avais peur. Très peur.
    Je n'allai pas en arts plastiques, et traversai directement après la technologie la cour à toute vitesse, pressée de retrouver la rutilante voiture.
    Je retrouvai la maison avec soulagement et appréhension. C'était ce soir qu'ils venaient.
    Je rentrai par la porte blanche, comme le reste de la villa, et je vis à l'intérieur les visages de tout le monde.
    Personne ne dit mot quand je pris place autour de la longue et grande table de verre, et cela jusqu'à l'arrivée des Volturi.
    Jacob s'approcha et me prit dans ses bras. Je m'accrochai à lui, à cet être que j'aimais comme le grand frère que je n'avais jamais eu.
    Il était ma bouée en cet instant de naufrage total et irréversible.
    Quelques heures plus tard, Alice se raidit, ce qui détonna dans le silence et l'immobilité totale ambiante.
    Nous nous tournâmes tous vers elle.
    « Ils arrivent. Maintenant. »
    La porte s'ouvrit.

    chapitre 27

    Ostracisme

    "Craignant qu'il ne fut banni du ban de l'ostracisme." Jacques Amyot


    Si j'avais été devant mon petit écran, j'aurais zappé au bout de deux secondes de cet atroce film d'horreur. Mais jamais instant n'avait été aussi réel et terrorisant.
    Ils étaient tous là, et c'était bien mon père, et non un stupide acteur, qui était torturé par Jane sous nos yeux impuissants.
    Ma mère était occupée avec Félix, n'étant donc pas disposé à le protéger, et mon pouvoir, si faible, ne pouvait l'aider.
    Ma détresse était si grande que j'eus envie de hurler. Ce n'était pas le moment, aussi je révélai à Jane ce qu'elle voulait savoir.
    « Jane ! Arrête ! Je vais te dire !
    - Oui, j'écoute, Renesmée. »
    C'était un sacrifice immense. Mon père ou Renée ? Aucun des deux. On arriverait à la protéger. J'en étais sûre. Vraiment ?
    « Elle est toujours... humaine.
    - Ah ! »
    Dans sa bouche, ce mot sonnait comme une constatation. D'ailleurs, toute activité meurtrière cessa dans la maisonnée, le soudain silence de répercutant sur les vitres brisées.
    Le corps d'Edward arrêta de se contorsionner, ce qui me récompensa de l'effort que j'avais dû fournir pour lui dire la vérité, la lourde vérité, pleine de conséquences.
    « Eh ho, messieurs dames ! Pas ici ! On a des voisins ! intima Carlisle. Si vous voulez vous battre, on va dans la prairie. »
    Aro acquiesça, l'air furieux.
    Je ne sais comment, je me retrouvai soudain téléportée dans une grande prairie. Il y avait un grand ruisseau, des fleurs et une cascade argentée. C'était presque risible, ce décor pour une bataille prévue aussi... sanglante.
    Où étions-nous ? Nous aurions pu être aussi bien au Brésil qu'à Paris, ou encore dans la campagne de Los Angeles. C'était désert, perdu quelque part sur le globe. Un petit coin paumé de nature.
    Aro hocha la tête en direction d'une vampire femelle à l'imposante chevelure blonde.
    « Merci, Chelsea. »
    Oh. Elle devait avoir un don.
    Mais soudain, j'entendis un grognement sonore.
    « Renesmée, rentre à la maison.
    - Hors de questions, Papa ! »
    Mais j'étais déjà dans ma chambre. Chelsea était décidément très serviable.
    Impossible de dormir, évidemment.
    De toute façon, je ne voulais pas. Si c'était pour faire des cauchemars atroces...
    Je décidai de reprendre une douche. J'attrapai un short et un débardeur informe, insoucieuse du look que j'aurais avec.
    Ce n'est qu'en sentant l'eau ébouillanter ma peau que je me rendis compte que j'étais glacée, ma peau maintenant plus proche de celle des humains que de ma température habituelle.
    Mes nerfs se détendirent, et je me relaxai – mais vraiment un tout petit peu, car mon esprit vagabondait toujours vers les événements qui se déroulaient dans la prairie inconnue. Où se localisait-elle ? Je ne le savais pas, aussi était-ce sûrement fait exprès, pour que je n'essaye pas d'y aller quand même, ce que j'aurais évidemment fait si j'avais su où elle se trouvait – dans mon bain chaud, me réchauffant, ce qui était, je dois bien l'avouer, fort agréable, malgré les faits ténébreux qui me donnaient la chair de poule, tous tournant autour des Volturi.
    J'avais l'âge de mon père, bon sang ! Du moins en théorie. Aussi étais-je parfaitement de me battre au même niveau que lui.
    Ce fait de me protéger excessivement avait toujours tendance à m'agacer, c'est vrai, mais là, c'était encore pire que d'habitude.
    Je sortis du bain au bout de seulement quelques heures. Des morts avaient-elles déjà eues lieu dans la prairie mystérieuse ?
    Je ne savais pas si je voulais réellement le savoir, ou rester ignorante, pour éviter de laisser le chagrin me ballotter de toute part.
    J'enfilai à la va-vite les vêtements qui traînaient là où je les avais abandonnés, à cheval sur le rebord du lavabo.
    J'entrai dans ma chambre, et l'émulsion de couleurs de celle-ci me fit mal à la tête, alors que normalement elle me mettait immédiatement de bonne humeur.
    Mais le normal n'existait plus.
    Je finis par trouver le sommeil et fut réveillée en sursaut par un courant d'air.
    IL était là, au bout de mon lit. Il me sourit.
    « Salut, Ness. »
    chapitre 28

    Vérité

    Vérité
    "Les avantages du mensonge sont d'un moment, et ceux de la vérité sont éternels ; mais les suites fâcheuses de la vérité, quand elle en a, passent vite, et celles du mensonge ne finissent qu'avec lui. " Denis Diderot


    Je me redressai en sursaut dans mon lit.
    « Nathan ???
    - Non, le Pape, ironisa-t-il.
    - Mais... »
    Qu'est-ce qu'il faisait là ? Comment était-il entré ?
    « Comment... ?
    - Par la fenêtre.
    - Mais pourquoi ?
    - Au lycée, tu me snobes consciencieusement. Ici, tu n'as plus aucune raison de le faire. Je suis ici pour te dire...
    - Attends, attends. »
    Mince ! Qu'est-ce que j'allais lui dire ? Mais était-il vraiment venu me demander des comptes ou est-ce lui qui allait me donner des explications ?
    Ne sachant quoi penser, je préférai céder à la colère et fit tout mon possible pour ne pas exploser.
    « Mais... Qu'est-ce que tu fais là, d'abord ? De quel droit te glisses-tu dans ma chambre la nuit ? »
    C'était des questions purement rhétoriques, aussi fus-je étonnée de le voir répondre.
    « Aucun. Mais j'ai des raisons, et des bonnes raisons.
    - J'écoute. »
    Qu'allait-il me dire ?
    « Je... »
    Il prit une expression hésitante, comme si il hésitait à me dire quelque chose que je n'étais pas censée savoir.
    « Tu... ? Bon, Nat, écoute, entre nous, c'est vraiment pas possible, okay ? Je te conseille de laisser tomber.
    - A cause de Jacob ? »
    Il avait encore une fois visé juste.
    « Oui.
    - J'imagine que tu fais partie de ceux qui croient à l'imprégnation. »
    Je suffoquai.
    « Quoi ???
    - Ben, Jake est un transformeur, non ?
    - Je ne vois... absolument pas de quoi tu parles.
    - Oh que si.
    - Oh que non. »
    Nous nous fixâmes droit dans les yeux, furieux l'un comme l'autre, pendant de longues minutes.
    Je pris la parole en premier.
    « Eh puis, si tu crois aux légendes Quileute débiles, sache que ce n'est absolument pas la raison.
    - Parce que tu as du sang de vampire ? »
    J'eus le souffle coupé. D'où sortait-il ça ?
    Ce type était-il vraiment humain ?
    J'éclatai de rire, un rire faux, surtout à mes oreilles. Je ne sais pas si il le perçut.
    « D'où te viennent ces âneries ?
    - Je le sais. Parce que je suis comme toi. »
    C'était impossible. Sa peau brillerait un peu au soleil, brillance subtile invisible à l'œil humain. Elle serait plus pâle aussi. Son cœur battrait plus vite.
    « Impossible. »
    J'en oubliai mes réserves à avouer qu'il avait raison, à propos de ce que j'étais.
    « Si, possible.
    - Mais comment ? soufflai-je.
    - Mon père était comme toi. Il a eu une histoire avec une humaine. Elle n'a pas survécu. Je pense que ta mère est d'ailleurs la seule humaine qui a survécu à ce genre... d'accouchement. »
    Il tiqua sur le mot.
    « J'ai été élevé par ma tante humaine Olivia, jusqu'à ce qu'elle décède l'année dernière. Alors je suis venu m'installer ici, tout seul. Et je t'ai rencontré. »
    Je ne comprenais pas. Cela voulait-il dire qu'il était immortel ?
    Il avait en fait plus de sang humain que de sang vampirique, mais ce petit côté vampire suffisait-il à le rendre immortel ?
    « Je suis immortel, Ness. Comme toi. Je suis juste un humain basique... mais avec l'éternité devant soi. Tu comprends. »
    Non, je ne comprenais pas. C'était trop confus, trop nouveau.
    « Mais où est ton père ?
    - Il est mort. »
    J'assimilai la nouvelle, sans me douter qu'une encore plus étonnante allait suivre.
    « Tu le connaissais. »
    Mon Dieu.
    « Vraiment ?
    - Mon père... Mon père s'appelait Nahuel.

    chapitre 29


    Petite histoire

    Petite histoire
    "Le présent serait plein de tous les avenirs, si le passé n'y projetait déjà une histoire." André Gide

    Je réussis à balbutier.
    « Na... Nahuel ? LE Nahuel ? »
    Je n'en revenais pas. Bien sûr, j'avais eu des doutes sur l'humanité de Nathan depuis le début, mais NAHUEL ???
    « Oui, le Nahuel. »
    J'étais sous le choc. Je décidai de l'inciter à continuer.
    « Raconte moi. »
    Il m'observa, l'air suspicieux et circonspect.
    « Vas-y.
    - Eh bien, ma mère vivait avec ses parents dans une jolie maison dans un joli petit village. Tu vois le genre. Elle était jolie, intelligente, aimante et aimée. On ne m'a jamais communiqué son prénom.
    « Bref, une vie parfaite avec un beau ciel azur qui se dessinait à l'horizon. Elle avait une sœur prénommée Olivia, avec qui elle entretenait une relation très fusionnelle.
    « Elle allait se marier avec un homme très riche, Lord Barthelemy, et était, je crois, très heureuse à cette perspective.
    « Lord Barthelemy était très respecté, il passait pour un homme bon et juste.
    « Mais après le mariage, quand il s'est rendu compte que ma mère ne tombait pas enceinte, il s'est mis en colère, dans ne colère noire. Il disait quoi ? Après tous ses énormes efforts pour supporter ma mère, il n'allait en plus ne pas pouvoir avoir d'héritier ?
    « Pour s'en débarrasser, il l'a placée dans un asile, en faisant croire qu'elle était folle, pour se remarier ensuite. Je ne sais pas si il a finalement eu les fils qu'ils voulaient si éperdument.
    « Là-bas, elle un jour rencontré une femme qui y était infirmière, qui s'appelait Huilen. Elles sont vite devenues amies, Huilen se rendant très vite compte qu'elle était tout sauf folle.
    « Quand Olivia vint lui rendre visite, seulement un mois plus tard, car à cette époque les transports n'étaient pas particulièrement développés, ma mère lui narra avec animation sa rencontre avec ce Nahuel, le neveu de Huilen.
    « Olivia eut quelques doutes sur le fait que la fréquentation de cet homme pour le moins mystérieux soit une bonne chose pour sa sœur, mais devant le bonheur de celle-ci, elle n'osa pas protester.
    « Mais en effet, quelques jours plus tard, quand elle revint à l'asile, on lui annonça que ma mère était partie vivre chez une infirmière de l'hôpital d'une grande bonté.
    « Elle s'affola immédiatement de savoir cette sœur qu'elle aimait tant entre les mains de gens qu'elle n'avait jamais rencontré.
    « Elle demanda l'adresse, et on lui dit qu'on lui enverrait par la poste, le temps de retrouver les papiers.
    « Elle ne le reçut que plusieurs mois plus tard, les démarches administratives n'étant à l'époque guère plus rapides que les transports.
    « Elle se précipita de suite dans le village qu'on lui avait indiqué, et atterrit devant une petite maison en bois, l'air bien innocente, perdue dans cette forêt sombre.
    « Une femme à la tresse noire et aux atroces yeux rouges lui ouvrit. Elle fit un bond en arrière en découvrant, d'abord ces prunelles d'une couleur inquiétante, puis l'incroyable et inhumaine beauté de celle-ci.
    « Derrière cette femme, Huilen, il y avait un petit salon. La bousculant, ma tante entra dans la pièce et quelle fût sa surprise quand elle découvrit ma mère allongée sur le canapé, les yeux révulsés, et un énorme ventre pointant sous sa vieille chemise, grosseur informe et terrifiante qui semblait aspirer ses chairs de toute part, faisant pointer ses os et ressortir son squelette.
    « A ce moment là, Huilen et un homme, qui devait sûrement être Nahuel, mon père, prirent la fuite.
    « Olivia s'occupa à partir de ce moment-là de ma mère. Je t'épargnerai les détails. Sache seulement qu'elle n'a pas survécu, et est morte de fatigue quelques heures après ma naissance, par voie naturelle, comme on dit.
    « Ne me tenant pas pour responsable de la mort de l'être qu'elle aimait le plus au monde, elle reporta l'amour qu'elle portait à sa sœur sur moi, m'élevant comme son propre enfant.
    « Elle se rendit compte que, sans, comme toi, avoir une croissance accélérée, je finis quand même par arrêter de grandir, vers l'âge de dix-huit ans.
    « Au début, elle ne s'inquiéta pas, se disant que j'avais atteint l'âge adulte. Mais pourtant, elle finit par se rendre compte que je ne grandissais plus, quand, lorsque j'aurais dû avoir une vingtaine d'année, j'avais encore un physique d'adolescent.
    « Malgré la peur que cela a engendré au début, elle avala très bien la pilule et nous continuâmes à vivre ensemble comme avant.
    « Un jour, elle me raconta l'histoire que je suis en train de te narrer.
    « Puis, elle a fini par mourir de vieillesse, le cycle de la vie.
    « Et la dernière importante étape de ma vie, ça a été ma rencontre avec toi. J'ai tout de suite compris ce que tu étais, ainsi que ta famille.
    « J'ai voulu te le dire, le premier jour, à la cantine, mais... Je ne sais pas. J'imagine que l'on peut dire que je me suis dégonflé.
    « Puis tu es venue me parler. Et à ce moment-là, d'un coup, quelque chose avait changé. Je n'ai compris vraiment quoi le jour où... tu vois. Au bal.
    « Bref. Je connais les vieilles légendes Quileute. Aussi je ne comprenais pas comment quelqu'un pouvait être destinée à quelqu'un et embrasser quelqu'un d'autre.
    « Puis, j'ai compris. J'ai compris que les légendes ne changent rien aux sentiments, que le destin ne pouvait avoir raison du cœur. Et... »
    Mais il ne pût finir sa phrase.
    Car la porte s'ouvrit à la volée
    chapitre 30

    Compte-rendu

    Compte-rendu
    "Il aimait la mort, et ses sombres promesses,
    Avenir incertain d'un garçon en détresse,
    Il voulait mourir, laisser partir sa peine,
    Oublier tous ces jours à la même rengaine.
    Elle aimait la vie, heureuse d'exister,
    Voulait aider les gens et puis grandir en paix,
    C'était un don du ciel, toujours souriante,
    Fleurs et nature, qu'il pleuve ou qu'il vente.
    Mais un beau jour, la chute commença,
    Ils tombèrent amoureux, mauvais choix,
    Elle aimait la vie et il aimait la mort,
    Qui d'entre les deux allait être plus fort?
    Ils s'aimaient tellement, ils auraient tout sacrifié,
    Amis et famille, capables de tout renier,
    Tout donner pour s'aimer, tel était leur or,
    Mais elle aimait la vie et il aimait la mort...
    Si différents et pourtant plus proches que tout,
    Se comprenant pour protéger un amour fou,
    L'un ne rêvait que de mourir et de s'envoler,
    L'autre d'une vie avec lui, loin des atrocités...
    Fin de l'histoire : obligés de se séparer,
    Ils s'étaient promis leur éternelle fidélité.
    Aujourd'hui, le garçon torturé vit pour elle,
    Puisque la fille, pour lui, a rendu ses ailes...
    Il aimait la mort, elle aimait la vie,
    Il vivait pour elle, elle est morte pour lui. "
    William Shakespeare.



    « Nessie. Descends en bas. »
    Je me retournai. Nathan était parti.
    « Tu n'as pas... ?
    - Ce type, là ? Ça va rester entre nous, mais j'exige une explication. Plus tard. »
    Si il avait pu, il aurait pleuré. Emmett, pleurer ?
    Je me levai d'un bond.
    « Qu'est-ce qui se passe ? On a... perdu des nôtres, c'est ça ?
    - Eh bien, pas précisément des nôtres, mais... »
    Il grimaça.
    « Tu vas comprendre.
    - Qu'est-ce qu'il faut comprendre ? Emmett !!?
    - Descends. Dans la salle à manger. Et malgré... ça, ne t'attends pas à être dispensée... d'explication. »
    Ce fût moi qui grimaçai, cette fois.
    « C'est vrai, quoi, Nessie. Un humain !!? Dans ta chambre !!? Alors que tu es destinée à Jacob !!?
    - Il n'est pas...
    - Quoi ?
    - Rien. »
    Il me regarda d'un œil circonspect, mais n'insista pas, néanmoins.
    Nous dévalâmes les escaliers, et déboulâmes dans la salle de séjour tels deux boulets de canon. Ils avaient tous des airs de déterrés.
    « Qu'est-ce qui se passe ? »
    Edward prit la parole.
    « La bonne nouvelle, c'est que les Volturi... Ne viendront plus nous ennuyer.
    - Comment ça ? »
    Il reprit son souffle.
    « Eh bien, nous avons... éliminé la plupart de leurs membres. Certains ont pris la fuite, notamment Félix, ou encore Démétri. Presque toute la garde, en fait, sauf Jane et Alec. Bref, la garde a un peu près complètement survécue, mais le clan... Enfin, c'est plutôt une bonne nouvelle, tu me diras, mais...
    - Mais ? »
    Je m'aperçus, avec un temps de retard, que Jake pleurait. Et que des gens manquaient dans la pièce. Ce fût Jacob qui me répondit, d'une voix entrecoupée de sanglots. J'allai le prendre dans mes bras.
    « Bi... Bi...
    - Billy ?
    - Ou... oui et... et... Sam et Emi... Emi...
    - Sam et Emily ??? »
    J'étais horrifiée.
    Son corps s'appuyait contre le mien, et ses larmes brûlantes coulaient le long de mon cou ivoire. Bella intervint.
    « Mais pas seulement... »
    Je me tendis, très inquiète.
    « Qui ?
    - Tanya... Tanya s'est... jetée sur moi. »
    Cela ne m'étonnait guère. Mais qu'elle se soit tuée dans la bataille me rendit cependant triste. Edward me lança :
    « Le fait qu'elle soit morte n'est pas le problème, mon ange.
    - C'est quoi, alors ?
    - C'est... c'est moi qui l'ai éliminée.
    - Co... comment ? » balbutiai-je.
    J'étais estomaquée. Edward avait tué... Tanya ? Mais les deux s'étaient tous tellement bien entendus !
    « Je sais, je sais, ma puce. Mais elle a voulu... tuer Bella. Je suis devenu fou.
    - Je... je comprends. »
    Je comprenais effectivement que l'amour qu'Edward portait à sa femme était au-dessus de tout, au-dessus de toute règle.
    « Je ne veux pas... te donner de compte-rendu trop... détaillé. Je ne veux pas te traumatiser. Sache seulement que... eh bien, Emily et Billy ont été... téléportés... par erreur, si tu veux, même si je n'y crois pas trop. Emily... eh bien, Sam s'est jeté devant elle... »
    Il prit une expression peinée.
    « Emily était trop... triste. Elle... Bref, elle n'a pas essayé de courir, ou de se défendre, ensuite. Billy... Je tairais les détails, d'accord ? »
    J'hochai la tête.
    La journée passa avec une lenteur exagérée, moi pleurant dans mes draps, et ceux que leur statut rendait impossible la chose se turent, laissant leur tristesse les envahir.
    C'était fini. Mais on avait perdu. Enfin, non, nous avions séparé les Volturi, quand même, une grande victoire, si l'on puit dire, mais... à chaque tic tac de la grande aiguille, la douleur d'avoir perdu ces... gens transperçait mon cœur comme un couteau affûté.
    Mais Emmett finit par arriver.
    « Alors, Nessie. Je sais que tu es triste... Mais je t'avais prévenue. »
    Je fis la moue.
    J'étais mal.
    Très mal.
    chapitre 31

    Mensonge

    Mensonge
    "Il m'apparut alors que l'univers tournait autour de ce point unique. Moi qui n'avaitencore jamais pris conscience de la symétrie des choses, je la découvris clairement. La gravité terrestre ne me retenait plus à l'endroit où j'étais. A la place, c'était cette petite fille [...]. Renesmée." Jacob, p.372 de Révélation.


    « Euh, Tonton... »
    Je lui adressai un grand sourire hypnotiseur.
    « Non, non, Nessie. Pas la peine d'essayer de m'embobiner. Je sais que ça marche souvent, mais pas cette fois. Je sais aussi que l'instant est tragique, et tout et tout, mais si ton 'tonton', comme tu dis, rentre et surprend un HOMME dans ta chambre alors que un, tu es censée être prise, et deux, ta famille est normalement en train de se battre, je considère que ce n'est pas normal et que cela mérite une explication. Tu sais que je t'aime, Renesmée Carlie Cullen, mais ce n'est pas acceptable, et ce... le fait que j'ignore ce fait ne serait pas sensé. »
    J'en restai coite.
    « Renesmée, vu mes connaissances en la matière, ce mec est un HUMAIN. Tu ne peux pas fricoter avec lui. Edward était un cas... à part, si l'on puit dire. »
    Il sourit, d'un sourire sans humour.
    J'hésitai. Fallait-il lui dire que Nathan n'était pas humain ?
    « Qui c'était, d'abord ?
    - Nat... »
    Il me coupa la parole.
    « Ce type est NATHAN ? Nathan WELLS ? »
    Je soupirai. De toute façon, il le saurait, d'une manière ou d'une autre. Il le prendrait peut-être mieux venant de moi. Et il éviterait peut-être de le raconter aux autres. Surtout à Jacob.
    Je grimaçai en pensant à lui. Mauvais choix.
    « Quoi ?
    - Rien, rien.
    - Tu n'as toujours pas répondu à ma question.
    - Oui, m'énervai-je. Oui, c'est Nathan Wells. Et alors ? »
    Il resta bouche bée, l'air de ne pas y croire. Et je le comprenais.
    Moi, petite fille toujours responsable et obéissante, accueillant un humain au cerveau hermétique dans ma chambre ?
    « Est-ce que... est-ce que... »
    Il n'avait pas l'air de réussir à formuler sa demande. Je décidai de l'aider. Pauvre petit oncle, ne sachant quoi faire.
    Sous ses airs de brute, Emmett avait un grand cœur, je le savais. On aurait pu le comparer à un ours. Cette idée m'amusa, étant donné qu'il avait failli perdre la vie à cause d'un ours.
    Bizarrement, maintenant, cet animal était son « mets » préféré... maintenant.
    « Est-ce que... ?
    -... tu l'aimes ? »
    J'eus le souffle coupé. Comment faisait-il pour aussi bien me cerner ?
    « Non, bien sûr que non » me précipitai-je de répondre.
    Trop vite, car je devins toute rouge.
    « Tu n'as jamais su mentir, Nessie. »
    Je ne répondis pas. Il avait deviné, et toutes mes dénégations ne changeraient rien à ce qu'il pensait à présent.
    Je me contentai d'une réponse simple et explicite.
    « Je sais.
    - Qu'est-ce qu'on va faire de toi ? »
    Il soupira et secoua la tête, faisant voler ses cheveux sombres.
    Je m'approchai de lui, et pour toute réponse, enroulai mes bras autour de son cou. J'enfouis ma tête dans son épaule.
    Les larmes coulèrent, venant d'elle-même, des larmes sans sanglots, juste des larmes, des larmes de désespoir et de honte. De honte de ne justement ressentir aucune honte.
    « Oh non ! Tu ne vas pas te mettre à pleurer !!?
    - Ne... ne dis rien à... à... aux... autres... s'il... te... plaît...
    - Non, Renesmée, tu sais bien que je ne dirais rien. Je t'ai promis que ça resterait entre nous. Mais franchement. T'amouracher d'un humain ?
    - Je... sais... »
    La, justement, non-humanité de Nat resterait entre nous, je venais de le décider.
    « Par... don...
    - It's too late apologize... murmura-t-il.
    - Pour... pourquoi parles-tu... en... en... en anglais ?
    - Comme ça. Mais que vas-tu faire de Jake ? »
    Je reculai, en colère cette fois.
    « Rien, rien du tout ! Comme tu as dis, c'est un humain ! Et en plus, Jacob est imprégné de moi. C'est lui, mon âme sœur !!!
    - Alors comment expliques-tu l'amour que tu éprouves pour quelqu'un d'autre ? Je commence à me demander si l'imprégnation a vraiment un rapport avec les sentiments des êtres... destinés. »
    Je ne trouvais rien à dire à cette vérité que j'avais depuis longtemps admise. Mais ça ne changeait rien. Je savais ce qu'il me restait à faire. D'ailleurs, Emmett me posa la question.
    « Que vas-tu faire, à présent ?
    - Je vais accepter la proposition de Jacob.
    - C'est-à-dire ? »
    Il me regarda, l'air circonspect.
    « Je... je vais épouser Jake. »
    chapitre 32

    Discussion

    Discussion
    "Les larmes sont parfois une réponse inappropriée à la mort. Quand une vie a été vécue vraiment honnêtement, vraiment avec succès, ou simplement vraiment, la meilleure réponse à la ponctuation finale de la mort est un sourire. " Julie Burchill


    « Je... je ne comprends pas.
    - Qu'est-ce que tu ne comprends pas ?
    - Tu dis... aimer... ce type, là, non ?
    - Ben oui.
    - Mais tu dis que tu vas épouser Jacob quand même. Nessie, ce n'est pas très logique, tu en es consciente ?
    - Non. C'est très logique. Jake, je l'aime aussi, tu comprends ? Plus comme un frère qu'autre chose, mais je l'aime. Je ne veux pas lui faire de mal.
    - Mais Nessie, on parle de ton bonheur, là. Avec Jake, tu en prends pour l'éternité. Si tu ne l'aimes pas...
    - Mais je l'aime ! m'emportai-je.
    - Oui, je sais, soupira-t-il. Mais cela ne suffit pas pour... le mariage. Tu as pensé à... à... »
    Je rougis. Je savais exactement où il voulait en venir. D'ailleurs, il avait, pour une fois, l'air aussi gêné que moi. Je décidai de finir sa phrase, histoire de soutenir mon pauvre tonton qui essayait d'aborder la question de ÇA avec sa nièce.
    « Au sexe ?
    - Ben... oui. »
    Il joua avec ses mains pendant de longues minutes, plus embarrassé que jamais. Il finit par reprendre la parole, après s'être raclé la gorge.
    « Renesmée... Il faut que tu comprennes que parler de sexe avec ma nièce, même si nous avons, en théorie, le même âge, est très gênant. Mais nécessaire. Alors, qu'est-ce que tu feras... à ce moment-là ?
    - Et bien... Je verrais. Mais ne dis rien. A personne. Même à Rosalie. Et pour Edward, et bien, traduis l'hymne national français, comment il s'appelle déjà... Ah oui, La Marseillaise, en allemand si il le faut. Mais garde ça pour toi. Tu m'as promis. »
    Je grimaçai. Je détestai l'allemand.
    « Mouais, marmonna-t-il.
    - Allez. Il faut redescendre. Et merci. »
    Je l'embrassai sur la joue et lui pris la main pour descendre les marches.
    Je me dirigeai immédiatement vers Jacob, qui dormait sur le canapé, l'air prostré. Il se réveilla quand il sentit ma main jouer avec ses cheveux, qu'il avait fait repousser, donc lui cascadant maintenant sur les épaules.
    « On va se promener ?
    - Mouais » grommela-t-il.
    Décidément, les 'mouais' étaient très à la mode, aujourd'hui.
    « Allez, viens. »
    Je le tirai par le bras. Il se leva en soupirant.
    Nous allâmes au parc, et la vue de la fontaine centrale me rassénéra, enlevant le doute qui persistait jusqu'alors dans mon cœur. Je savais ce qu'il me restait à faire.
    « Pourquoi cette... balade, Nessie ? »
    Je fis la moue. Je ne supportai plus le surnom stupide qu'il m'avait donné. Et Ness me rappelait trop Nathan. Je le corrigeai donc.
    « Renesmée. En fait... »
    Il me coupa la parole.
    « Tu veux que je t'appelle RENESMEE ??? Mais tu as toujours détesté ce prénom ! »
    C'était ce que je lui avais dit. Pour lui faire plaisir. D'ailleurs, toute ma vie, je n'avais vécu que pour lui faire plaisir, sans jamais penser à moi, à mon bonheur, juste à ses caprices enfantins. Même ce jour-là. Je rétablis la vérité.
    « Non, c'est toi qui ne l'aime pas. Moi je l'ai toujours trouvé très beau. »
    Il resta la bouche béante.
    « Bref. Je t'ai amené ici car je voulais te parler de quelque chose.
    - Qu... quoi ? réussit-il à balbutier.
    - Eh bien, il y a quelques semaines... – cela me paraissait tellement loin, maintenant ; tant de choses avaient changées, maintenant –... tu m'as posé une question. A ce même endroit. »
    Il me regarda, l'air éberlué et circonspect.
    Mais j'avais pris ma décision.

    C'était mieux. Pour Jacob. Je ne voulais pas lui faire de mal. Je ne voulais pas faire de mal à mon frère, à ce frère que j'aimais, malgré le fait qu'il m'agaçait, parfois, avec ses petites sautes d'humeur.
    J'avais toujours été plus mature que lui, lui un peu capricieux, moi les pieds sur terre.
    C'était un peu comme ma mère et sa mère. Les rôles étaient inversés. Celui ou celle qui devait normalement veiller sur l'autre devenait celui à protéger.
    « Tu veux dire...
    - Oui. Repose moi la question, s'il te plaît.
    - D'accord. Mmm mmm. Alors, je ne vais as me mettre à genoux, j'ai pas envie de salir mon jean, mais est-ce que, Nessie...
    - Renesmée.
    - Rooh. Laisse-moi finir. Est-ce que tu veux m'épouser ? »
    Ma vie se jouait en ce seul instant. Mais ma décision était irrévocable.
    « Oui. »
    chapitre 33

    Annonce

    Annonce
    " Ce sont des voix qui restent en dernier, tout comme c'est la voix souvent qui, comme un parfum, précède et annonce l'entrée physique de quelqu'un dans votre vie. " Jean-Jacques Schuhl


    C'est paume brûlante contre paume brûlante que nous allâmes au lycée le lendemain matin. L'envie de récupérer la mienne me tenaillait, mais bon... Nous étions censés être fiancés.
    D'un commun accord, enfin en apparence, car moi, je n'aurais jamais voulu le faire, c'était ce jour-là que l'annonce de nos fiançailles allait s'officialiser. J'appréhendais de croiser le regard de l'homme que j'aimais.
    Je profitai de la porte d'entrée étroite de l'établissement comme prétexte pour le lâcher.
    « Je te retrouve en classe. Il faut que je... »
    Je fis un geste vague en direction de mon casier, et il hocha la tête.
    « Okay. »
    Il se pencha pour m'embrasser. Je fis mine de tourner la tête, et il ne rencontra que ma joue chaude et douce.
    Je me détournai de lui, par peur de voir venir la nausée en pensant à ce futur... mariage. J'étais aussi dégoûtée à cette idée que ma mère au sien. La différence étant qu'elle elle ne l'avait pas regretté, la cérémonie achevée. Ce qui allait m'arriver, je le sentais.
    J'attrapai mon sac rouge vif – tellement cliché, pour une mi-vampire, mais bon – et me dirigeai vers mon casier.
    Pour le regretter aussitôt. Car vous pensez bien qu'IL m'attendait.
    « Salut Ness.
    - Nathan, le saluai-je froidement.
    - Alors, toujours avec Jacob ? me demanda-t-il, ignorant mon attitude désagréable.
    - Oui. »
    Mais ce n'était pas vraiment la peine de lui dire, car sa question n'en était pas une, juste une constatation amère.
    Je précisai ma réponse, malgré ma peur de le voir souffrir.
    « Nous... nous...
    - Quoi ? »
    Il fronça les sourcils.
    « Nat... Autant que tu le saches. Nous allons nous marier.
    - Mais... est-ce que tu... l'aimes ?
    - Tu ne comprends pas. »
    Et il ne comprendrait jamais, je le savais. Car si il m'aimait, comme il le disait si passionnément, il voudrait mon bonheur. Et lui, il savait que mon bonheur ne se trouvait pas à côté de Jacob.
    « Non, confirma-t-il. Et je peux t'affirmer que tu ne l'aimes pas. »
    Il se pencha vers moi, et je pus lire dans ses prunelles sombres sa douleur.
    « Si, je l'aime. »
    Je décidai de jouer la carte vérité. Tant qu'à le perdre, autant me déchirer encore plus.
    « Pas... comme toi, mais... Assez pour ne pas vouloir lui faire de mal. Assez pour l'épouser.
    - Je te crois.
    - Mais penses-tu que tu arriveras à comprendre ?
    - Non.
    - Alors j'espère que tu aimes la déception » sifflai-je, avant de tourner les talons.
    Jake et moi avions décidé d'annoncer la... nouvelle à table, le midi-même. A tout le monde en même temps. Kelly, Matthieu, ma famille, etcetera.
    Les cours passèrent de nouveau lentement, et l'appréhension continua à progresser dans mon esprit, telle un serpent silencieux et rampant.
    Mais c'est seulement en remplissant mon plateau de nourriture à l'aspect peu attirant, comme toujours, que je sus que cette appréhension était ridicule.
    Mon destin était Jacob.
    Je m'installai à ma table avec Jake.
    « Nous avons quelque chose à vous annoncer. »
    Edward grogna. Evidemment. Il savait, lui. Depuis sûrement un bout de temps, d'ailleurs. J'avais oublié.
    « Oui ?
    - Voilà. Ne... »
    Il surprit mon regard.
    « Renesmée et moi... allons nous marier. »

    chapitre 34

    Réactions

    "Les individus sont des énigmes décourageantes, leurs réactions sont imprévisibles. Malgré l'existence en commun, les êtres sont éternellement seuls et séparés. " Reine Malouin


    La première réaction fut, et j'aurais d'ailleurs dû m'en douter, celle d'Alice, qui se leva en pépiant :
    « Youpi, youpi, youpi !
    - Je te préviens d'ores et déjà que c'est non. »
    Elle fit une moue innocente.
    « Non pour quoi ? »
    Je choisis mes mots avec soin, en articulant soigneusement chaque syllabe à prononcer.
    « Tu n'organiseras pas mon mariage. »
    La deuxième réaction fut celle d'Edward. Il soupira profondément.
    « De toute façon... ça devait arriver, n'est-ce pas ? Un jour ou l'autre. Evidemment, j'aurais préféré que tu attendes, en tant que pè... cousin, mais bon... »
    Son discours me surprit. Je m'étais attendue à plus de... pas colère, plutôt... Enfin, vous voyez. J'espère. Car je n'avais pas de mot précis.
    La troisième réaction fut celle de Rosalie. Elle grogna, en même temps heureuse pur moi et mécontente du bonheur de Jacob.
    « Rooh. Eh bien, les félicitations sont de mise, sale cab... Jacob. »
    La quatrième réaction fut celle de Kelly.
    « C'est pas un peu tôt ? »
    Elle avait un drôle d'air. Jalousie ? Non. Je me faisais des idées.
    « Ben... Je ne sais pas, euh... Non ? »
    Je ne sais pas si Jake perçut le point d'interrogation. En tout cas, il ne releva pas.
    La cinquième réaction fut celle de Jasper.
    « Si c'est ce que tu veux. »
    Il avait l'air de celui qui n'est pas dupe. En effet, il ressentait l'amour de Nat pour moi. Là aussi, j'avais oublié. Mais je ne pensais pas qu'il puisse détecter le fait que ce soit réciproque. Après tout, selon lui et Edward, tous les mecs craquaient pour moi. A mon grand embarras... et désarroi.
    Je retins le flux sanguin qui affluait vers mes joues. Ce n'était vraiment pas le moment de rougir, avec tous ces gens autour de moi, à l'affût.
    En effet, mes sentiments pouvaient aussi être bloqués aux autres, encore une évolution de mon don de partager mes pensées. Je pouvais choisir ou non d'en faire part, ainsi que ce que je ressentais.
    Matthieu ne dit rien, gardant juste un air étonné, mais pas nécessairement désagréable.
    La sixième et dernière réaction fut celle de ma mère.
    « Oh, Renesmée... Je suis contente pour toi, va. Jake et toi êtes faits l'un pour l'autre.
    - Merci, Bella. »
    Je la serrai dans mes bras et elle me tapota gentiment le dos, dans un geste plein d'amour et de compréhension.
    Comprendre quoi ? Mon sacrifice ? Ou ce qu'elle en pensait, c'est-à-dire mon envie de rester avec Jake pour toujours ?
    Mes autres commensaux, on peut les considérer comme des figurants, donc je ne m'attarderais pas dessus. Sachez seulement qu'ils avaient tous un air ébahi.
    Ah, j'oubliais. Encore.
    On ne se mariait pas à dix-sept ans, de nos jours.
    Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que j'étais parfaitement assez mûre pour prendre une telle décision. Mais il est vrai que cela pouvait être sujet à des controverses.
    D'ailleurs, une fille appelée... euh... Marion appuyait son regard sur mon ventre avec intensité.
    Non !
    Trop tard. J'avais déjà rougi.
    « Non ! s'exclama-t-elle. Tu n'es pas... ?
    - Non, bien sûr que non. Qu'est-ce que vous racontez ? »
    Mais, à présent, tout le monde me regardait, l'air choqué.
    Je décidai de les ignorer. Qu'ils pensent ce qu'ils veulent, après tout.
    Le seul à n'avoir pas réagi était Emmett. Il ne faisait que me fixer, l'air désolé pour moi. Je lui adressai une moue qui se voulait rassurante ; il n'en grimaça que plus.
    Plus tard, quand je bousculai Nathan, dans un couloir, je le snobais soigneusement, peu soucieuse de passer pour une fille cruelle.
    Jacob me colla toute la journée, l'air plus heureux que jamais ; moi, il me dégoûtait, et je me dégoûtais moi-même de dégoûter mon futur mari.
    Futur mari. Je retins une grimace.
    Madame Renesmée Black. Je n'avais pas envie, non, pas envie du tout.
    Mais c'était mon destin.
    Et je m'y tiendrais.
    Au prix de mon bonheur?

    chapitre 35

    Silence

    Silence
    "Il existe des silences immuables, fixés dans une rigidité définitive : silence des maisons abandonnées, des grandes étendues désertes, des êtres qui n'ont plus rien à se dire. " Anne Bernard

    Le lendemain, j'émis le souhait de ne pas aller à l'enterrement collectif des corps d'Emily, Sam et Billy.
    Les Denali partirent avec celui de Tanya. Je comprenais leur douleur de perdre encore un membre de leur famille, après Irina. Je ne les accompagnais pas à l'aéroport.
    Je me sentais comme une coquille vide, remplie de la seule conviction que ma vie pleine de bonheur était finie, pour être remplacée par une autre, beaucoup plus noire, une mer sombre, où mes sacrifices étaient symbolisés par des écueils tranchants.
    Les semaines passèrent.
    Je ne cédai pas, et Alice dût bien accepter que l'organisation de mon mariage ne lui reviendrait pas. Je n'étais pas comme ma mère, qui avait vite abandonné. J'étais têtue, et je savais aussi bien ce que je voulais que ce que je ne voulais pas, c'est-à-dire qu'Alice l'organise.
    Emmett fit un jour irruption dans ma chambre, bien décidé à me faire parler.
    « Renesmée.
    - Emmett.
    - Très drôle. Il faut qu'on parle. »
    Il avait l'air de celui qui était déterminé à me sortir de ma catatonie, dont j'avais pourtant l'impression qu'elle avait été discrète.
    Je décidai de jouer les gourdes.
    « Qu'on parle de quoi ?
    - Tu... tu as perdu goût à la vie, depuis...
    - N'importe quoi. »
    Il m'ignora.
    « Tu l'aimais vraiment, hein ? Je te jure, on dirait Edward quand il a quitté ta mère. Et tu continues à l'aimer aujourd'hui. Mais, Renesmée, pourquoi te... sacrifies-tu, oui, c'est le mot, pourquoi ???
    - Parce que... »
    Ce n'était pas la peine de mentir avec Emmett. Et ça faisait du bien.
    « Jacob, c'est mon ami, mon meilleur ami, mon frère et tant d'autres choses encore. Toute ma vie, j'ai vécu accrochée à lui. Il a perdu son père, en plus d'un ami cher, ses dernières semaines. A cause de qui ? De nous, et donc directement de moi. Je lui ai fait plus de mal que n'importe qui. Je ne veux pas lui faire plus de mal. Et il m'est destiné. C'est écrit. »
    Je n'avais pas fini mon laïus. Tout ce que j'avais tu, toutes mes raisons, bonnes ou mauvaises, cela dépendait du point de vue de la personne qui les écoutait, sortait maintenant de ma bouche comme un filet d'eau que je ne pouvais arrêter à mains nues.
    « Je ne sais pas si l'imprégnation est un mythe vraiment réel, si ça vient de moi, de Jacob, de... Nathan – je grimaçai : la prononciation du nom m'était encore difficile –, de tout ça à la fois ou que sais-je encore, une raison que je n'ai pas cité, peut-être. Alors oui, j'aime Nathan, oui, quand je pense à lui et au fait que... nous, c'est impossible, je ressens comme un énorme trou dans la poitrine, oui, j'ai tout le temps envie de lui sauter au cou, oui, je sais que je ne serais pleinement heureuse que... dans ses bras, si tu veux, mais non, cela ne m'empêchera pas d'épouser Jacob. »
    Il fronça les sourcils.
    « Tu L'aimes vraiment. Cela se voit. Quand tu LE croises dans un couloir, quand vos regards se croisent et que tu détournes le regard, même quand tu embrasses Jake on voit que tu es ailleurs, et moi je sais que tu essayes d'imaginer que c'est Nathan qui se tient à sa place. Tu l'aimes autant que ton père aime Bella, et vice-versa. Il t'aime aussi comme ça, Jasper me l'a dit. Mais il est humain, Renesmée. Mais je sais aussi que le fait qu'une personne soit humaine et l'autre non n'empêche pas une histoire d'amour. Et je crois que vous deux... Non, je ne crois pas, je le SAIS, c'est aussi fort que ce qui relie tes parents. »
    Il inspira profondément.
    « Je... je ne veux que ton bonheur, Renesmée. Et je sais qu'il ne se trouve pas auprès de Jacob. Mais auprès d'un fragile humain. »
    Nous nous toisâmes pendant quelques minutes, aussi immobiles que de magnifiques statues de marbre.
    « Emmett. Je... »
    Je m'approchai de lui, et affichai une expression résolue et sage.
    « J'épouserais Jake. Car c'est mieux. Pour lui. Et pour moi. Je crois.
    - Mais n'as-tu jamais pensé que tu n'étais pas l'âme sœur de Jacob.
    - Comment ça ? »
    Il m'avait prise au dépourvu, là.
    « Si tu n'aimes pas Jacob, peut-être que tu n'es pas faite pour lui, comme lui n'est pas fait pour toi. Peut-être qu'en l'épousant, tu lui gâches aussi ses chances de trouver la vraie âme sœur.
    - Il y a trop de peut-être dans ta phrase. Trouve autre chose. »
    Mais le soir, quand j'allai me coucher, je me dis qu'il avait peut-être raison.
    Les jours continuèrent de passer, j'eus beaucoup de nausées le jour de la publication des faire-parts, que je cachai aux autres bien soigneusement.
    La vie continuait pour les autres, s'arrêtait pour moi. Je ne parlai pas, ou très peu, juste assez pour me faire comprendre quand je désirai quelque chose. Jacob ne faisait pas vraiment attention à moi, ce qui était aussi bien, après tout.
    Mais un soir, alors que j'enfilai un pyjama – Etam, Alice m'avait habitué à pire –, un rayon de lune éclaira soudain mes draps.
    La fenêtre était ouverte.
    Et, encore une fois, IL m'attendait
    .

    chapitre 36

    Grosse erreur

    Grosse erreur
    "Dans le mariage, on fait l'amour par besoin, par devoir. Dans l'amour, on fait l'amour par amour." Paul Léautaud


    Je songeai un instant que je rêvai, mais mon subconscient n'aurait jamais imaginé quelque chose d'aussi délirant.
    Il me sourit, d'un sourire éclatant, sans aucun ressentiment à propos de mon attitude désagréable et inadmissible, alors qu'il aurait dû me frapper pour mes airs de petite snob.
    « Qu'est-ce que tu fais là ?
    - Je viens te rendre visite. Ecoute, Ness...
    - Non, toi, écoute. Je vais me marier. »
    Chacun de ces mots vrais et douloureux me lacéraient le cœur avec véhémence.
    « Oui, je sais. Mais ce n'est pas encore trop tard, je... »
    Il s'interrompit, cherchant ses mots.
    Pendant ce temps, mon esprit vampirique réfléchissait aux événements des derniers jours, et ce qui avait pu provoquer sa venue.
    D'abord, le rapprochement entre Charlie et Renée. J'étais contente pour eux. Ils avaient tout les deux perdus la personne qui partageait leur vie, et il était bien, je pense, qu'ils se réconfortent mutuellement. Sue avait en effet décédé, oh, il y a longtemps, au moins une quinzaine d'années, dans un accident de voiture.
    Ensuite, l'enterrement où je n'étais pas allé. Jacob en était revenue bizarrement l'air pas si chamboulé que ça. Je pense qu'il s'était préparé au fait que Billy finirait par mourir un jour. Ou alors il n'avait vraiment pas de cœur.
    Il était pourtant plus heureux que jamais, me collant autant que son emploi du temps le lui permettait, toujours beaucoup trop à mon goût.
    La vie, MA vie était dure, trop dure.
    D'un côté je voulais le bonheur de Jacob, d'un côté il m'agaçait prodigieusement.
    Mais je l'avais mérité. Je n'avais pas qu'à tomber amoureuse d'un autre, je n'avais pas à l'embrasser, je n'avais pas à tomber en pamoison devant un humain un peu trop beau pour son bien, je n'avais pas à découvrir que son humanité était inexistante, du moins en partie.
    Les insistances d'Alice pour organiser mon mariage s'étaient révélées vaines, malgré les nombreuses ruses auxquelles elle avait recourues, des appels où elle se faisait passer pour le traiteur en changeant sa voix pour die que la commande était annulée au bandeau qu'elle m'avait mis sur les yeux pour me traîner dans un magasin de robes de mariées.
    J'avais fini par arrêter mon choix sur une en mousseline, froufrouteuse à souhait, que la seule personne que j'avais autorisée à m'accompagner, Rosalie, avait qualifiée comme très flatteuse pour ma silhouette, soulignant ma taille de guêpe.
    Je n'avais pas eu ce que dise les histoires, le fait que quand on enfile SA robe, on sait que c'est celle-là qu'on aura le jour J.
    Mais nous n'étions pas dans une histoire, mais dans la réalité, une réalité atroce et compliquée, trop compliquée.
    Enfin, le snobisme intensif avec lequel j'avais traité tout le monde. Comme le disait si bien Emmett, je n'avais plus de goût à la vie, me délaissant complètement.
    Je ne prenais même plus la peine de me cuisiner des bons petits plats, me laissant complètement aller. Je n'allai plus chez le coiffeur, mes cheveux tombant maintenant presque sur mon bassin. De toute façon, je détestai le coiffeur, je détestai les regards envieux des autres clientes du salon. Je ne parlais plus à personne, me contentant d'opiner la tête quand on m'adressait la parole.
    Jake ne se rendait même pas compte que j'avais changé, s'intéressant plus à son propre bonheur qu'à mon bien-être.
    Mais rien de tout cela ne justifiait la venue du magnifique hybride en face de moi.
    « Je voulais te parler. Car je t'aime, tu le sais. Je t'aime et... »
    Mais il ne finit pas sa phrase. Je lui avais déjà sauté au cou.
    « Chut. »
    Je le renversai sur le lit, mon corps agissant avant mon cerveau, et, oubliant tout, Jacob, mes obligations, tout sauf lui, je passai mes mains dans ses cheveux, l'attirant plus fort contre moi. Il me rendit mon baiser avec ardeur.
    Il finit par relever la tête.
    « Tu es sûre que tu veux...
    - Chut... Tu réfléchis trop.»
    Moi, je ne réfléchissais pas, ne réfléchissait pas aux conséquences de mes actes.
    Je l'embrassai encore fièvreusement, nos corps s'imbriquant parfaitement l'un dans l'autre, faits pour se réunir dans le doux péché de l'amour.
    La nuit était tombée, dehors, mais je n'y prêtai pas attention.
    J'étais trop occupée à commettre une grosse erreur.

    chapitre 37


    Réveil

    Réveil
    "La mort est paisible, simple. C'est plus dur de vivre." Je suis sûre que vous savez. Sinon vous êtes des blaireaux XD.


    Au petit matin, quand que les premiers rayons du soleil commencèrent à filtrer par la fenêtre aux volets entrouverts, je me réveillai en sursaut, le cœur battant encore plus fort que d'habitude.
    « Renesmée, je... »
    Il était si beau, assis sous la couette.
    Quand je pensais à cette nuit, je... J'en frissonnai.
    Cela avait été l'apothéose de mon existence, son apogée. Je ne vivrais plus jamais ça. J'avais l'impression que ma vie était finie, avant même qu'elle ait commencé.
    Mais, malgré la souffrance que cela allait engendrer, autant de son côté que du mien, je n'avais qu'un mot à dire.
    Que je dis, sentant l'âme que mon père croyait que je n'avais pas se déchirer en deux au fur et à mesure que ces deux syllabes sortaient de ma bouche couleur framboise, qu'Alice disait remarquablement ressortir sur ma peau ivoire.
    Pourquoi pensais-je à ces paroles, en cet instant ? Je devenais folle, et tout cela beaucoup trop complexe.
    Je savais que cela ne changeait rien. On pouvait considérer que le fait que je me tenais à ma décision après... ça n'avait pas de sens, mais quand on est en période de grands bouleversements, on prend parfois des décisions, stupides, mais irrévocables, malgré les changements occasionnés durant cette période.
    « Adieu. »
    Il eut un sourire triste tandis qu'il hochait doucement la tête. Je lui en fus reconnaissante. Il se rangeait à ma décision.
    Car il m'aimait. J'en étais à présent complètement certaine, car les rares fois où nos haleines n'avaient pas été entremêlées, il avait murmuré mon prénom.
    Je l'embrassai, une dernière et ultime fois, un baiser plein de désespoir.
    On frappa fort à la porte.
    Le temps de me détourner de l'endroit où le coup avait résonné, Nathan était déjà parti.
    « Nessie... Renesmée ? Je peux entrer ? »
    Je jetai des regards paniqués autour de moi. Tout était en ordre, le seul problème étant ma tenue d'Eve. Couvrant ma nudité d'un coussin, je me levai.
    « Non ! Je m'habille ! »
    J'attrapai vite fait une un tas difforme de linge à ranger, qu'Esmée avait dû repasser – c'était une tâche qui lui était assignée, ne me demandez pas pourquoi –, et les passai promptement.
    « C'est bon ! »
    La porte s'ouvrit en grand.
    « Tu viens ? Nous sommes en train d'essayer de trouver un menu. Pourquoi tes draps traînent par terre ? Peu importe. Ramasse ça et descends. Je te conseille aussi de te coiffer. »
    Après Nathan, véritable gentleman, les ordres déguisés de Jacob me sortaient par les yeux. Mais cela n'avait pas d'importance.
    Pourquoi ne remarquait-il pas mon regard vague et rêveur, pourquoi ne se rendait-il pas compte que quelque chose avait changé ?
    S'intéressait-il donc aussi peu à moi ? N'étais-je pour lui que la malheureuse fille que l'on avait désigné pour être sa moitié ?
    Malgré ma forte envie de pleurer, je levai la tête bravement et énonçai :
    « Oui, je descends. Mais... un menu pour quoi ?
    - Et bien, le mariage.
    - Oh. »
    Effectivement. Oh. Ce mot exprimait bien mon état d'esprit. Le mariage. J'avais oublié. J'oubliais tout, en ce moment, de toute façon.
    Je retins un cri, j'avais envie de hurler, de dire à quel point je haïssais ce monde, ce destin que je n'avais pas demandé, de laisser éclater ma haine.
    Mais la vie n'est pas un rêve, la vie est dure, il faut l'endurer, jusqu'à la fin.
    A la différence près que moi, mon existence n'aurait pas de fin. J'étais immortelle, et pour la première fois, je voulus rejeter ce statut. Malheureusement, c'était impossible, à mon plus grand désespoir.
    Redescente sur Terre. Encore une fois, mon nuage s'était dissipé, mais la chute fut encore plus brutale que la dernière fois. Mon esprit garderait des énormes bleus, des séquelles inoubliables.
    Pourquoi étais-je tombée amoureuse de Nathan ? On pourrait se poser la question. Je ne lui avais jamais vraiment parlé, après tout.
    Mais moi-même, je ne le savais pas. L'amour était incontrôlable, la flèche pouvait transpercer un cœur soudainement. Je n'avais jamais cru au coup de foudre, malgré le mythe de l'imprégnation. Car aujourd'hui, je savais que c'était un mythe.
    Si les autres personnes désignées par les loups-garous étaient tous restées auprès d'eux, cela venait du fait qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Mais l'imprégnation n'avait rien à voir là dedans. Seul l'amour était vrai, dans toutes ces légendes. Je le savais aujourd'hui, ça aussi.
    Mais oui, avoir rencontré Nathan resterait toujours le plus beau cadeau que ma destinée m'aurait fait.
    Je passai par la salle de mains pour rapidement relever mes cheveux en une queue de cheval haute et dévalai les escaliers.
    Pour être arrêtée par Emmett
    chapitre 38

    Organisation

    Organisation
    "Je songeai brièvement aux clichés qui affirment que votre vie défile devant vos yeux. Je n'eus pas cette malchance. Qui aurait d'ailleurs souhaité visionner la rediffusion de ma pauvre existence ?" Idem.


    « Tu...
    - Quoi ? le coupai-je, agacée.
    - Tu prends la mauvaise décision.
    - Tu n'as pas à en juger. »
    Ma voix était froide, à l'instar de mon cœur. Il avait gelé, pour se préserver d'éventuelles douleurs sentimentales. Malheureusement, pas assez. Car j'avais mal.
    Je repris ma phrase en tâchant d'adoucir ma voix.
    « Ecoute... On a eu cette conversation maintes et maintes fois. Je vais épouser Jacob. Et rien ne pourra m'en empêcher.
    - Mais tu as de mauvaises raisons ! C'est ta vie que tu détruis, là !
    - Ce n'est pas la peine de crier, sifflai-je. Ils vont t'entendre. »
    Une voix résonna, provenant de la salle à manger, alias la salle de réunion.
    « Il y a un problème, là-bas ?
    - Aucun. – puis, à l'intention d'Emmett – Lâche l'affaire, va. Tu ne me feras pas changer d'avis, tu sais.
    - C'est ce qu'on verra. »
    Son ton insolent me déplut.
    « Si je te bats au bras de fer, tu lâcheras prise ? »
    Sa réponse me surprit. Il ne résistait pourtant jamais à un petit défi.
    « Ton bonheur vaut plus qu'un simple bras de fer, ma puce – il me caressa la joue –. Je t'aime, tu sais. Je ne veux que ton bonheur. »
    Il eut un sourire triste.
    « Range toi à mes décisions, plutôt. Je sais ce qui est mieux... pour tout le monde.
    - Tout le monde... sauf toi. Mais changeons de sujet, je sens que nous sommes dans une impasse. IL est revenu dans ta chambre... depuis ?
    - Non, bien sûr que non, jamais»
    Je rougis. Mince ! Pourquoi ne savais-je pas mentir ? Pourquoi m'avait-on collé cet énorme, dérangeant et atroce défaut ?
    « Oh, Renesmée Carlie Cullen ! Tu... Vous n'avez pas... fait de... bêtises, au moins ?
    - Non, aucune bêtise. »
    Cette fois, je ne rougis pas, car ce n'était pas vraiment un mensonge. Nous n'avions pas faits de BETISES, nous nous étions... exprimé notre amour. Ce n'est pas une bêtise, ça. Si ? Si oui, je ne voyais pas en quoi.
    « Bon, vous venez, oui ?
    - Oui, oui, on arrive. »
    Nous entrâmes dans la pièce attenante, où nous attendaient Esmée, Rosalie, Alice et Jake.
    « Alors, le menu. Assieds-toi, d'abord. »
    J'obtempérai, très lasse de tout ça.
    « Nous avons pensé à du canard... »
    Elle surprit ma grimace.
    « Je sais, je sais. Végétarienne. Bon, le menu, c'est pour les humains. Et toi. Alors, des coquilles St Jacques, peut-être ? Ou du foie gras. C'est très français, le fois gras, tu sais. Et très raffiné. Je pense que... »
    Mais j'avais déjà décroché.
    Mon esprit vagabondait ailleurs, vers un certain homme aux magnifiques cheveux d'ébène... Il fallait vraiment que j'arrête de penser à lui. Je me faisais du mal.
    Pour moi, cette nuit... Bizarrement, lui dire adieu avait été moins difficile... après. Pas parce que ça avait été... nul, non, au contraire – je frémis de plaisir rien qu'à y repenser – mais parce que comme ça... je n'avais pas l'impression d'avoir raté quelque chose.
    Je m'inquiétai un instant du fait que Jake allait bien se rendre compte que je n'étais plus... vierge, au contraire de ce que mon signe astrologique indiquait – je souris –, puis décidait que je m'en soucierais plus tard.
    Les jours passèrent. Nathan ne revint plus au lycée. Il avait apparemment quitté la ville. Ce qui était tout aussi bien. Je pense que le fait d'être près de l'endroit des... festivités lui aurait fait encore plus de mal.
    Emmett ne me parla plus jamais de... ça, même si je surprenais parfois des regards appuyés de sa part. Je lui en fus reconnaissante.
    Mais, alors que je croyais que cette histoire était finie, bouclée, rangée, je ne savais pas que j'avais tort.
    Au début, je ne compris pas pourquoi le sol de ma chambre tanguait. Je me dis que je devenais folle.
    Quand le parquet entra en contact avec ma joue, mon dernier souvenir, le suivant étant mon réveil le lendemain matin, couchée sur le sol, je ne compris pas plus.
    Je me dis que cela était dû à la fatigue. Cela se répéta malheureusement souvent, mais je n'en parlai pas à Carlisle, ne souhaitant pas l'alarmer pour ce qui était sûrement un peu de stress à propos du mariage.
    Mais un matin, mes premières nausées arrivèrent
    chapitre 39

    En plus, c'était pas prévu

    En plus, c'était pas prévu
    "Le monde est né de l'amour, il est soutenu par l'amour, il va vers l'amour et il entre dans l'amour. " Saint François de Sales

    Ce matin-là, je venais de me lever, le ventre encore lourd des essais de menu de la veille. Jacob ayant poliment décliné l'invitation, je m'étais retrouvé seule à tester tous les plats pour le mariage à venir.
    J'enfilai une petite robe bleu – ciel, pas bleu nuit : je ne supportai plus ce qui était de cette couleur ; j'imagine que vous devinez pourquoi –, ne prit pas la peine de me chausser – je me baladai toujours pieds nus, au grand dam de... tout le monde, en fait ; il paraît que cela ne se fait pas ; pff – et passai par la salle de bains pour mettre une barrette avant de dévaler les escaliers.
    Je descendis à la cuisine où m'assaillit une odeur de tomates séchées, que j'adorais. Mais, avant même de dire ouf, je courais vers la salle de bains.
    Personne ne me remarqua, et je n'en parlai pas.
    Je me dis que cela allait passer, après tout, je devais être un peu malade... d'angoisse, ou malade tout court.
    Mais cela continua.
    Je passai la journée dans ma chambre, qui avait une salle de bains attenante, et, heureusement, personne ne vint me déranger. Ils étaient trop pris dans la préparation du mariage.
    Le lendemain, au lycée, je devais foncer aux toilettes à chaque intercours.
    Je me mis à pleurer en regardant le prof disséquer un cœur de mouton, alors que je n'étais pas très sensible au sang, et encore, c'était un euphémisme.
    On m'amena à l'infirmerie, et l'infirmière mit ça sur le stress dû au mariage, à l'instar de moi. Personne ne songea à s'inquiéter, pas même moi.
    Allongée sur le lit, je repensais à ce rêve étrange, cette nuit... Je tremblai.
    Je ne m'en rappelai pas grand-chose, sinon que mes yeux étaient aveuglés par du sang. Brrr. Je finis quand même par retourner en cours.
    Les gens m'évitaient, maintenant, et je voyais bien qu'ils regardaient encore plus mon ventre. Ils croyaient tous que j'étais enceinte, et que c'était pour ça que j'épousais Jacob. Ha. Risible. Enceinte, moi ? Mon œil. Je faillis me lever pour leur dire la vérité que je ne pouvais formuler à voix haute.
    Les vampires ne pouvaient pas avoir d'enfants, c'était connu.
    Et puis, j'avais 17 ans. En physique comme en âge réel, pour une fois. Je ne POUVAIS pas être enceinte. Beaucoup trop tôt.
    En SVT, tandis que j'observais les œufs de grenouille que le prof essayait désespérément de faire éclore dans un vieil aquarium, je me rappelais soudain une histoire que ma mère m'avait racontée. MON histoire.
    La première lune de miel s'était plutôt bien déroulée, malgré quelques inquiétudes... au début. Et à la fin. Mais Bella ne me parlait jamais des soucis 'du début', comme elle disait, et j'en concluais que je ne voulais pas savoir.
    Mais un jour, alors qu'Edward était partie chasser, après s'être préparé du poulet frit, – elle était encore humaine, à cette époque – elle avait eut, elle aussi, des nausées, qu'elle avait mises sur le compte d'une intoxication alimentaire.
    Avant de ME sentir. Dans son ventre.
    Je sursautai et portai, par un inhabituel réflexe, les deux mains sur mon ventre.
    NON. C'était impossible.
    « Renesmée ? Ça va ? »
    Je me retournai vers la personne qui m'avait apostrophé. Bella avait une expression inquiète.
    « Oui, Maman, lui soufflai-je.
    - Tu es sûre ? »
    Je réfléchis une seconde. C'était le moment ou jamais de lui parler. Je pouvais lui dire de me rejoindre plus tard, lui donner rendez-vous. Elle était ma mère. Elle comprendrait. Du moins, je l'espérais.
    Mais elle était aussi la meilleure amie de Jacob.
    « Oui. »
    Je lui adressai un sourire qui se voulait rassurant, et elle me le rendit. Ses dents blanches et régulières renvoyèrent la lumière des néons.
    Elle était si belle... Ses cheveux noirs, qu'elle n'attachait jamais, lui tombaient sur sa taille fine et ses yeux dorés, qui viraient au noir de temps en temps, comme tout le monde dans ma famille, étaient brillants de joie de vivre et d'amour pour Edward et moi.
    Je repris mes réflexions. Moi, enceinte ?
    Improbable. Mais... j'avais l'impression que l'histoire de Bella se répétait à travers moi.
    Mais c'était différent. Le vampire mâle n'était pas soumis à la loi de la fertilité. Les corps des femelles étaient incapables d'évoluer pour faire grandir un enfant en leur sein.
    Nahuel avait pu, lui. Mais c'était un homme.
    Et puis, SI j'attendais vraiment un bébé, et je dis bien si, car c'était impossible – n'est-ce pas ? –, il ressemblerait sûrement à Nathan. Nathan.
    Mon cœur se gonfla, l'amour représentant une pompe à air.
    Mon Dieu, faites que ce soit vrai. Faites qu'un enfant à moitié Nathan, à moitié moi et entièrement lui grandisse dans mon ventre.
    Je n'avais jamais eu mes règles, enfin ! Mais... le surnaturel faisait partie intégrante de ma vie, après tout.
    Mais je VOULAIS ce bébé. Je me surpris à espérer qu'il existait, là, à espérer qu'il ne s'agissait pas d'un rêve.
    Je n'aurais qu'à le faire passer pour l'enfant de Jacob. Lui et Nathan avaient les mêmes cheveux de jais, après tout.
    Non. Je me faisais des films. J'étais stérile. L'immortalité d'une femme était égale à sa stérilité. C'était un fait avéré.
    Mais n'avais-je pas bravé tous es mythes, ces derniers mois ? L'un des mythes les plus pratiqués, en plus : l'imprégnation.
    J'avais prouvé que ce n'était qu'une légende. Alors pourquoi pas ÇA aussi ?
    Et, tandis que je ne trouvais qu'à me ressasser, moi qui n'avait jamais été très branchée religion, '' Mon Dieu, pitié, faites que ce soit vrai, faites que ce soit vrai '', je n'imaginais pas que j'aurais un jour à regretter cette prière.
    Du moins pas encore.

    chapitre 40

    Confirmation




    "Le coeur a ses raisons que la raison ignore." Blaise Pascal un peu modifié puisque celle d'origine est "Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point". (merci !)


    Bizarrement, au lieu de m'en inquiéter, je me sentis revivre. La perspective de n'avoir pas tout perdu, d'avoir une part de Nathan en moi me rassérénait et me redonnait goût à la vie.
    Je me demandai parfois si les autres l'avaient remarqué, et j'eus la réponse un matin, environ un mois avant le mariage.
    « Nessie ? Enfin, Renesmée. Tu... vas bien ?
    - Pourquoi cette question, Emmett ? J'ai l'air d'aller mal ? »
    J'étais étonnée. J'avais pourtant l'impression de donner une image de moi enjouée. Car j'étais enjouée. J'allais avoir un enfant de Nathan.
    Une envie de danser me prit. Je réfrénai mes ardeurs et scotchai mentalement mes pieds par terre. Danser ? N'importe quoi ! me morigénai-je.
    « Justement. Tu as l'air trop... heureuse. Je sais ce que tu as traversé avec... LUI. Ce n'est pas normal. Cela ne correspond pas à l'état d'esprit que tu devrais avoir. »
    Je décidai de jouer la carte du mensonge.
    « Mais je SUIS heureuse. Je vais épouser Jacob, et cela me rend très heureuse, voilà tout.
    - Tu ne peux pas me mentir, Renesmée Carlie Cullen. Pas à moi. »
    Je soupirai. A quoi bon ?
    Mais cela ne ferait que plus le persuader de me dissuader de l'idée de me marier avec Jake.
    Oh, et puis tant pis, songeai-je. Il ne le dira à personne, je lui fais confiance.
    « Je... »
    J'inhalai un grand coup.
    « Je suis... enceinte. » annonçai-je dans un murmure qui était quasiment inaudible, même pour un vampire.
    Son visage se décomposa et, chose curieuse pour son espèce, il devint tout rouge.
    « Qu... quoi ???
    - Tu as très bien compris.
    - Mais c'est impossible !
    - Apparemment si, rétorquai-je, narquoise.
    - De Jacob ?
    - Mais non, banane ! Je n'ai pas... enfin, tu vois, avec Jacob. Manquerait plus que ça, d'ailleurs. Jacob ! – je secouai la tête –.
    - De NATHAN ???
    - Chut ! Ce n'est pas la peine de crier, combien de fois devrais-je te le répéter ? »
    Il avait hurlé son prénom.
    « Mais qu'est-ce que l'on va faire ?
    - Qu'est que JE vais faire ? rectifiai-je. Rien. Je vais épouser Jake, et je dirais que c'est le sien.
    - Un bébé vraiment prématuré, marmonna-t-il, puis, plus haut : Il faut au moins prévenir Carlisle. Tu as besoin d'être suivie, et ce dès avant le mariage.
    - N'importe quoi !
    - Il gardera le secret, Nessie.
    - Renesmée.
    - On va faire un compromis. Que dis-tu de Ness ? »
    Mon cœur se fendit à l'écoute du surnom. J'acquiesçai.
    « Donc, Ness. Il est tenu au secret professionnel, tu sais. Même au sein de sa propre famille. Et puis il t'aime, lui aussi. Il n'ira pas cafter à Jacob. »
    J'hochai la tête. De toute façon, je n'avais d'autre choix. Je voulais ce qu'il y avait de mieux pour mon bébé.
    « Tu veux vraiment le garder ?
    - Oui !
    - Je comprends. Il est le fruit de l'amour de Nathan et toi. »
    Ce n'était pas son genre d'être poétique, mais bon, ce n'était pas son genre non plus d'être sérieux, et pourtant il avait eu une tenue exemplaire, dans cette histoire.
    « Oui. Mais comment je vais lui dire ? C'est mon grand-père. J'ai peur qu'il ne me juge, ajoutai-je en gémissant.
    - Ce qu'il ne fera pas. Comme tu le dis si bien, c'est ton grand-père. Allez, viens, ma puce. Dans quel pétrin tu t'es fourrée, quand même !!? »
    Pour seule réponse, je n'en gémis que plus.
    Nous nous dirigeâmes ensemble vers le bureau de Carlisle. Je toquai à la porte, trois coups timides et réservés.
    « Entrez !? »
    Il était là, assis sur sa chaise, gentil vampire perdu à l'intérieur de murs couverts de tableaux familiers. Trop familiers. Je ne me sentais tout d'un coup pas très à l'aise.
    « Qu'est-ce qui se passe ?
    - On a... un problème, commença Emmett.
    - PAS un PROBLEME, le coupai-je, furieuse que l'on puisse qualifier MON bébé de problème. Disons que l'on a besoin de toi, Carlisle.
    - Comment ça ?
    - Ne pose pas trop de questions, d'accord ? Accepte juste... quelque chose. Et n'en parle à absolument personne. Tu promets ? »
    Il hésita, un peu déstabilisé.
    « Je te fais confiance, alors on va dire que oui.
    - Oui quoi ?
    - Oui, je promets de n'en parler à absolument personne.
    - Voilà. »
    J'inspirai profondément.
    « Ce que je vais te dire est carrément impossible à admettre, mais vrai. Alors ne perd pas ton temps avec des ''Ce n'est pas possible''. Car c'est possible. J'en suis la preuve.
    - Je t'écoute. »
    Nouvelle inspiration.
    « J'attends... j'attends un enfant.
    - Oh... mon... Dieu. De Jacob ?
    - Justement non. C'est pour ça que tu dois garder ça pour toi. J'ai juste besoin d'un médecin. Pas de mon grand-père qui me fait des sermons. Juste un médecin.
    - Tu as raison. Je ne veux pas savoir. Tu es assez âgée pour garder ta.... vie privée – il se racla la gorge et je souris – Donc. Je peux peut-être... Attends. »
    Il enfouit sa tête dans un placard et en sortit en brandissant un gros appareil et tous ses accessoires.
    « Euh, Carlisle ?
    - On va te faire une échographie ! »
    Il s'approcha de moi, m'assit sur une chaise et releva ma chemise.
    « Attention, ça va être un peu froid.
    - Brrr. Effectivement, c'est froid.
    - Regarde ! »
    Oh ! Sur l'écran grisâtre, on distinguait une petite forme. Un son retentit. Le plus beau son que j'ai jamais entendu.
    « C'est son cœur. Mais ! Oh !
    - Quoi ? Il y a un problème ? »
    Je m'affolai aussitôt, imaginant les pires scénarios. Etait-il mort ?
    « Aucun, ma chérie... Ils sont en parfaite santé.
    - SONT ?
    - Oui. Tu attends des jumeaux, Renesmée. »
    Han ! Sous le choc, je ne trouvai rien d'autre à dire. Des JUMEAUX ?
    « Deux... deux bébés ?
    - Oui. Ce qui est étrange, c'est qu'ils m'ont l'air tout aussi humain que ceux que j'ausculte à l'hôpital.
    - Tu... »
    J'avais du mal à parler. Je regardai l'air ébahi mais heureux d'Emmett. Mais je n'avais qu'une question à poser.
    Une question dont j'avais l'impression que ma vie en dépendait.
    « Oui ? s'enquit-il poliment.
    - Tu crois... Tu crois qu'ils vont... vivre ? »
    Il se détourna du moniteur pour me fixer, l'air incertain et désorienté.
    « Je ne sais pas, mon ange. Je ne sais pas.
    chapitre 41

    Dissimulation

    Dissimulation
    "Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie. " André Malraux

    « Ecoute, je t'ai dit que je ne voulais pas savoir, mais... Qui ? »
    Nous étions assis dans le bureau de Carlisle, répartis autour, le séant posé sur diverses chaises. Je regardai le magnifique visage pâle de mon grand-père.
    « Ecoute, Carlisle... »
    Il soupira et m'adressa une moue fatiguée et lasse.
    « Non, toi, écoute. Je sais que je t'ai promis de ne pas te sermonner, mais franchement, Renesmée Carlie Cullen ! Toi en... femme adultère ??? Je n'aurais jamais cru ça de toi. Oh non ! Ne pleure pas ! »
    Trop tard. On aurait dit les chutes du Niagara. Emmett intervint.
    « Arrête... Papa. »
    Qu'Emmett appelle Carlisle Papa ne se faisait que dans les cas de grands bouleversements. Cela m'étonna qu'il le fasse maintenant.
    Mais peut-être que ce qui était pour moi la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma vie, deux bébés avec des gênes de Nathan, était qualifié de grand bouleversement par les personnes qui voyait ça de l'extérieur, les personnes qui ne comprenaient pas à quel point c'était merveilleux que ces deux petits êtres grandissent en moi.
    « Elle est enceinte. Tu te rappelles Bella ? Les femmes enceintes pleurent pour un oui ou pour un nom. Tu devrais le savoir, le morigéna-t-il.
    - Mouais, marmonna le médecin. Tu devrais quand même en parler. Au moins à tes parents. Ils ont le droit d'être au courant, se justifia-t-il en voyant ma moue indignée.
    - Je sais, mais... »
    Ma mère était la meilleure amie de Jacob. Elle lui en parlerait, forcément. Au moins par égard pour cette amitié.
    Et puis... J'avais peur. Car après tout, j'avais... trompé Jacob. Quoique trompé n'était pas exactement le bon terme. Mais en fait, en réfléchissant bien, si, c'était le bon terme.
    Je réalisais pour la première fois que j'avais commis un adultère. Mais ce mot me faisait mal, je trouvais qu'il ne rendait pas vraiment justice à ce que j'avais... fait avec Nathan, ne définissant pas bien la... Il n'y avait pas de mot pour cela.
    De plus, je ne ressentais aucune culpabilité. Ni de honte. Et j'avais honte de ne ressentir aucune honte. Trop de et, beaucoup trop.
    Trop de raisons me poussait à ne pas lui en parler.
    Evidemment, elle aussi avait connu le problème du triangle amoureux, comme on dit, mais elle c'était différent, elle aimait les deux d'amour. Moi non. J'allais épouser le... mauvais, tout ça pour quoi ? Pour faire ce que l'on attendait de moi, garder ma vie bien rangée, par peur des conséquences.
    Et même si je savais que mon bonheur était en jeu, j'allais faire un acte qui me dégoûtait en épousant Jake.
    Et mon père était incapable de cacher quelque chose à ma mère. Il l'aimait trop. Cela pouvait parfois être très handicapant. Pour moi, du moins.
    Je résumais toutes ces contradictions en quelques mots à l'intention de Carlisle.
    « Ils ne comprendraient pas. Même toi, tu ne comprends pas.
    - Je voudrais juste avoir QUI. Un humain, un vampire, j'en sais rien, moi. Pour savoir ce que... donneront ces... bébés. »
    Il avait tiqué sur le mot. Je le fixai, trop furieuse pour parler. Il en parlait comme si MES enfants étaient des choses. Il le remarqua.
    « Renesmée, calme-toi. Je ne voulais pas te vexer. Mais arrête de tourner autour du pot. QUI ??? »
    Je ne répondis pas. C'était ma vie privée.
    Emmett le fit à ma place. Je le gratifiai d'un regard furibond.
    « Quoi ? Il aurait fini par savoir, de toute façon.
    - Bien sûr que non, sifflai-je. J'aurais fermé mon clapet et gardé ça pour moi. Mais pourquoi je te l'ai dit ??? »
    Bien que ça soit une question purement rhétorique, il répondit quand même.
    « Parce que je l'ai surpris dans ta chambre.
    - QUOI ??? »
    Carlisle venait de daigner réagir. A l'annonce du nom, il s'était figé.
    « Trop longue histoire, lui lançai-je distraitement. Bref, oui, c'est lui. »
    Nouveau regard noir à l'intention d'Emmett.
    « Un humain ? »
    J'ignorai sa question. Mensonge par omission. Je ne tenais pas à raconter l'histoire de Nathan à ma famille. Emmett opina, encore une fois à ma place.
    Le lendemain, je retournai au lycée, le cœur encore plus gonflé d'amour.
    Le midi, quand Alice évoqua l'idée d'une grande réception pour le mariage, j'hochai la tête sans vraiment l'écouter, et une fille appelée Lucie s'exclama :
    « Mais pas d'alcool pour la mariée ?
    - Pourquoi donc ? m'enquis-je poliment.
    - Eh bien, dans ton état... »
    Elle pouffa, et je mentis encore une fois en demandant :
    « Quel état ?
    - Tu sais très bien... »
    Elle fit un clin d'œil en regardant mon ventre et je soupirai. Elle ne savait pas à quel point elle avait raison.
    Le cours de techno me déprima autant que d'habitude, avec la place de Nathan encore et toujours inoccupée, à mon plus grand désespoir.
    La semaine passa rapidement, et savoir la date fatidique de mon mariage à seulement trois semaines me nouait l'estomac.
    Je ne grossis pas trop, ce qui m'allait très bien. Un soir, je me postai devant un grand miroir, histoire de m'en assurer, et, même complètement nue, seule ma vision vampirique me permettait de repérer la petite bosse au bas de mon ventre.
    Emmett me suivait partout, prenant son rôle de protecteur très au sérieux. Jacob me délaissait de plus en plus, et parfois, quand je l'observai, mon cœur se brisait à la pensée d'en faire le père de mes enfants.
    Les semaines passèrent rapidement, pour une fois. Trop rapidement.
    Quand j'ouvris mon cahier de textes, à la fin d'un cours, et que je vis la date, je me rendis compte que mon mariage était dans quelques jours.
    Une boule se noua dans ma gorge.
    Voulais-je vraiment de Jacob pour mari ?



    et voila c est fini
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